Ce qu'elles disent - Miriam Toews

Ce qu'elles disent - Miriam Toews

Présentation
Colonie mennonite de Molotschna, 2009.
Alors que les hommes sont partis à la ville, huit femmes - grands-mères, mères et jeunes filles - tiennent une réunion secrète dans un grenier à foin. Depuis quatre ans, nombre d'entre elles sont retrouvées, à l'aube, inconscientes, rouées de coups et violées. Pour ces chrétiens baptistes qui vivent coupés du monde, l'explication est évidente, c'est le diable qui est à l'œuvre. Mais les femmes, elles, le savent : elles sont victimes de la folie des hommes. Elles ont quarante-huit heures pour reprendre leur destin en main. Quarante-huit heures pour parler de ce qu'elles ont vécu, et de ce qu'elles veulent désormais vivre. Analphabètes, elles parlent un obscur dialecte, et ignorent tout du monde extérieur.

Pourtant, au fil des pages de ce roman qui retranscrit les minutes de leur assemblée, leurs questions, leur rage, leurs aspirations se révèlent être celles de toutes les femmes.

Avis
Histoire vraie romancée Ce qu'elles disent m'a profondément attristée et choquée. L'auteure donne la voix à huit femmes de tous âges vivant dans une colonie mennonite de Bolivie; elles ont toutes subies à plusieurs reprises un viol. Un viol planifié, organisé par plusieurs hommes de la colonie. Ces tyrans endormaient leurs victimes avant d'abuser d'elles et de les laisser inconscientes, la plus jeune d'entre elles avait moins de cinq ans.
Cet ouvrage n'est pas une révolte contre le viol mais contre une éducation qui prône le pardon plutôt que la punition, même si leur religion leur enseigne la non-violence elles savent très bien que ces atrocités ne sont pas l'œuvre du diable mais de leurs voisins, frères, pères et cousins. Il est question de la condition de la femme dans ces colonies archaïques où elles se retrouvent analphabètes et enfermées dans leur religion.

Ces femmes ont quarante huit heures pour décider de leur avenir, avant que les bourreaux ne soient remis en liberté sous caution. Faut-il pardonner et continuer à vivre auprès d'eux? Faut-il partir, quitter la colonie? Il y aura de vifs échanges entre ces huit femmes aux caractères si différents mais avec la même volonté d'aller de l'avant. Leur entrevue sera consignée par un homme et la décision sera prise après de nombreux débats autour de la religion et de ce qui est bon de faire pour les siens et pour ne pas s'attirer les foudres de Dieu.
On assiste à une libération, un épanouissement et surtout à une volonté de fer de la part de femmes quasiment soumises aux décisions de leur mari. Et ce qui m'a le plus touchée est ce désir de protéger à tout prix les enfants et ce rapprochement entre femmes meurtries.
Ce récit montre tout le courage dont peu faire preuve un être pour sa survie, ces femmes notamment qui ne connaissent rien du monde au-delà de leur colonie préfèrent s'y perdre que de rester. Je pense qu'il n'y a rien de plus à dire sur ces femmes.
La narration par contre est un peu lourde parfois mais l'intérêt pour un tel sujet permet de passer outre.