Éditions de Fallois, 2008 (280 pages)
Ma note : 15/20Quatrième de couverture ...
Au village des Bastides Blanches, on hait ceux de Crespin. C'est pourquoi lorsque Jean Cadoret, le Bossu, s'installe à la ferme des Romarins, on ne lui parle pas de la source cachée. Ce qui facilite les manœuvres des Soubeyran, le Papet et son neveu Ugolin, qui veulent lui racheter son domaine à bas prix...Jean de Florette (1962), premier volume de L'Eau des collines, marque, trente ans après Pirouettes, le retour de Pagnol au roman. C'est l'épopée de l'eau nourricière sans laquelle rien n'est possible.
Marcel Pagnol y développe l'histoire du père de Manon, évoquée sous forme de flash-back dans le film Manon des sources (1952). Les dialogues sont savoureux, et la prose aussi limpide que dans les Souvenirs d'enfance. Quant au Papet et à Ugolin, à la fois drôles et terrifiants, ils sont parmi les créations les plus complexes de Pagnol.
La première phrase
" Les Bastides Blanches, c'était une paroisse de cent cinquante habitants, perchée sur la proue de l'un des derniers contreforts du massif de l'Étoile, à deux lieues d'Aubagne... "
Mon avis ...
Au village des Bastides, Ugolin Soubeyran nourrit un projet : faire une plantation d'œillets, produit qui lui rapporterait bien plus que les pois chiches qu'il fait pousser dans ses champs. Et quoi de mieux que de racheter le terrain du vieux Pique-Bouffigue, situé dans les collines provençales mais surtout alimenté par une source ? Les plans d'Ugolin risquent bien de tomber à l'eau lorsque Jean de Florette (nommé ainsi car il est le fils de Florette) vient réclamer son dû : reçu en héritage, il compte bien s'installer sur ce terrain avec femme et enfant. Bossu, citadin et neveu de Pique-Bouffigue, Jean de Florette a en tête des projets agricoles bien ambitieux, soumis au bon vouloir de la météo. Ugolin et le Papet sont bien décidés à lui mettre des bâtons dans les roues pour récupérer la ferme...
Premier tome de L'eau des collines, Jean de Florette est l'un de ces romans au charme suranné, au parfum dépaysant. Les descriptions des grandes chaleurs, l'humour de Pagnol ou encore des dialogues savoureux ont fait que j'ai passé un bon moment en compagnie de ce livre. Je souhaitais découvrir la plume de Marcel Pagnol depuis si longtemps ! Comme beaucoup d'entre vous, j'avais en effet en tête les films La gloire de mon père et Le château de ma mère. Je ne regrette pas d'avoir sauté le pas en plein cœur de l'été.
Marcel Pagnol n'est pas un auteur "classique" à craindre tant son écriture est accessible. J'ai découvert une plume sensible, et drôle. On sent que Pagnol aime ses personnages, avec leurs qualités et leurs défauts. Il se dégage de son écriture un amour de la nature et de l'être humain. Je crois que c'est ce qui m'a le plus touchée. Ce roman nous rappelle certaines choses essentielles : le bonheur d'être en famille, le goût de l'effort pour pouvoir ensuite savourer la joie du travail bien fait, la confiance en soi, le rappel que nos ancêtres (souvent cultivateurs) n'étaient rien sans l'eau nourricière. Une belle découverte !
Là où je m'attendais à une intrigue toute légère, il n'en est rien cependant. Les personnages sont parfois malmenés. Le final est tragique. J'ai ressenti beaucoup d'empathie pour Jean de Florette, Aimée (son épouse), et leur fille. Il me tarde maintenant de lire la suite : Manon des sources, afin de connaître le fin mot de l'intrigue.
Extraits ...
" Au fond d'un vallon des collines, à trois cents mètres de Massacan, il habitait l'antique bastide où il était né, cernée par la pinède, le silence de la solitude, l'odeur de la résine, et le parfum des romarins. "
" Tu comprends, s'ils avaient bu l'eau de la citerne, c'est sûr qu'ils seraient morts tous les trois, et moi ça m'aurait embêté. D'avoir bouché la source, c'est pas criminel : c'est pour les œillets. Mais si, à cause de ça, il y avait des morts, eh bien peut-être qu'après nous n'en parlerions pas, mais nous y penserions. "