1963. Après avoir arrêté ses études aux beaux-arts et un an avant de partir sous les drapeaux, Joaquim quitte l’Espagne et décide de se rendre en stop en Allemagne, un pays que beaucoup de ses compatriotes considèrent comme la terre promise. Ayant traversé la France en stop, il arrive à Francfort persuadé de rapidement trouver un travail. Hélas, la déconvenue est à la hauteur de ses espérances. Sans le sou, sans parler un mot d'allemand et avec un simple visa touristique, Joaquim erre d’auberge de jeunesse en auberge de jeunesse pour finalement échouer à Remsheid, une ville industrielle sans charme où il va s’installer pour plusieurs mois. Il y fera de belles rencontres, trouvera quelques jobs précaires et non déclarés pour gagner un peu d’argent et surtout, il pourra laisser libre cours à sa fibre artistique pour rendre son séjour bien moins sinistre que prévu.
Un récit totalement autobiographique qui révèle un pan méconnu de l’Espagne franquiste. L’exode allemand d’un million de travailleurs espagnols prend, sous les traits de Kim, les allures d’un hommage à une génération fuyant le joug de la dictature en quête de jours meilleurs. Bien sûr la désillusion sera grande et l’eldorado annoncé laissera à la plupart des exilés un goût amer mais, au-delà de la désillusion et des difficultés rencontrées, le dessinateur insiste surtout sur l’élan de fraternité ayant marqué son périple. Et au-delà de son propre cas, il préfère s’attarder sur le sort de quelques camarades d’infortune dont les trajectoires lui semblent bien plus intéressantes que la sienne. Comme par exemple ce travesti ayant dû fuir le cabaret de la Costa Brava où il se produisait en raison de son homosexualité ou ce pauvre paysan illettré à qui il lit les lettres envoyées par sa femme restée au pays.
Un roman graphique d’apparence touffu mais qui se lit avec fluidité. Kim raconte sa propre histoire sans effet de manche, sans tirer la couverture à lui, avec une modestie et une pudeur remarquables. Le récit déborde d’humanité et de tendresse sans jamais tomber dans le moindre misérabilisme. Une totale réussite.
Un rêve d’ailleurs de Kim. Editions du Long Bec, 2019. 200 pages. 22,00 euros.
Un récit totalement autobiographique qui révèle un pan méconnu de l’Espagne franquiste. L’exode allemand d’un million de travailleurs espagnols prend, sous les traits de Kim, les allures d’un hommage à une génération fuyant le joug de la dictature en quête de jours meilleurs. Bien sûr la désillusion sera grande et l’eldorado annoncé laissera à la plupart des exilés un goût amer mais, au-delà de la désillusion et des difficultés rencontrées, le dessinateur insiste surtout sur l’élan de fraternité ayant marqué son périple. Et au-delà de son propre cas, il préfère s’attarder sur le sort de quelques camarades d’infortune dont les trajectoires lui semblent bien plus intéressantes que la sienne. Comme par exemple ce travesti ayant dû fuir le cabaret de la Costa Brava où il se produisait en raison de son homosexualité ou ce pauvre paysan illettré à qui il lit les lettres envoyées par sa femme restée au pays.
Un roman graphique d’apparence touffu mais qui se lit avec fluidité. Kim raconte sa propre histoire sans effet de manche, sans tirer la couverture à lui, avec une modestie et une pudeur remarquables. Le récit déborde d’humanité et de tendresse sans jamais tomber dans le moindre misérabilisme. Une totale réussite.
Un rêve d’ailleurs de Kim. Editions du Long Bec, 2019. 200 pages. 22,00 euros.