Toni Morrison. (c) François Guillot/AFP.
On savait Toni Morrison malade depuis quelque temps. La triste nouvelle de son décès, le 5 août, à l'âge de 88 ans, au Montefiore Medical Center de New York, vient de tomber par un communiqué de sa famille ("Toni Morrison est décédée paisiblement la nuit dernière, entourée de sa famille et de ses amis") et par un tweet de son éditeur Alfred A. Knopf. L'écrivaine afro-américaine était née Chloé Ardella Wofford le 18 février 1931 à Lorain dans l'Ohio (USA) dans une famille ouvrière de quatre enfants. Romancière, professeure de littérature et éditrice américaine, elle a été lauréate du Prix Pulitzer en 1988 pour "Beloved", et, surtout, en 1993, l'année qui suit la publication de "Jazz", la huitième femme et la seule auteure afro-américaine à recevoir le prix Nobel de littérature.
Son œuvre magnifique, parfois complexe d'approche, d'une générosité et d'une inventivité folles, a rendu aux Afro-Américains leur passé et leur mémoire, pas seulement leurs souffrances mais aussi leurs richesses. Toni Morrison avait une langue travaillée, rythmée, ancrée dans les mythes, jouant l'humour ou le mystère, attentive à la justice et aux droits humains, d'une beauté subjuguante et d'un romanesque parfait. Elle a été superbement traduite en français, par Christine Laferrière notamment et publiée essentiellement chez Christian Bourgois.
Toni Morrisson à Vincennes en 2012.
(c) Frédéric Guina.
Mais les débuts n'ont pas été faciles. Son premier roman, "L'Œil le plus bleu" (traduction nouvelle de Jean Guiloineau, Christian Bourgois, 1994) touchante histoire d’une petite fille noire qui rêve de ressembler à Shirley Temple, paraît aux Etats-Unis en 1970. Le second, "Sula", est sélectionné pour le National Book Award. C'est avec son troisième roman, sorti en 1977, "Le Chant de Salomon" (traduit de l'américain par Jean Guiloineau, 472 pages, Christian Bourgois), ample saga sur le retour au Sud et aux racines couronnée par le National Book Critic Circle Award, que Toni Morrison accède à la célébrité.
Toni Morrison l'an dernier. (c) Pascal Lemaître.
Et "Entre vos mains", illustré par Pascal Lemaître (traduit par Benoîte Dauvergne, L'Aube, 2018), le discours qu'elle a prononcé au moment de recevoir le Prix Nobel à Stockholm.
Aussi "Tout ce qu'il faut savoir sur les méchants" (Milan Jeunesse, 2007) et "Ma liberté à moi" (Gallimard, 2003)