AUTEUR: Rey Terciero et Bre Indigo
TITRE: LES 4 SŒURS MARCH
ÉDITEUR, ANNÉE: Jungle, 2019
NOMBRE DE PAGES: 252 pages.
Pour le jour de mon anniversaire, on m’a offert un roman graphique que je désirais lire. L’une des principales raisons est qu’il est la réécriture d’un classique qui a marqué mon enfance. Je débute donc mes lectures de vacances avec » Les 4 soeurs March » de Rey Terciero et Bre Indigo. Vais-je aimer cette version moderne ?
Résumé:
Leur père étant en intervention militaire et leur mère faisant des heures supp’ à l’hôpital pour subvenir aux besoins de la famille, les quatre sœurs March doivent compter essentiellement sur elles-mêmes. Entre les prises de bec du quotidien et les problèmes à l’école, elles se découvrent peu à peu.
Alors qu’elles tombent amoureuses ou qu’elles luttent pour leurs droits, il y a une chose que les quatre sœurs continuent de croire : elles seront toujours là les unes pour les autres.
Suivez Meg, Jo, Beth et Amy, quatre jeunes new-yorkaises qui se découvrent et réalisent leurs rêves.
Je me souviens encore comment j’ai fait la connaissance de Meg, Joe, Beth et Amy… C’était avec la série animée du même nom, « Les quatre filles du docteur March » dans l’émission « Youpi ! L’école est finie » (le poids des années vient de s’écrouler sur mes pauvres épaules). Bien qu’il reprenne la trame du roman, quelques modifications furent apportées (présence de nouveaux personnages et un destin tout autre pour Jo). J’adorais cet animé, au point que, lorsque j’ai découvert sur les étagères de ma bibliothèque de quartier, le roman de Louisa May Alcott, je ne pouvais pas passer à côté. C’est devenu ma « petite madeleine de Proust » de ce fameux été qui a précédé mon entrée en 6ème. Vous comprenez donc l’affectif que j’ai pour ce roman et qu’il est fort probable que « ma nostalgie » avait voulu influencer ma lecture.
Transposant l’histoire des sœurs March, à nos jours et au sein d’une famille métissée, ce roman graphique offre une belle touche de modernité à ce classique de la littérature américaine.
Et afin d’apprendre un peu plus sur les jeunes filles et leur quotidien, nous avons des passages composés de mails, photos envoyées à leur père militaire absent et d’extraits de journaux intimes. Tout est bien rythmé et côté dessin, j’ai vraiment accroché au style de l’illustratrice. C’est coloré, dynamique et on se laisse très vite emporter au fil des pages.
Je vous avoue, au début de ma lecture, avoir recherché toutes les situations qui me renvoyaient au roman et d’y faire la comparaison. Ma nostalgie était en lutte avec la lectrice qui prenait plaisir à découvrir sous un autre regard ses 4 jeunes filles. C’était assez déconcertant d’avoir cette petite voix qui vous dit « oui, mais dans le roman, ce n’est pas comme cela » et une autre, exaspérée qui réplique « c’est une interprétation moderne ! Pas un copie/collé du livre, bon sang! »
Hum… Attendez… Je suis en train de vous avouer que j’entends des voix ? Bon, ce n’est pas grave. Je ne suis plus à une bizarrerie près !
Cela est sûrement dû à des scènes célèbres du roman modernisées, suivies par celles créer de toutes pièces. Bref ! Cette petite confrontation s’est atténuée au fil des pages pour enfin se stopper à une case où j’ai retenu mon souffle. Ce fut à cet instant que j’ai compris m’être attachée à cette nouvelle version des 4 sœurs March. Ma nostalgie s’était enfin apaisée.
Quant aux thèmes plus actuels mis en place au sein du récit, ils donnent une évolution très pertinente pour certains des personnages, mais aussi pour nous mettre face à certaines situations dramatiques (le cancer), de préjugés à combattre (racisme) et des droits à défendre (l’homosexualité, le féminisme).
Bien sûr, j’aurais aimé que certains des sujets justes et apportant une diversité plus que nécessaire, soient traités avec plus de profondeur:
– Ce qui est le cas avec la benjamine, Amy. Dans le roman, elle n’appréciait pas son nez qu’elle ne trouvait pas assez « aristocrate », alors qu’au sein de cette adaptation, il devient la cause d’insulte raciste de la part de camarades de classe. J’ai trouvé assez dommage que la situation se règle trop vite (au contraire du coming-out de l’une des sœurs qui fut, pour moi, bien mieux aborder).
Conclusion:
Ma « nostalgie » pour le roman de Louisa May Alcott était là, sur le qui-vive, prête à juger si elle se sentait bafouer. Mais une petite voix pleine de sagesse lui a montré que les soeurs March pour qui je portais une affection sincère étaient les mêmes. Et que leur histoire s’est enrichie par la diversité qu’il lui a été apporté tout en offrant plus de choix pour l’avenir de chacune (la dernière scène est tout un symbole).
Pré-ado avant, adulte aujourd’hui, j’ai été touché par les mêmes sentiments à la lecture du roman et de l’adaptation: rire, crainte, tristesse, joie… Bref ! J’ai aimé cette adaptation et j’espère qu’une nouvelle jeune génération de lecteurs se prendront d’affection pour ses sœurs.
Je vous invite donc à lire (ou relire) le roman, en plus de cette adaptation moderne… Et puis aussi de réécouter ce générique qui a marqué mon enfance