Éditions Le livre de poche, 1989 (218 pages)
Ma note : 13/20Quatrième de couverture ...
Le Nord de la France, noyé dans les brumes, ignorait le Sud. Alphonse Daudet le lui fit découvrir par ses Lettres de mon moulin. La Provence, celle de la mer et celle de la montagne, est apparue soudain avec ses troupeaux, ses belles Arlésiennes et ses parfums. Un siècle plus tard, maître Cornille et son secret, la mule du pape qui retient son coup de pied, le curé de Cucugnan, le sous-préfet aux champs, tous ses personnages vivent encore avec la même intensité.
Tristes ou gais, mélancoliques ou satiriques, ces petits textes sont des chefs-d'œuvre de malice, de poésie et d'émotion.
La première phrase
" Ce sont les lapins qui ont été étonnés !... Depuis si longtemps qu'ils voyaient la porte du moulin fermée, les murs et la plate-forme envahis par les herbes, ils avaient fini par croire que la race des meuniers était éteinte, et, trouvant la place bonne, ils en avaient fait quelque chose comme un quartier général, un centre d'opérations stratégiques : le moulin de Jemmapes des lapins... "
Mon avis ...
Cet été, plus que tout, je me replonge dans certains récits lus lorsque j'étais enfant. Et ça fait un bien fou ! Après avoir trouvé un Alice Détective dans une boîte à livres, j'ai eu la chance de découvrir une ancienne édition des Lettres de mon moulin (je trouve d'ailleurs sa couverture sublime). Et quel bonheur de redécouvrir La chèvre de Monsieur Seguin, Le curé de Cucugnan ou encore La mule du pape. Avec un regard adulte (cette fois-ci), j'ai également réussi à apprécier d'autres textes : Le secret de maître Cornille, mais aussi L'Arlésienne (le célèbre opéra s'est d'ailleurs inspiré du récit de Daudet, je l'ignorais totalement ne connaissant pas cette nouvelle).
En lisant Alphonse Daudet, j'ai adoré sentir le parfum de la Provence, apprécier son amour de la nature et des animaux qui peuplent la campagne. Les portraits humains (les personnages décrits sont souvent des paysans, des fermiers ou encore des douaniers) ne sont pas en reste. On se rend compte combien la vie d'alors (et celle de nos ancêtres donc) pouvait être difficile... J'ai trouvé certaines phrases de l'auteur pour le moins touchantes, mais certains dénouements se font tristes, mélancoliques. J'avais l'impression de voir tous ces personnages évoluer sous mes yeux. C'était à la fois émouvant et parfois difficile (quand il était question de pauvreté, de solitude). Ces nouvelles se lisent cependant d'une traite, tant la plume d'Alphonse Daudet est entraînante.
Je n'avais pas lu de nouvelles depuis 2017. Le problème est que j'ai souvent du mal à éprouver le coup de cœur tant attendu tant les textes proposés sont souvent inégaux. Et c'est exactement ce que j'ai ressenti en lisant les Lettres de mon moulin. Si j'ai adoré les récits cités ci-dessus, beaucoup d'autres ne me resteront pas en mémoire. Notons que ce recueil comprend tout de même près d' une vingtaine de nouvelles. J'ai malgré tout passé un bon moment en compagnie de cet écrit, et je suis ravie d'avoir retrouvé certaines nouvelles déjà lues lorsque j'étais petite ( La chèvre de Monsieur Seguin en tête !).
Extraits ...
(Installation) " Quelqu'un de très étonné aussi, en me voyant, c'est le locataire du premier, un vieux hibou sinistre, à tête de penseur, qui habite le moulin depuis plus de vingt ans. Je l'ai trouvé dans la chambre du haut, immobile et droit sur l'arbre de couche, au milieu du plâtras, des tuiles tombées. Il m'a regardé un moment avec son œil rond; puis, tout effaré de ne pas me reconnaître, il s'est mis à faire : "Hou ! hou !" et à secouer péniblement ses ailes grises de poussière [...] C'est de là que je vous écris, ma porte grande ouverte, au bon soleil. "