Le récit alterne les souvenirs du passé et le présent de la prison avec son co-détenu Horton, Hells Angels meurtrier au verbe fleuri. Un passé comme autant d’étapes ayant balisé le chemin de Paul jusqu’à cette cellule sordide où les jours s’écoulent tristement.
Jean-Paul Dubois déploie son histoire avec l’incomparable talent de conteur qui le caractérise. Il y a dans son écriture une élégance, une forme de nonchalance très travaillée au charme indéfinissable. C’est tantôt espiègle, tantôt grave, parfois teinté d’une douce ironie ou d’une tendre mélancolie, toujours plein d’esprit. Une fois encore il se plait à mettre en scène un homme seul, un homme simple et sans histoire. Un homme qui s’appelle forcément Paul (tous ses héros s’appellent Paul), qui a forcément une relation particulière avec son père, qui possède forcément un chien et qui est forcément plein d’interrogations sur le sens de sa vie et des événements qui l’ont mené là où il en est. Et comme toujours il dresse sans misérabilisme le portrait d’un type attachant que l’on accompagne pour un bout de chemin et que l’on quitte à regret.
Jean-Paul Dubois signe un roman dans la veine de La succession, privilégiant la gravité à l’humour noir typique de ses premières œuvres. Mais contrairement à La succession le ton est ici moins résigné, plus positif, sans pour autant tomber dans un optimisme béat. Un roman plein d’humanité, de pudeur et de nostalgie. Du Dubois pur jus quoi.
Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon de Jean-Paul Dubois. L’Olivier, 2019. 250 pages. 19,00 euros.