Ce mois-ci, grâce au Reading Classics Challenge de Lilly & Books, je me suis lancée dans la lecture de Crime et Châtiment de Dostoïevski. J'avais déjà fait connaissance avec la plume de cet auteur russe, au cours de mes études : j'avais lu Le Double. Il ne m'a pas autant marquée que les autres textes lus dans le cadre de cette thématique ( Le Portrait de Dorian Gray que j'avais adoré, Les Elixirs du diable et La Méprise de Nabokov).
Ce roman de plus de 650 pages a beaucoup joué avec mes nerfs. Je l'ai d'abord trouvé, il me faut vous l'avouer, long et ennuyeux, d'autant que cette manie russe de donner, à chaque fois que l'on parle de quelqu'un, ses trois noms rend le style lui-même un peu lourd. Cela manque d'action, le personnage principal manque de dynamisme et d'assurance, j'ai vraiment cru que j'allais abandonner, mais je tenais tellement à connaître cette histoire que je me suis accrochée, et tant mieux. A partir de l'entrée en scène d'autres personnages (Razoumikhine, Dounia, la mère, Svidrigaïlov, Catherine Ivanovna et Sonia), le roman prend une autre dimension. C'est par l'intervention de tous ces êtres que le héros, Raskolnikov, prend son épaisseur et gagne en intérêt.
Le synopsis de ce roman, on le devine avec le titre : il s'agit d'un étudiant désargenté qui, par dépit, va se laisser aller au vol et au meurtre. S'il n'est pas arrêté tout de suite (c'est bien là tout l'enjeu du texte), son châtiment commence avant la moindre décision de justice. Raskolnikov doit vivre avec ce qu'il a fait et on ne peut pas dire que cela soit une réussite. De maladies nerveuses en décisions constamment avortées, ce personnage n'a pas grand chose d'attachant. Il se montre certes souvent généreux, mais avec un tel mépris pour ceux qu'il aide, que cela en devient odieux. Il a une grande estime de lui-même et manque cruellement d'assurance. Il ne parvient ni à regretter son geste, ni à en profiter. Quant à son attitude avec les amis qui l'entourent, malgré tout, elle est tout simplement détestable. Mais c'est là toute la force de ce récit, je me suis sentie absolument fascinée par les êtres les moins agréables (notamment le héros et Svidrigaïlov) alors que les autres me laissaient davantage de marbre (exceptions faites de Dounia dont la loyauté ne va pas sans un caractère fort et de Catherine Ivanovna dont le tempérament de feu m'a souvent fait sourire). En effet, Sonia, Razoumikhine, la mère du héros et de nombreux autres personnages m'ont semblé trop naïfs, trop purs pour être vraiment intéressants. Ce qui me fait dire que l'auteur s'ingénie à nous rendre aussi méprisants (voire méprisables) que son personnage principal : pour être exceptionnel, il faut être vicié...
Ce roman ressemble à une tragédie, mais une tragédie moderne et sans noblesse. Beaucoup de morts évidemment, mais aucune intervention divine, ni présence - selon moi - de destin qui s'acharne : les personnages choisissent leur sort et en paient les conséquences, même s'ils essaient d'oublier le plus souvent. Beaucoup de personnages positifs souffrent malgré leur bonté naturelle. Une seule petite nuance d'espérance apparaît dans l'épilogue et vient redonner un peu de couleur à cette réalité noircie par une plume acerbe mais que j'ai finalement trouvée addictive.
Et vous, connaissez-vous ce classique ? L'avez-vous lu jusqu'au bout ? Si oui, qu'en avez-vous pensé ? Dites-moi tout, cela m'intéresse !
Priscilla (@Priss0904, @litterapriscilla, Page Facebook)