Amaury DREHER a fait un beau travail journalistique pour nous présenter son récit. Il n'a pas eu peur de s'infiltrer dans la zone d'exclusion, à la suite de la catastrophe de Tchernobyl, dans la ville de Pripyat et ses alentours. Vrai, faux, à vous de voir.
Il nous décrit les lieux, précisément, qu'il a parcourus, son ressenti, ses doutes. Des rencontres intrigantes qu'il a faite. J'ai connu cet auteur (il m'a contacté) par l'intermédiaire de la plateforme SimPlementPro .
Opalescence : Le secret de Pripyat - Amaury DREHER
26 avril 1986, le printemps pointe son nez en Ukraine. La vie extérieure reprend après le long hiver. La catastrophe arrive aussi ce jour-là. Le réacteur N° 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explose.
Les autorités, la population, les pays voisins sous-estiment les conséquences. Quelques jours après, les habitants sont déplacés, pour quelques jours seulement selon l'administration, à bord de nombreux bus jaunes.
"Tu sais que le stress post-traumatique des évacuations a eu des conséquences aussi graves que la catastrophe elle-même."
Parmi les évacués, il y a un petit garçon de 8 ans qui part avec sa famille. Son papa travaille à la centrale et il comprend vite, lui, le grand danger. Catastrophe annoncée selon des lettres retrouvées. (P. 178)
Reviendront-ils ? Sans doute non.
32 ans après, ce petit garçon, y retourne pour des raisons journalistiques. C'est l'hiver. Il neige beaucoup et le vent est glacial.
Il retrouve la grande roue qui venait d'être installée dans le parc d'attractions de Pripyat. Elle ne verra personne monter dans ses nacelles jaunes.
"À cette époque d'avril 1986, j'attendais avec impatience l'ouverture de la foire qui était imminente."
Il veut revoir les endroits qui ont jalonné les premières années de sa vie : la piscine, l'immeuble où il habitait, le centre culturel, le cinéma ...
"On dit que l'environnement de notre enfance conditionne toute notre existence."
L'homme, qu'il est devenu, pourra-t-il fermer le livre de son enfance ?
La "zone" est interdite à toute présence humaine sauf des patrouilles militaires et des ouvriers qui travaillent encore sur la centrale. Qu'en est-il réellement ? Ne va-t-il pas être happé par une vie souterraine pas si déserte que cela ?
"La "zone" était devenue un semblant de parc d'attractions."
Le début des visites commence en 1990. Le dark Tourism, le tourisme noir, organise des visites payantes, malsaines.
Tchernobyl 32 ans après. Immersion !
Le livre est découpé en 2 parties avec de nombreux chapitres. Dans le prologue, la catastrophe est détaillée, la vie heureuse, avant, aussi. L'URSS tarde à prendre des mesures car elle n'évalue pas les dangers pour la population, les pays voisins. Ils sont abasourdis. Le 28 avril, les Suédois s'inquiètent.
"Cette centrale nucléaire composée de 4 réacteurs RBMK d'une puissance de 1000 mégawatts était la fierté de l'URSS."
Mon avis est aussi en 2 parties.
J'ai aimé en apprendre plus sur la catastrophe, et son côté "immersion" sur un site interdit. Il complète bien un reportage que nous avons vu récemment à la télévision. J'ai aimé le début du livre, la vie avant, l'existence du petit garçon et la catastrophe qui arrête tout.
Je n'ai pas été séduite par l'histoire et ne suis pas rentrée dans la "Zone" avec le garçon. Je ne me suis pas senti aux côtés des personnages (sauf de Yaroslava, babushka revenue vivre dans sa petite maison). Il y a des individus à connaître mais, ils ne sont pas assez développés. On ressent une certaine tension mais je n'ai pas trouvé le côté thriller. L'enfant avait 8 ans, à 32 ans il regarde la ville de son enfance avec détachement, j'aurais aimé que cette partie soit plus enrichie.
Tout est confus comme dans la tête du narrateur. À cause de l'environnement, des radiations ? Ou l'auteur veut instaurer le doute.
"..., j'étais bien conscient que mes troubles mémoriels s'étaient accentués."
La "Zone" le consume et lui fait perdre ses valeurs.
"La "Zone" m'avait rendu inconscient de mes actes tout en exacerbant ma propre violence."
J'ai remarqué quelques incohérences ou elles sont le fait du rayonnement. C'est un auteur autoédité, il n'a certainement pas un staff qui relie son livre et pointe les erreurs (Exemple : un personnage est annoncé mort et on le retrouve vivant 35 pages après //"Je les (gants) remplis de quelques pierres et les jetai dans la rivière en contrebas". Quelques pages plus loin "Distinguant mon allure tuméfiée et mes gants ensanglantés") ou des tournures bizarres (Exemple : les larmes me montèrent aux joues).
Le lien, entre les chapitres, n'est pas évident. Il y a aussi des nombreuses répétitions (Exemple : P. 83 Le réseau ferroviaire semblait vétuste ... rénové dans les années 90 - P. 83 Cependant, le chemin de fer paraissait en état de fonctionnement ... été entretenu au minimum).
Un livre très attrayant lorsque l'on s'intéresse à l'actualité, à cet événement et au lieu où cela s'est déroulé. L'auteur a fait un beau travail. Pour la partie suspense, thriller, je n'ai pas vu le rapport avec ces deux thèmes et je l'ai attendu jusqu'au dernier mot. Une raison de MA déception (il y a de nombreuses bonnes critiques).
D'autant plus sensible à cette catastrophe que des amis recevaient et sont toujours en contact avec des enfants venus d'Ukraine à la suite de ce désastre. L'association (non sponsorisé)
En résumé (avis très personnel) , à vous maintenant :
+ Le grand acteur de ce livre est la "Zone"
- Je n'ai pas trouvé le côté thriller annoncé
💜 6/10 Vous avez bien aimé (voir mes impressions)
Titre : Opalescence : Le secret de Pripyat (11 février 2019)
Nombre de page numérique : 249
Nombre de pages (papier) : 241
Prix : broché 11 € 98 /numérique 2 € 99
Ce livre vous tente, vous pouvez le trouver ICI (non sponsorisé)
Merci à l'auteur Amaury DREHER, à SimPlementPro pour cette proposition de lecture.
Catastrophe, Nucléaire, Aventure, exploration, radiation, Ukraine, Tchernobyl, pèlerinage, réfugié, exclusion, hiver, danger, angoisse, secret, énigmatique
"Alors que la Suisse était en état d'alerte, une présentatrice de la télévision française annonça sans réserve que le nuage radioactif n'avait pas pénétré le territoire et s'était déporté au niveau de la frontière allemande par un quelconque miracle météorologique." P. 20
"Contrairement à la croyance populaire, la zone d'exclusion est bel et bien habitée, et pas seulement par des Babushkas." P. 46
"Ces dernières années, la "Zone" s'était transformée en terrain de cache-cache entre les Stalkers et l'armée Ukrainienne." P. 58
"La "Zone" m'avait attiré jusqu'à elle et maintenant me conservait en son sein. À la manière d'une araignée, elle avait tissé sa toile, piégeant ma raison et mon jugement." P. 108
"Aujourd'hui le gouvernement ukrainien s'est engagé à nettoyer la "Zone" d'ici 2065." P. 129
Pour en savoir un peu plus :
Comme la vie des livres n'a pas de limite, je vous rappelle les chroniques faites il y a ... un certain temps. Vous avez lu ce (ou ces) livres ? Qu'en avez-vous pensé ?