Un drôle de roman, à la Guéraud. Les gens disparaissent, se volatilisent sous les yeux de nombreux témoins. Un gamin est le seul à voir ce qu’il se passe. Ce gamin est un pauvre gosse à la rue. Un pauvre gosse avec un chien, un pauvre amoureux fou. Voilà, débrouillez-vous avec ça. Les pièces du puzzle ont l’air impossible à assembler mais on s’en fiche. Guéraud a pris la main dès le départ, il va nous mener par le bout du nez, à son rythme. Et il sait y faire pour laisser monter la pression. La tension est palpable et, pour qui l’a déjà lu, aucun doute, le pire va arriver car le bonhomme n’est pas du genre à ménager ses personnages. On parcourt donc le roman la trouille au ventre, comme les parisiens terrorisés par la bête.
Après, j’avoue, la fin a fait retomber le soufflé. Disons que je n’ai pas tout compris, même si j’ai bien compris que c’était le but. Zéro explication, du moins rien de clair comme de l’eau de roche. Elle est nébuleuse en diable cette conclusion, ouverte à bien des interprétations. Evidemment c’est voulu mais c’est aussi un peu facile je trouve. Derrière la bête il y a une dénonciation des maux de notre société. Certes. Mais lesquels ? A chacun de choisir, de se faire sa propre idée. Pourquoi pas. N’empêche que je suis resté sur ma faim. Mais avant de rester sur ma faim je me suis comme d’habitude régalé de la prose nerveuse, engagée et sans langue de bois d’un auteur jeunesse qui ne s’embarrasse pas d’artifices inutiles pour s’adresser à ses lecteurs. Au final l’impression reste largement positive malgré un épilogue pas forcément convaincant.
Vorace de Guillaume Guéraud. Le Rouergue, 2019. 158 pages. 12,50 euros. A partir de 13 ans.