Imaginez une jeune fille de 18 ans, à tendance rebelle, avec un caractère bien trempé, des envies affirmées, des amis et parents tendres et drôles. Imaginez qu'elle vous parle, comme si elle était devant vous. Imaginez enfin qu'elle se trouve, malgré elle, à un tournant de sa vie. Vous aurez alors une petite idée de ce que le roman de Juliette Arnaud a à vous offrir en cette rentrée littéraire 2019.
Voici la quatrième de couverture : " Peut-être qu'Elle sait pas comment revenir. "
Dans son village du Sud de la France, Rose a de grands projets pour célébrer son entrée officielle dans l'âge adulte. Puisque s'ouvre l'été de ses 18 ans. Lorsque débarque sans prévenir Manette.
Qui se trouve être sa mère. Celle qui s'est éclipsée, quand Rose était bébé, pour suivre sur les routes son groupe de rock préféré. Abandonnant et l'enfant et le père. Si cela ne tenait qu'à elle, Rose accueillerait son chat fugueur de mère à coups de balai.
Sauf qu'Emiliano, le père de Rose, n'a pas la même opinion des chats fugueurs en général, et de celui-là en particulier. A-t-il jamais cessé d'aimer Manette ? Débute alors un long, incertain et périlleux été. Roman initiatique et tendre, Maintenant, comme avant évoque la famille décomposée, la question taboue des mères qui n'élèvent pas leur enfant et les maux d'amour avec un humour féroce.
Autant vous le dire tout de suite, je suis absolument fan de Rose ! C'est une gamine touchante qui s'est construite dans l'amour et en parallèle de la souffrance de son père. Elle est dotée d'une ironie mordante, d'un second degré hilarant et d'une sensibilité qu'elle cache par une gouaille que rien n'arrête. Elle essaie de mentir aux autres, de nous mentir, de se mentir et c'est ainsi qu'affleure sa grande sensibilité.
Alors qu'elle se trouve à un carrefour de sa vie de femme en devenir - Rose pensait passer son été à réfléchir à son futur : passer son permis, perdre sa virginité, trouver un sens à ses études de droit - voilà qu'elle se retrouve forcée à affronter un passé dont elle ne sait pas grand chose mais dont elle n'a pas envie d'en savoir davantage. Pourtant se confronter à sa mère et surtout au magnétisme qu'elle exerce sur son père, sur ses amis, sur son chien même va la forcer à se construire dans l'ombre de cette femme qu'elle aurait voulu continuer à oublier.
Parallèlement à Rose, le lecteur se voit offrir plusieurs chapitres de " cuites anniversaires " du père dont on voit à la fois la descente aux enfers, la ténacité, la fragilité et l'espoir qui perdure au fil des ans. Ces indices permettent de prendre conscience de la force de son amour pour Manette, de son sentiment d'incomplétude que le retour de l'aimée va guérir évidemment.
Ne vous attendez pas pour autant à un débordement de belles émotions, de beaux sentiments, d'une morale quelconque sur l'amour ou la famille. De la morale ? Manette n'en a pas. Elle n'est pas foncièrement méchante, mais elle est égoïste, opportuniste, peut-être par ignorance, peut-être par jeu, le récit ne tranche pas. Il n'y a pas de happy end : rien n'indique que cette fois Manette restera, rien n'indique que c'est ce que Rose ou Emiliano veulent. Ce roman est simplement le récit d'un été décisif dans la vie d'une jeune fille pas décidée...
J'ai beaucoup souri, j'ai souvent ri et sans que je ne m'en rende compte, je m'étais déjà beaucoup attachée à Rose, au point de lui souhaiter le meilleur. Pas au pays des Bisounours, non, mais dans la réalité, une réalité pas toujours rose (non, ce n'est pas un jeu de mots) dans laquelle il faut savoir se battre mais aussi poser les armes de temps en temps.
Si vous voulez passer un bon moment avec une lecture qui fait vraiment du bien, sans être un feel-good évidemment, la plume de Juliette Arnaud vous régalera, croyez-moi ! Disponible en librairie aujourd'hui même !
Priscilla (@Priss0904, @litterapriscilla, Page Facebook)