Editions: Barzakh Genre: Roman contemporain
Nombre de pages
: 216Thèmes traités
: Colonialisme. Librairie. Résistance. Edmond Charlot. Alger. Amour des livres.
Un soir, Ryad, 20 ans, étudiant à Paris, arrive à Alger; il se rend au 2 bis de la rue Hamani, ex-Charras, avec les clés des Vraies richesses, minuscule librairie délabrée : sa mission est de faire place nette. Il s'y attelle sans état d'âme, lui que les livres indiffèrent, mais c'est compter sans le vieux Abdallah, gardien du temple, qui va progressivement l'initier à la magie du lieu.Car Ryad ignore tout du passé de l'endroit - poumon de la vie culturelle dans l'Alger colonial des années 30-40 -, animé par Edmond Charlot, libraire et éditeur passionné, proche de Jean Sénac et de Jean El Mouhoum Amrouche et qui, entre autres, révélera le jeune Albert Camus.Ce roman, où alternent le journal (fictif) d'Edmond Charlot et le quotidien d'une rue algéroise en 2017, explore intelligemment l'épineuse question de la transmission d'un héritage. Il y a d'ailleurs ce "nous" qui court tout le long du texte, telle la voix d'une conscience, celle d'une mémoire collective nous engageant, nous lecteurs, à transformer cette fiction en fragment de notre histoire...
A l'heure où j'écris mon avis, j'écoute la chanson "Alger Alger" de Lili Boniche.
J'ai lu Papicha de Kaouther Adimi, il y a un an. Contrairement à certains je ne l'ai pas trouvé épatant. Je m'attendais à autre chose d'après ses multiples passages sur les plateaux télé.
C'est avec une réticence franche que j'ai décidé de lire son roman "Nos richesses" parce que je me dis qu'un écrivain mérite toujours une deuxième voire une troisième chance et le juger en me basant sur un seul ouvrage n'est pas digne d'une personne qui se veut lectrice sans préjugés.
Le livre s'ouvre sur une invitation à circuler dans Alger la sinueuse : pour "tomber" sur la bonne adresse, il fallait déambuler dans les ruelles de la capitale et aimer se perdre dedans. Le passage est très authentique. L'écrivaine le décrit fidèlement au point où je l'ai relu à mon papa pour lui suggérer de le faire prochainement. Maintenant que j'ai terminé le livre, je veux vraiment aller très prochainement sur les lieux.
Dès votre arrivée à Alger, il vous faudra prendre les rues en pente, les monter puis les descendre. Vous tomberez sur Didouche-Mourad, traversée par de nombreuses ruelles comme par une centaine d'histoires, à quelques pas d'un pont que se partagent suicidés et amoureux.
Sur la photo ci-dessus, j'ai voulu schématiser le travail de l'écrivaine : Une librairie qui existe réellement. Un personnage qui a marqué son temps mais n'est pas connu de tous. Un journal intime imaginé par l'auteure pour étoffer son travail."Nos richesses" a tout d'un chef-d'oeuvre parce qu'Adimi rend un double hommage : à la littérature et à Edmond Charlot en passant du fictif au réel avec aisance. J'ai cessé de croire que le journal intime est une invention quand je me suis retrouvée à un moment donné en harmonie avec les péripéties des deux personnages qui évoluent dans deux époques différentes.
Tu sais comment nous sommes, nous ne nous rendons compte de nos richesses qu'une fois que nous les perdons ! Le nouveau propriétaire compte transformer le local en restaurant. Il va y vendre des beignets.
Ce livre tangue entre le passé et le présent. Dans les années trente, nous rencontrons Mr Charlot, cet amoureux , comme nous, des livres, des mots, de littératures et du monde de l'édition.On parle de Camus, de Gide , de Saint-Exupéry que Charlot a côtoyé.
Le présent est plutôt décevant quand on croise ce jeune Ryad venu de Paris pour s'occuper de la libraire-esprit de Charlot : il ne s'intéresse pas aux livres. Sa mission consiste à repeindre les lieux. La présence de Monsieur Abdallah et ses répliques nous consolent et nous vengent (nous font rire aussi)
… Tu aimes lire ?– Non… Tu sais, les livres et moi…– Les livres et toi, quoi ?– On ne s’aime pas beaucoup.– Les livres aiment tout le monde, petit crétin
Années 30, en Algérie, sur le plan historique est la période des petites révoltes qui naissent , de cette envie de se soulever contre le colonisateur. Kaouther Adimi évoque cette période avec finesse parce que ,je pense, que son but premier est de composer une belle symphonie pour chanter les louanges de la littérature.
Je n'ai jamais dissocié la librairie et les éditions. Jamais. Pour moi, c'est la même chose. Je n'arrive pas à croire qu'on puisse être éditeur si on n'a pas été ou si on n'est pas libraire à la fois.
J'ai parlé des grandes lignes du livre et je vous invite à le lire pour revivre les moments très émouvants d'un amoureux des Lettres et aussi pour apprécier une écriture riche et enrichissante; bien maîtrisée. Je suis surprise et très satisfaite de ma lecture.
Kaouther Adimi se lance un véritable challenge: elle doit vraiment se surpasser dans ses prochains romans.
"Nos richesses" lève la barre haut!
Un jour viendra où les pierres elles-mêmes crieront pour la plus grande injustice qui est faite aux hommes de ce pays...
J'ai lu ce livre dans le cadre du Bookspirit Summer Challenge organisé par Bookspirit et aussi pour mon défi DZ Book Challenge Edition 2019
Née en 1986 à Alger, Kaouther Adimi est titulaire d'une licence de langue et littérature françaises obtenu en Algérie, elle est diplômée en lettres modernes et en management des ressources humaines à Paris.
Bibliographie
Interview