Auteur : Anna Martin
Editeur : MxM Bookmark
Date de parution : 10 avril 2019
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– Résumé –
Ce n’est pas une histoire d’amour banale. Ben Easton n’est pas votre héros romantique banal. C’est un dur à cuire tatoué, qui veut devenir une rock star et qui travaille dans un boui-boui parfaitement horrible à Camden Town. Il a une belle vie et il n’est vraiment pas préparé à ce qu’un homme la mette sens dessus dessous.
Stan n’est pas votre héroïne banale. En tant qu’homme au genre fluide, il porte fièrement ses longs cheveux blonds, ses talons vertigineux et son maquillage parfaitement posé. Prodige de l’industrie de la mode, Stan vit à Londres après avoir travaillé en Italie et à New York. Il tombe vite sous le charme de Ben et de son comportement insouciant, ainsi que du cœur chaud et doux qu’il dissimule.
Sous l’apparence parfaite et élégante, Stan a beaucoup de cicatrices datant de sa bataille d’adolescent contre l’anorexie. Il ne suffit que d’un très léger faux pas pour que ses démons reviennent précipitamment, tandis que Ben est toujours en tournée. Son groupe étant sur le point de se séparer, Ben est obligé de trouver un moyen de s’occuper à la fois de l’opportunité de sa vie et de son magnifique petit ami.
Je finis à l’instant ce livre avec l’envie d’écrire, et de vous partager ce petit bonheur. J’en attendais beaucoup, et il m’a comblée, mais pas du tout dans le sens que j’avais envisagé. Le résumé ne fait à mon avis pas du tout honneur à ce qu’il nous offre, il y a bien plus ici que deux opposés qui s’attirent. C’est une romance pleine de jolis sentiments, autour de l’acceptation de soi, notamment physique. Accepter ce que l’on est, ce que l’on montre, et ce que l’on cache. Son corps, avec ses cicatrices, ce qu’il dit de nous. C’est le message de Stan, avec son passé, ses blessures, les pas qu’il a faits, ceux qu’il lui faut encore effectuer. Pas un de ces romans qui résout tout, qui solutionne chaque détail non, parce que des soucis, des déséquilibres il y en a toujours, et c’est pas grave, ça fait partie de la vie, et parfois c’est beau même quand ça fonctionne un peu de travers. C’est le goût que me laisse ce livre : un tout n’est pas parfait, mais c’est si beau comme ça.
Un petit mot du contexte d’abord, puisque le roman profite d’un merveilleux fond très anglais : Londres et surtout son quartier qui fait de la tolérance et des folies une religion : Camden Town. Un cadre idéal pour cette histoire, un cadre qui dit acceptation, et c’est la pub Mc Donald qui me vient là : « Venez comme vous êtes ». Par ailleurs, le couple laisse une place non négligeable à l’amitié, Ben étant musicien, ils sont bien entourés, notamment par les autres membres du groupe, cette petite famille étoffe le roman et le rend plus agréable, on y plonge encore davantage.
Au-delà de ça, c’est un ensemble assez réaliste tant les personnages sont bien construits, simples mais complets, concrets, et tant on se laisse guider par leurs sentiments, leurs émotions, et tout ce qu’ils sont, d’abord séparément, puis ensemble. Le ton reste globalement assez léger, même si un passage a de quoi vous broyer le cœur, surtout si les questionnements autour de la relation à l’alimentation vous touchent. Le sujet est traité avec intelligence et sensibilité, dans toute sa gravité mais sans trop en faire.
La romance est assez classique dans son schéma, quoi que très belle, baignée d’émotions sublimes. Elle est rendue particulière par ses personnages, qui lui permettent d’atteindre une dimension réellement touchante, d’être plus. Un couple un peu inattendu, deux êtres qui n’avaient à priori rien l’un pour l’autre, et pourtant tout à s’offrir, tout à partager, tout à construire : leur bonheur, leur vie, et ce qu’ils sont.
Ben n’a pas grand-chose finalement du « dur à cuire tatou qui veut devenir rock star » non il est bien plus que ça, c’est très loin de le définir. C’est surtout quelqu’un d’ouvert et d’attentif, pas fragile mais sensible et attentionné. D’une certaine manière, ça correspond tout à fait au titre de cette histoire : elle nous emmène au-delà des apparences de ces deux personnages. Quant à Stan, je l’ai tellement aimé, que je dirais qu’il est parfait, mais ça manque d’objectivité. Il est lisse, mais pas dans le sens vide, au contraire, dans le sens où on le suit comme on suit le courant d’une rivière, on navigue avec lui dans sa vie, dans ce qu’il est, avec son passé, son présent, les évolutions qu’il amorce au moment où il rencontre Ben.
Stan est gender fluid, alors oui évidemment, la thématique est présente. Mais l’auteure a choisi de ne pas en faire une problématique, ce n’est pas une question centrale. Elle est abordée sans prétention, sans la volonté d’être représentatif ou revendicatif, encore moins moralisateur. Non, il s’agit là simplement de créer un personnage cohérent, et ça fait partie de lui comme les passions, les passés, vécus et blessures, obstacles et forces, font partie de chaque personnage. On en fait pas tout un plat, c’est presque un détail. On l’aime pour ça, et pour tant d’autres choses. Je dirais que ça démontre finalement une grande habileté de l’auteure, cette légèreté évite toute maladresse : on y croit profondément à ce personnage, on le comprend, et il est juste d’une logique sans accro, sans débordement. Il est entier dans tout ce qui le constitue, tout est d’un grand naturel, et je pense que c’est exactement ce qui m’a conquise.
Un roman magnifique, pas de ceux, inoubliables, qui vous marquent à long terme non, simplement de ceux qui vous touchent au plus profond de vous à la lecture, et vous offrent un voyage fabuleux, dont vous ressortez débordant d’émotions et le sourire aux lèvres. Un livre que j’aurai plaisir à relire régulièrement les jours de pluie, rien que pour retrouver leur amour, parce que ces deux-là respirent la tendresse et s’aiment de cet amour absolu et évident qui me transporte.