En Utah. Depuis que leur père est mort, Wyatt Smith et sa sœur jumelle Lucy, vivent seuls et difficilement sur le ranch familial qui périclite. Un jour, leur petit troupeau de bétail est en partie salement décimé par une gamine armée jusqu’aux dents. Pour Wyatt la situation est claire, soit il se fait rembourser ses bêtes mortes par la fille, soit il sera contraint d’abandonner son ranch et la terre où sa famille a toujours vécu. Il se lance donc à la poursuite de l’inconnue…
Les grandes lignes de l’intrigue vont enchainer des rencontres tumultueuses (euphémisme !) placées sous le signe de la drogue, une bande de bikers ravagés et un repère de fabricants se préparant à livrer leur came à un cartel aboutissant à un carnage, Wyatt et la gamine (on ne saura jamais son nom) ne devant leur survie qu’à une fuite éperdue dans le désert où là, ils devront affronter la soif et les coyotes ! Pfffff….
J’irai directement au seul défaut de ce roman, son manque de crédibilité dans certaines situations. Voilà, c’est dit, donc inutile de me le faire remarquer et passons à la suite, car ce bouquin est riche en qualités et au global, très satisfaisant.
Il est évident aussi que le roman ne s’adresse qu’aux lecteurs avides d’histoires musclées et le résumé ci-avant peut vous paraître du domaine du déjà lu. Ce n’est pas entièrement faux. Donc, ceux qui aiment que ça barde, que ça pétarade dans tous les sens et que le sang gicle ou que les héros du livre soient à l’article de la mort mais s’en sortent in fine, toux ceux-là vont se régaler. Certaines scènes sont d’une violence féroce avec des images saisissantes mais… et c’est là qu’on aborde la principale qualité du livre, il est très bien écrit. Ces scènes d’actions mêlent excès (le chapitre 9 « Fuyons » pousse le bouchon un peu trop loin), esthétisme et cinématographie, on pense à Sam Peckinpah parfois (en plus sanglant peut-être !?).
La construction narrative alterne le présent (Wyatt et la gamine) et le passé (l’éducation des jumeaux reçue par leur père). Un présent fait de violence physique et bestiale immédiate et un passé s’apparentant au récit initiatique avec une violence plus diffuse, où l’on apprend que pour vivre il faut savoir tuer sa nourriture ; passé qui de plus recèle un lourd secret…). Un roman sur le destin et où l’épreuve physique endurée par Wyatt s’avèrera un parcours initiatique doublé d’une libération d’un fait refoulé.
L’écriture de Rae DelBianco est flamboyante (surtout dans la première moitié du roman), chiadée et très détaillée tout en ne manquant pas d’élégance (« La lumière qui filtrait par la porte ouverte glissait sur les peaux cristallisées de sel dans un reflet frissonnant… »).
Conclusion : un livre qui n’est pas pour les âmes sensibles, avec aussi des défauts, mais pour un premier roman et quand on écrit ainsi, plein d’espérances pour le futur… ?