Des romans sur le deuil, la douleur, la perte d'êtres chers il y a pléthore, mais ici Jean-François Dion, avec ce livre paru chez Carnets Nord, nous intègre au processus de deuil de son personnage principal. Tout est dignité chez cet homme, tout est dignité dans sa douleur. Le cerveau est une machine bien étrange, il se connaît, il sait ce qu'il peut endurer, il connait les limites du corps dont il est la tête, il distille les informations dans la mesure du supportable et fait abstraction temporairement de l'horreur du manque. Il faut dire que cet homme avec qui j'ai vécu près de 300 pages vit notre pire crainte à tous, il perd l'essentiel, le tout, l'unique, sa famille, et là se pose la question: Comment réagirions nous dans sa situation, face à cette horrible injustice?
L'injustice de la vie n'est plus à démontrer, beaucoup s'y sont frotté, trop même, mais on s'accroche à la loi des hommes, qui même si elle ne pourra rien réparer pourra peut-être rendre tout cela plus vivable. Cet homme nous narre une vie simple et belle qui est devenue en quelques secondes celle dont on ne veut pas, dont on ne sait pas quoi faire ni comment la vivre. Avec des allers-retours dans différentes strates de son passé, il nous raconte les grands événements et les petits riens de sa vie avec eux, son fils et son épouse et le néant de sa vie sans eux, mais aussi le sentiment de devoir agir, la brûlure de la vengeance qui reste présente.
Un roman fort avec un style dont les mots portent le lecteur à une réflexion profonde et vraie, une histoire qui enrichie.