Ne réalisez jamais vos rêves, courez après! de Eric Scilien

Ne réalisez jamais vos rêves, courez après! de Eric Scilien

J’avais déjà lu Carnet de route année zéro du même auteur que j’avais adoré et j’étais donc très enthousiaste de lire à nouveau un texte de cet auteur.

Il s’agit d’un recueil de nouvelles agrémenté d’un peu de philosophie. J’ai beaucoup aimé le ton sous-jacent selon lequel réaliser ses rêves est finalement un but qui devrait rester inatteignable puisque cela ne rend jamais plus heureux. Certes, la psychologie a tendance à corroborer ce propos mais le voir illustrer par des exemples concrets est souvent beaucoup plus parlant. Je vais essayer de prendre les nouvelles une par une.

Si j’ai la chance d’être toujours vivant: Cette nouvelle est parfaitement bien structurée, avec le début très poignant où Kylian se rend compte de l’absurdité de sa situation et va rejoindre ses parents, les bribes du passé qui défilent qui nous permettent de comprendre que la vie ne tient pas à grand chose et la chute. Même si j’étais un petit peu déçue par cette fin, je trouve que cela résonne particulièrement sur tout le texte.

On a gagné et j’ai perdu: Une petite nouvelle mais d’une intensité assez remarquable finalement et tout en finesse.

Le goût de la viande: Pour être honnête, même si la nouvelle est très bien écrite, elle m’a dégoûtée pour pas mal de raisons et notamment parce que je suis végétarienne donc le voir être fixé sur la viande durant toute la nouvelle ne m’a pas enthousiasmée. Cependant, la chute est magnifique et fait froid dans le dos.

Le crapaud: Un fragment sympathique mais terne par rapport à l’ensemble du reste des nouvelles.

Fric: La nouvelle la plus classique je dirais, sympathique mais trop prévisible dans l’ensemble.

Ne réalisez jamais vos rêves, courez après! : la nouvelle éponyme du recueil. J’ai beaucoup aimé et je me suis complètement identifiée avec ce pauvre auteur qui veut publier mais qui craint cela à la fois. Et la morale qui garde sa force dans tout le recueil.

Succès: On reste dans le thème de l’auteur et Eric Sicilien prend un malin plaisir à écrire sur des auteurs ratés ou des auteurs à succès qui le regrettent. Une pointe de malice que je trouve très agréable.

Le feu ne s’éteint jamais: Une nouvelle finalement assez terne et prévisible par rapport au reste du recueil.

Y a-t-il quelqu’un d’autre que moi à l’intérieur de ma tête? : Un fragment poreux et cependant frappant, j’aime beaucoup le style des textes très courts de cet auteur.

La chance de ma vie: Même remarque, un ton incisif et une nouvelle très courte qui frappe par sa justesse.

Par où est la sortie? : Magnifique. J’ai adoré.

Minuscule traité de philosophie: Un auteur qui cite Sartre (mon auteur préféré) a déjà gagné mon respect. Alors certes, le texte est court et part un peu dans tous les sens mais sans être de la bonne philosophie, le texte gagne par son style agréable et humoristique.

En bref, si ce recueil est d’un ton très différent du précédent, j’ai beaucoup aimé ces nouvelles qui sont en général très justes et écrites avec beaucoup de sagacité et d’intelligence. Je remercie la plateforme Simplement Pro et les éditions Bookless pour ce recueil.