Les romans de Jean-Paul Dubois ne m’avaient jamais tentée. Pleine de préjugés, j’étais. Je le pensais issu de la même famille que Douglas Kennedy et Anna Gavalda. Une famille que je ne fréquente pas, mais que je vois souvent. Je pense que je me suis trompée d’arbre généalogique. J’avais tout faux. Avoir su plus tôt…
Je reprends les mots écrits par Jean-Paul Dubois à propos de John Updike. Si l’homme n’était pas aussi modeste, il aurait pu se les adresser, ces mots.
Updike, c’est le catalogue raisonné de nos souffrances, de nos bonheurs, de nos bassesses ou de nos grandeurs. Lire un de ses textes, c’est s’élever quelques instants au-dessus de sa propre condition, c’est apprendre sur soi et le regard des autres, c’est comprendre la brièveté de temps, l’urgence des moments, c’est aussi, à la fin, s’accommoder de la présence embarrassante et silencieuse de la mort.J’ai pensé à Richard Ford, pour le côté doucereux et nostalgique. J’y retrouve la même humilité, la même sensibilité, les mêmes tourments existentiels, la même quête introspective. L’humour pince-sans-rire et le cynisme, aussi. D’une simplicité profonde et bienveillante, du baume au coeur.Eh ben ce livre m’a rapprochée de toi, JP. Et pas rien qu’un peu. Au point que je compte aller à la rencontre de tes autres Paul très prochainement.D’ici là, j’ai quelques passages à méditer!En choisissant le métier de romancier j’avais fait fausse route et qu’au lieu de l’admettre, je m’étais, au fil du temps, obstiné dans l’erreur. J’en tire aujourd’hui ce simple enseignement personnel: un livre n’a jamais rendu meilleur. Ni celui qui l’écrit, ni celui qui le lit. Et cet autre, plus général: nous nous épuisons à tenir des rôles à contre-emploi, à vivre dans des maisons trop grandes, à nous accommoder de sentiments minuscules, à aimer par la force des choses, et si nos dents crissent dans le noir, c’est qu’elles ragent de voir ce que nous sommes devenus, ce à quoi nous avons renoncé, au point de nous contenter d’écrire ce que jamais nous ne serons.
J’étais désargenté, désenchanté, mais je voulais me replonger dans le courant de la vie, me battre pour ou contre quelque chose, retrouver l’envie du bonheur et le goût de la peur, lutter contre la force des vents, éprouver la chaleur, le froid, casser des cailloux et, s’il le fallait, creuser la terre, creuser profond, pour y ensevelir mon trou.
Toi, là, qui connaît si bien Dubois, quels sont ses romans que tu as préférés entre tous?Si ce livre pouvais me rapprocher de toi,
Jean-Paul Dubois, Points Seuil, 224 pages, 2000.★★★★★