Maud, je vous en parle souvent, ici et là. C’était ma libraire, c’est devenu une amie proche. On refait le monde ensemble, on boit de l’excellent vin et on jacasse énormément sur les livres! Je connais son univers de près: ses bibliothèques, ses goûts littéraires et son adorable Muse (miaou). Je lui demande, à l’occasion, de broder, sur un roman, un billet pour accompagner le mien. Son éclectisme et son énergie son contagieux. À toi, maintenant, de la découvrir, si tu ne la connais pas déjà.Que représente la lecture pour toi? Un besoin? Un divertissement? Une évasion?
Je crois que ça a commencé surtout par un divertissement. Je ne faisais pas de réelle sélection quand j’allais en bibliothèque, je pigeais ici et là dans les BD, les romans, les magazines… Je me souviens d’une époque ou c’est devenu une sorte d’évasion, alors que j’enfilais les records sans vraiment me rappeler de ce dont parlaient les livres que je lisais: le plus gros livre, le plus de nationalités différentes d’auteurs, le plus de genres différents, le plus de cartes d’abonnés remplies (j’avais créé des cartes au nom de mes frères et de mes parents pour mon propre usage!) C’est clair, pour moi, que depuis plusieurs années, la lecture est un besoin: les semaines que je lis peu existent, mais je ressens assez rapidement le déséquilibre ou le manque.
Sans les livres, ta vie serait…
Beige? J’aime me confronter à d’autres vécus, à d’autres façons de voir, à des styles marquants, à des textes qui arrivent à mettre les mots sur des sentiments ou des réflexions que je ne savais pas que j’avais. Bref, ça m’enrichit en temps et en réflexion!
Quel livre t’a donné la piqûre de la lecture?
Dur à dire. J’ai été abonnée assez tôt à la revue J’aime lire, dans laquelle j’ai découvert plusieurs BD et lectures jeunesse. Et j’ai lu beaucoup d’albums sur les histoires de Walt Disney. Je crois que j’ai réellement commencé à avaler des livres avec Harry Potter (eh oui, je suis de cette génération!) et avec les romans policiers de Chrystine Brouillet et de Michael Connelly. Je ne crois pas que je relirais du fantastique (bien que j’ai relu deux fois la série de Rowling), mais je pourrais certainement flirter à nouveau avec les policiers ou les polars un de ces quatre!
Comment organises-tu tes lectures?
Ça commence à changer depuis que je ne suis plus libraire! J’ai des tablettes de livres à lire qui sont sommairement classées en quatre sections: québécois, étrangers, service de presse et classiques. Je m’organise en ce moment pour faire suivre à peu près ces catégories de façon presque équitable, ce qui me garantit en quelque sorte de ne pas me tanner de l’une ou de l’autre. Il faut dire que mes sections classiques ont quelque peu souffert pendant mes huit ans de libraire, mais pour l’instant, cette tendance se maintient.
Qui ou quoi influence tes choix de lectures?
Pour les nouveautés, j’ai des éditeurs dont je suis religieusement leur rentrée littéraire, sans pour autant tout choisir ! Après, j’ai deux amies proches (clin d’oeil!) avec lesquelles les discussions me nourrissent et me font assez souvent essayer/ découvrir des livres vers lesquels je n’aurais pas nécessairement été tentée. Je découvre aussi depuis peu de temps (deux ans?) la communauté de lecture sur Instagram et c’est souvent inspirant! Pour répondre à ta question, je me rends compte que rarement, les critiques de journaux ou entrevues me poussent à acheter un livre. Je crois que je n’en ai tout simplement pas besoin!
Où lis-tu le plus souvent?
Dans un de mes deux divans ou au lit!
Comment choisis-tu tes prochaines lectures?
Comme je le disais plus haut, un heureux mélange des catégories de livres qui me suivent depuis plusieurs années. Après, je n’aime pas tellement préprogrammer mes prochaines lectures, ça marche rarement dans mon cas. J’apprécie le petit instant de vide quand je termine un livre et que je me dis: «Oh, qu’est-ce que je vais lire?»
Ton plus récent coup de cœur?
Le premier jardin d’Anne Hébert.En un mot, comment qualifierais-tu ta bibliothèque?
Asymétrique.Termines-tu un livre qui t’ennuie?
Non, plus depuis quelques années. Quoique j’ai terminé des livres pour mon club de lecture qui ne me plaisaient pas toujours, mais mon rôle m’y obligeait, si je peux dire. Sinon, le verdict tombe entre 50 et 100 pages!
As-tu déjà eu une panne de lecture? Si oui, tu as un truc pour y remédier?
Elles reviennent de temps en temps et sont de moins en moins longues. J’apprends à les dompter! En tant que libraire, on est toujours collé à la rentrée, et y a des cuvées moins bonnes que d’autres! Des fois, ça amène à une panne d’inspiration. J’ai développé quelques trucs: retourner vers un auteur/ éditeur favori, plonger dans un classique, ou lire deux genres que j’aime beaucoup, mais finit toujours par négliger un peu: les essais et la BD. Les pannes arrivent souvent après plusieurs abandons ou bien après un gros coup de coeur. Je saute donc vers un coup de coeur assuré ou une lecture qui me change de mes habitudes!
Quel est ton rapport avec les réseaux sociaux?
Amour-haine. Quoique «amour» est un peu fort! J’aime bien suivre ce que mes proches plus «éloignés» font, mais je publie peu sur autre chose que mes voyages et mes lectures. Le rapport au quotidien, aux états d’âme et à la comparaison, très peu pour moi!
Pourquoi ne pas avoir de blogue?
J’ai déjà participé, comme toi, à une revue sur le web, avant de commencer ma maîtrise, et j’ai trouvé l’expérience plutôt ordinaire en termes de contact (mais enrichissante en termes de lectures et de rédaction). Et puis, depuis mon mémoire, difficile de me remettre à l’écriture. Je me rends compte que j’aime la solitude du moment de lecture, mais j’aime le partage et les liens que je crée grâce à mes lectures. J’en ai eu pendant longtemps dans la «réalité» en librairie, et j’en ai peu, mais de qualité, dans ma vie. Je n’ai pas mis un trait sur la chose à tout jamais, puisque j’aime écrire et commenter mes lectures, mais, je ne sais pas, je n’ai pas encore eu l’élan.
La rentrée littéraire… un peu, beaucoup, passionnément, ou pas pantoute?
Passionnément, je dirais! Quand j’ai commencé à lire des romans «adultes» vers la fin de mon adolescence, je ne suis pas du tout tombée dans les classiques, mais dans le contemporain québécois. Et ça m’est resté, je dirais même, que cela m’a guidée dans mes études et dans ma vie professionnelle! Il demeure important pour moi de combler mes lacunes en classiques (et ce n’est pas une corvée, au contraire!).
Outre la lecture, tu as une autre passion?
Pas en terme d’égalité. Mais, après, je pourrais nommer la cuisine, la natation, le plein air et le cinéma.
Fais-tu toujours ton lit le matin?
Jamais, mon chum travaille de nuit et dort de jour!