Doomsday Clock devait être une étape importante de la construction de l'univers DC depuis sa refonte dans les pages de Infinite Crisis, depuis que Geoff Johns en était le grand architecte. Sauf que 22 mois plus tard, la maxi-série dessinée par Gary Frank a du mal à sortir et à convaincre. En effet, cet avant-dernier épisode donne l'impression de grand gâchis.
Il y a quelque chose d'ambivalent dans ce onzième numéro de Doomsday Clock, alors que l'épisode repose essentiellement sur les discours de Ozymandias et de Lex Luthor, le premier expliquant son plan, le second racontant sa trouvaille à Lois Lane, l'histoire prend un grand coup d'accélérateur. Ainsi toutes les petites intrigues ouvertes précédemment doivent trouver une conclusion et converger vers la résolution finale qui se déroulera (normalement) en décembre.
Ce grand coup d'accélérateur est assez mal venu parce qu'il donne un aspect brouillon à l'épisode. Ainsi, le plan de Ozymandias est d'une logique implacable mais, vu qu'il partage l'épisode avec d'autres intrigues, le lectorat se retrouve noyer d'informations. Et, sincèrement, son plan est nettement moins intéressant à découvrir que la révélation de Lex Luthor qui s'avère être le premier témoin de "Rebirth". Johns a une superbe idée mais, j'ai l'impression qu'elle sera sous-exploitée.
J'avoue que j'ai un certain regard désabusé concernant Doomsday Clock. J'avais entamé la lecture sans trop y croire - à cause du marketing présentant la maxi-série comme un " Watchmen 2" - mais, Johns et Frank ont réussi à capter mon attention. Mais, ce n'est vraiment qu'à partir du cinquième numéro que je me suis pris complètement dans le jeu. Et, là, ça retombe... Pas comme un soufflet puisque cela fait des mois que je constate que la continuité de DC ne s'accorde pas avec la volonté initiale de montrer les événements qui conduisaient à Doomsday Clock. Ainsi, certains éléments comme le "Reign of the Supermen" ne sont que des concepts intangibles réduisant l'impact émotionnel.
Il faut dire qu'avec tout le retard accumulé, la maxi-série de Johns et Frank a perdu de son importance éditorialement parlant - tout en restant un succès commercial. Ainsi, il y a la sensation que le plan de Johns a été changé à la dernière minute, que le retard accumulé n'est pas du fait du dessinateur mais un véritable choix de DC afin de minimiser l'intérêt de la maxi-série, ce qui lui a permis de publier 3 autres events entre temps.
Je ne veux pas faire dans la conspiration à deux balles mais, on constate que le traitement de Geoff Johns au sein de DC Comics a changé depuis l'échec du film Justice League. Peut-être que tout cela peut être dû au scénariste lui-même qui le digère mal et qui a du mal à se relancer dans l'écriture. Mais quelque chose fait tiquer dans ce onzième épisode : il s'attarde étrangement sur une histoire anecdotique qui passe à la télévision d'un vieil homme qui refuse de quitter sa maison alors que le barrage à côté va céder. On sent le discours méta même si nous ne sommes pas capables de savoir qui est le vieil homme dans cette métaphore : lui, Dan Dinio, la Warner, industrie des comics ou le lectorat. En tout cas, c'est un fait, depuis, Johns est plutôt absent de devant la scène, ses titres constamment repoussés - ou disparaissent comme Three Jokers qui était annoncé pour accompagner le film sur le personnage, alors que les films qu'il a dû superviser comme Wonder Woman, Aquaman ou Geoff Johns sont de très bons succès et que Doomsday Clock continue de très bien se vendre à chaque numéro. En tout cas, il y a quelque chose qui m'a dérangé pendant la lecture de tout cet épisode : cette sensation que ce n'est pas l'histoire telle que voulait nous la raconter le scénariste.
Cette accélération de fin de série n'est pas le genre de Johns - qui habituellement étale ses histoires d'event en event. En tout cas, il donne toujours l'impression que quelque chose d'important se trame dans ces pages mais, peut être que cela ne se passe pas sur la Terre principale de l'univers DC actuel, ce qui serait malheureux.