C'est lundi, que lisez-vous? #266

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

ALBUM

C'est lundi, que lisez-vous? #266

Une grand-mère se raconte à sa petite-fille, Inès. Elle lui raconte son enfance par delà les mers, ses racines, son amour magique et abîmé, et sa venue jusqu'à où elle est à présent.

Le récit nous transporte vers 1520, au temps des conquêtes espagnoles vers le Nouveau Monde. Soleil Noir est un magnifique cheval noir, propriété de Don Ignacio, un Espagnol en partance vers le Mexique, où il arrive avec ses compatriotes dans la cité aztèque de Tenochtitlan où ils sont accueillis comme des dieux. En retour, les Espagnols les aident dans leurs conflits avec les cités voisines. Une histoire d'amour naît et unit Don Ignacio à Siyah Ka'k, la belle aztèque, qui devient sa femme sous le nom d'Isabelle. Mais bien vite, les Conquistadors critiquent leurs moeurs (sacrifices notamment), imposent leurs us et coutumes (le Dieu unique par exemple), infligent à la population leurs maladies (nouvelles qui les déciment) et font preuve de toujours plus de cupidité. Don Ignacio, Isabelle et plusieurs hommes remontent dans les terres mais ne trouvent rien et se retrouvent pris à partie.

Isabelle raconte alors ce qu'il est advenu de Soleil Noir et d'elle-même.

Ce récit est à la fois triste et magnifique, et superbement illustré par les si belles peintures à l'huile de François Roca.

ROMANS JEUNESSE ET ADO

C'est lundi, que lisez-vous? #266

Nanoch, 10 ans, est gitan. Chaque jour, il subit les moqueries, invectives et méchancetés d'Edée, une fille qu'il surnomme "langue de vipère". Triste, fatigué, excédé, il met sur pied un mauvais tour pour lui faire peur et avoir enfin la paix. Mais pour cela, il doit prendre la boîte à bijoux (sans les bijoux) de sa mère, cadeau familial qui passe de génération en génération. La mauvaise blague fonctionne mais la boîte est cassée. Et son état est aggravé par Nanoch qui tente de la réparer.

Edée a changé de comportement à son égard, elle est désormais isolée et triste. Lui aussi est triste, d'avoir fait du mal, d'avoir abîmé la boîte, de devoir mentir à ses parents (qui ont remarqué la disparition de la boîte), de les décevoir eux et Nonna qui l'observe certainement depuis le ciel.

Langue de vipère est une histoire de différences, d'harcèlement et d'amitié.

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Toute seule dans la nuit. Texte de Sandrine BEAU et illustrations d'Eva CHATELAIN. Editions Alice Jeunesse, collection "Primo", mai 2019

Nous suivons en parallèle Miette, 10 ans, et son grand-père Roberto, parti chercher de la chantilly et qui n'est toujours pas revenu. Miette est seule dans la maison, à présent plongée dans le noir et un bruit l'a réveillée alors qu'elle s'était endormie sur le canapé en attendant Roberto. Elle comprend vite que quelqu'un est entré et elle se cache... Mais où est donc Roberto?

Dans le même temps, nous découvrons ce qui arrive à Roberto et qui explique son absence.

Un roman choral à suspense qui nous fait partager les craintes, les angoisses mais aussi le courage de Miette et de son grand-père, coincés chacun de leur côté, sans possibilité de communiquer, face à une adversité inconnue et flippante que Sandrine Beau nous retranscrit très bien. Ce roman m'a renvoyée à un autre de ses petits polars (récent)Peur dans la neige.

Au-delà, et du point de vue de l'adulte et de la maman que je suis, ce roman nous incite à enseigner à nos enfants comment réagir et se mettre en sécurité en cas de danger : faire une fiche avec les numéros utiles, faire une trousse de secours, apprendre à se cacher, avoir une zone où se cacher (un peu comme pour les exercices PPMS faits à l'école).

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La cascadeuse des nuages. Sandrine BEAU. Illustration de couverture par Nicolas FRANCESCON. Editions Alice Jeunesse, collection "Tertio", septembre 2019

Connaissez-vous Elise Deroche? Avant de lire ce passionnant roman de Sandrine Beau, je ne la connaissais pas. Et pourtant quelle femme! Quel destin! En quelques mots: elle est la première femme au monde à avoir obtenu son Brevet de Pilote-aviateur, le 8 mars 1910.

Dans son roman, Sandrine Beau fait alterner deux voix. Celle d'Anatole, 10 ans et frère d'Elise, qui parle au présent. Et la voix d'Elise qui remonte le temps grâce à ses carnets d'écriture. Ainsi, elle nous raconte son envie d'émancipation, l'œil qu'elle porte sur sa mère et la condition féminine, son époque, ses envies d'ailleurs jusqu'à sa rencontre avec Charles et les avions. C'est le début d'une grande passion, vivifiante, novatrice, folle mais si grisante!

Malheureusement, sa venue n'est pas appréciée par tous et nombreux sont les hommes à déplorer cette "sortie" des femmes qui devraient rester à "leur place". Des remarques, des insultes, mais aussi des menaces et peut-être même un sabotage malgré l'attention et la vigilance de Charles, Anatole et Dino le mécanicien... Mais rien n'entame la volonté de fer d'Elise qui enchaîne les meetings aériens auxquels quelques femmes commencent à participer, avec même un Prix spécialement pour elles. Et même après avoir été grièvement blessée, Elise n'a qu'une envie, remonter dans un avion au plus vite.

J'ai adoré ce roman et découvrir Elise sous la plume de Sandrine Beau et qui donne envie d'en apprendre encore bien davantage sur ces pionnières et pionniers de l'aviation!

ROMAN

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Dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle, j'ai reçu ce roman à la couverture magnifique, issue du tableau de David Simonetta, Frida, Kiss me hard. Tout est dit, non?!

Rien n'est noir non. Tout est couleurs. Surtout avec Frida! Vives, pimpantes, vibrantes, tout est nuances, teintes et perspectives.

Et leur amour, enfin plus celui de Frida pour Diego, est magnifiquement retranscrit par Claire Berest qui intercale des moments de flashbacks pour mieux nous conter l'impétueux caractère de Frida, ses souffrances, son histoire, sa famille,ses rêves, ses désirs et exigences, l'Accident, ses douleurs, ses joies, ses extravagances, ses peurs, ses outrances, son Art et sa conception de l'Art, son dévouement, sa dévotion, sa haine amoureuse et dévorante,l'image qu'elle a d'elle-même...

Même s'il n'apporte rien de nouveau sur Frida (le personnage est connu, iconique), c'est l'écriture de Claire Berest, poétique, tendre, dure qui fait la force de roman. Il est beau, puissant, émouvant et c'est avec la larme à l'œil que je l'ai refermé.

BD

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Mamette- Tome 2 -L'âge d'or. Nob. Editions Glénat, août 2007

Mamette est une petite mamie ronde, énergique et rigolote que l'on suit dans son quotidien.
Dans ses courses, pour son ménage, avec ses amies (de son âge et qui chacune incarne un aspect de la vieillesse - pas toujours reluisant), en visite au cimetière pour voir son Jacques, dans ses cours d'art, avec son club senior, etc.

Dans ce tome, Mamette garde le petit Max car sa mère, séparée, doit partir en formation pour son nouveau travail.

Et il est hors de question que le gamin ne fasse rien ou passe son temps sur la console. Direction donc le parc, le cimetière, la piscine (pour une journée inoubliable!!), le médecin, les courses, le tout accompagné de révisions (surtout en histoire), d'écriture (lettre ou poésie?) et de lectures (Ah ! L'île au trésor de Stevenson)
C'est tendre, c'est drôle, avec des dessins ronds et colorés à son image.

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Cet album est la transposition graphique du magnifique roman de Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut, que je vous ai présenté ICI.

J'avais entendu beaucoup bien de cet album, de nombreuses fois présenté lors du RDV BD du mercredi, aussi ai-je eu envie de le découvrir, surtout après la lecture du roman.

La préface, écrite par Philippe Torreton est magnifique.

Les planches reprennent bien l'histoire d'Albert Maillard et Edouard Péricourt, deux "héros" bien malgré eux de la boucherie de la Grande Guerre, de ceux qui auraient dû y rester, blessé pour l'un, traîne-misère pour l'autre et désormais les laissés pour compte de la paix, et liés par elles. Ils tentent de survivre, de s'épauler et quand vient l'IDEE pour lui faire un pied-de-nez à cette Paix qui en les laisse pas en paix justement, pour la meurtrir comme elle les a malmenés et oubliés, il s vont y aller, non sans quelques remords pour Albert. C'est que l'on ne "s'attaque" pas aux glorieux martyrs et encore moins à leur mémoire. Et pourtant, ils ne sont pas les seuls à s'en servir. Leur Lieutenant à la guerre, d'Aulnay-Pradelle, qui aurait bien voulu qu'elle perdure pour lui ajouter des galons, qui exerçait son autorité impunément, a des projets pour essorer la paix et la mémoire, pour redorer son nom, à lui...

Alors bien sûr, l'album apporte moins de détails, passe plus vite (toujours lire le roman avant!) mais l'essentiel, et toute l'horreur de leurs projets, sont là et parfaitement saisis, retranscrits. Maintenant, il me faut voir le film!

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

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Avant de nous parler du sujet réel de son livre, Jonathan Safran Foer fait quelques circonvolutions. Il nous parle de la mobilisation des USA durant la Deuxième Guerre Mondiale, des sacrifices demandés à la population, qu'elle habite près des côtes ou même à l'intérieur du pays, il nous parle de la Shoah et de la connaissance qu'en avait le monde sans se résoudre à y croire, il nous parle de son enfance et de sa famille, il nous parle de nos réactions lorsqu'on voit et entend une ambulance arriver derrière nous et au fait qu'on lui laisse le passage parce que c'est normal et que c'est ce qu'il faut faire.

Il nous met face à notre conscience pour mieux nous montrer notre réaction face au réchauffement climatique, aux catastrophes "naturelles" qui se déchaînent ici ou là sur le globe et la responsabilité de l'Homme dans celles-ci, qui n'est pas à remettre en cause selon lui (point de vue que je partage). Dès lors, nous savons cela, mais pourquoi restons-nous dans l'inertie? Ou pourquoi avons-nous le sentiment que nos actions (individuelles / ou collectives à une échelle réduite) ne comptent pas? Pourquoi attendons-nous que ce soient les autres qui fassent ou impulsent le mouvement? Il analyse donc aussi nos réactions, croyances, facultés face à cette "histoire" du présent, contre laquelle nous n'avons pas de recul...

"Si nous admettons une réalité factuelle (notre responsabilité dans la destruction de la planète) mais que nous demeurons incapables d'y croire, nous ne valons pas mieux que ceux qui refusent de voir l'implication humaine dans les changements climatiques.
Quand l'avenir distinguera ces deux sortes de déni, lequel apparaîtra comme une erreur grave, lequel comme un crime impardonnable ?"

Cela, c'est pour la première partie. La deuxième est le coeur du sujet avec de courts chapitres percutants, des points et des chiffres. Telle action engendre telles conséquences, et l'élévage et la consommation de viande sont centraux. Ce n'est peut-être pas la réponse unique, mais les réduire est inévitablement l'une des choses à faire.

La troisième partie nous parle de la Terre et de l'image qu'on en a.

Et c'est là que j'en suis.

Un essai absolument passionnant, même si effrayant.

3/ Que vais-je lire ensuite?

C'est lundi, que lisez-vous? #266

Présentation de l'éditeur: Lorsque, à la fin du lycée, Lane Fielding a fui Waddell, sa ville natale au fin fond de la Floride, pour l'anonymat de New York, elle s'est juré de ne jamais y revenir. Pourtant, vingt ans plus tard, fraîchement divorcée et mère de deux filles, elle se retrouve contrainte de retourner vivre chez ses parents, sur la plantation historique de la famille. Un lieu hanté par le passé et les crimes sinistres de son père, ancien directeur d'une maison de correction.
La disparition de sa fille aînée vient confirmer la malédiction qui pèse sur cette ville. D'autant que dix jours plus tard, une étudiante se volatilise à son tour. Lane, désespérée, entreprend alors de faire tomber les masques autour d'elle pour découvrir si quelqu'un n'a pas enlevé sa fille afin de se venger des crimes de son père.
Sous les eaux noires questionne la solidité des liens familiaux et le danger des sombres rumeurs qui peuvent courir dans une petite ville de province... tout en montrant qu'il n'y a parfois pas de pire endroit que le foyer parental.

Pour le Grand Prix des Lectrices Elle 2020.

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Et ce jeu inspiré du conte Baba Yaga et présenté dans une boîte en forme de livre.

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C'est lundi, que lisez-vous? #266C'est lundi, que lisez-vous? #266

Pour le Grand Prix des Lectrices Elle, j'ai reçu les trois livres sélectionnés par le jury d'octobre et mes sept livres à lire (dont trois devront ressortir). De le lecture intense en prévision et j'en suis ravie :-)

Pour finir, je vous mets les liens des articles publiés la semaine passée et je vous souhaite de belles lectures et découvertes pour celles à venir!

Blandine

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