Treize des quatorze livres primés en 2019. (c) EUPL.
Quel est le palmarès où se côtoient onze femmes et trois hommes? Pas celui de la meilleure pose de vernis à ongles semi-permanent. Pas celui de la meilleure sage-femme. Pas celui de la meilleure secrétaire. Non. Celui de la cuvée 2019 des prix de littérature de l'Union européenne qui ont repris leur vitesse de croisière après avoir célébré leurs dix ans l'an dernier (lire ici).
Bien sûr, avoir quatorze lauréats signifie que tous les pays de l'Union ne participent pas chaque fois à la compétition. Une tournante est organisée depuis 2009, année où les prix ont été créés. Ainsi ont déjà été honorés pour la Belgique Peter Terrin (2010), Isabelle Wéry (2013) et Christophe Van Gerrewey (2016). L'an prochain, on devrait donc avoir de nouveau un lauréat belge francophone. Chez nos voisins français, on trouve au palmarès les noms d'Emmanuelle Pagano (2009), Laurence Plazenet (2012) et Gaëlle Josse (2015).
Palmarès EUPL 2019
Par ordre alphabétique de pays
- Autriche Laura Freudenthaler
- Finlande Piia Leino
- France Sophie Daull
- Géorgie Beqa Adamashvili
- Grèce Nikos Chryssos (Nίκος Χρυσός)
- Hongrie Réka Mán-Várhegyi
- Irlande Jan Carson
- Italie Giovanni Dozzini
- Lituanie Daina Opolskaitė Kovalčikienė
- Pologne Marta Dzido
- Roumanie Tatiana Țîbuleac
- Slovaquie Ivana Dobrakovová
- Ukraine Halyna Shyyan
- Royaume-Uni Melissa Harrison
La liste complète des lauréats, année par année, se trouve ici.
L'anthologie 2019. (c) UEPL.
Comme chaque fois, les auteurs récompensés apparaissent dans une anthologie "European stories" millésimée (248 pages).Pour chacun, une courte bio et un résumé en anglais du livre primé, un extrait d'une demi-douzaine de pages du livre dans sa langue originale et la traduction de l'extrait en anglais ou en français.
Les lauréats 2019, bien entourés. (c) EUPL.
Entièrement en anglais, la cérémonie de remise des prix s'est déroulée en soirée le mardi 2 octobre à Bozar dont le directeur, Jean Dujardin, a eu ces mots: "Nous avons la responsabilité d'écouter nos artistes et nos écrivains parce qu'ils sont comme les canaris dans les mines de charbon. S'il vous plaît, faites en sorte qu'ils puissent chanter." La ministre finlandaise de la culture et de la science, Hanna Kosonen, a dit l'importance des traductions pour la circulation des livres primés témoignant de la diversité de l'Europe et a insisté sur l'importance de la promotion de la lecture avant tout cela.
Sofi Oksanen. (c) UEPL.
Avant la remise officielle - ils avaient été dévoilés en mai - des prix par différentes autorités culturelles , la romancière finlandaise Sofi Oksanen a lu une longue, très longue intervention en anglais. Pas une de ses fabuleuses dreadlocks ne bougeait mais pas sûr que le public l'ait suivie jusqu'au bout de ses mots.La proclamation où les écrivains étaient appelés trois par trois, seulement deux pour Laura Freudenthaler et Sophie Daull, a été marquée par l'intervention du lauréat géorgien. Beqa Adamashvili s'est écrié: "Je dédie mon prix aux opérations de sauvetage en Méditerranée. Ils sont mes héros. Ils sont nos héros." Enfin, la réalité bousculait les belles paroles sur l'entente et la solidarité européennes.
Une assemblée nombreuse. (c) EUPL.
Avant la proclamation, le public était invité à participer à une lecture dans la langue qu'il choisissait. Pour le français étaient réunies les lauréates autrichienne et française.
Laura Freudenthaler a lu des extraits de son deuxième roman, "Geistergeschichte" ("Histoire de fantôme", Droschl, 2019) et Sophie Daull de son troisième, "Au grand lavoir" (Editions Philippe Rey, 2018). Sophie Daull est l'auteur du magnifique premier roman "Camille, mon envolée" (même éditeur, 2015, lire ici) et de "La suture" (même éditeur, 2016), deux histoires de fantômes à leur façon puisque les livres parlent de la disparition de la fille et de la mère de la romancière.
La lecture de Laura Fraudenthaler et Sophie Daull. (c) EUPL.