Après la fête de Lola Nicolle

Par Krolfranca

Après la fête

Lola Nicolle

Les escales

Août 2019

151 pages

Je le sais pourtant. Certains romans français ne sont pas pour moi. Ils ne me sont pas destinés, ils sont écrits pour un autre public. Alors pourquoi ai-je accepté ce livre (moi qui d’ordinaire n’en accepte aucun) ? Un moment d’égarement sûrement et une critique lue peu de temps avant, une jolie critique qui disait à quel point l’écriture de Lola Nicolle était poétique.

Je me suis dit : «Tiens, si j’essayais de nouveau de lire du français un peu intime». Et voilà, ça n’a pas fonctionné, mais alors pas du tout. Oui, l’écriture est parfois poétique, il y a de belles phrases, de belles trouvailles mais c’est tout. Et surtout ça ne suffit pas à faire un bon roman.

 « Après la fête, au fusain du jour montant, la ville s’esquissa lentement. »

C’est un livre très parisien, très impressionniste, au ton suranné, un peu désuet, qui se souvient comme on feuillette un album de photos anciennes. Et pourtant, ce texte est actuel, puisqu’il se situe juste après les attentats du 13 novembre, mais j’ai eu l’impression de lire un texte du début du vingtième siècle. Est-ce dû à l’emploi de l’imparfait à outrance (ce texte n’est que descriptif) ? A l’emploi de la seconde personne du singulier ? A cet effet lancinant des énumérations de ce que l’autre aimait, faisait, lisait ? Aux recherches constantes d’effets stylistiques ? Je suis restée à distance tout au long de ma rapide lecture.

« Jamais tu ne t’arrêtais de lire. Tu achetais les livres par cinq, dix, de poche et d’occasion, chez les revendeurs qui bordaient le boulevard. Lorsque nous croisions une librairie, c’était plus fort que toi ; tu entrais, embrassais du regard l’ensemble des rayonnages. Tu aurais aimé avoir tout lu. Tu imaginais tout ce que tu avais à rattraper, les textes merveilleux manqués. »

La naissance d’un amour, l’écart qui se creuse entre les deux aspirations, la fin d’un amour, les amitiés étudiantes, le passage à l’âge adulte, l’entrée dans le monde du travail et les désillusions. Rien de très original, on l’a lu cent fois. Il n’y a pas vraiment de construction, tout est livré en vrac, de manière un peu brouillonne, et le lecteur reçoit l’ensemble de manière sensible (ou pas !). J’ai trouvé le ton soporifique à souhait, j’ai baigné dans un océan d’ennui.

Je ne dis pas que c’est un mauvais roman, je dis simplement que je ne suis pas le bon public pour un tel livre.