Killer T

Par Tatiana

Quand Charlie est accusée à tort d’avoir mis une bombe dans le lycée, Harry essaie d’aider la fascinante jeune fille, mais sans succès.
Deux ans plus tard, à la sortie de prison de Charlie, la modification génétique est en plein essor : adieu cancers, bonjour perfection physique ! Sauf que des terroristes sèment une panique mondiale en créant Killer T, un virus synthétique dont le taux de mortalité atteint 90 %. Ils réclament un milliard de dollars pour diffuser son vaccin. Harry, devenu entre-temps journaliste sur Vegas Local, retrouve la trace de Charlie dans le journal : elle travaillerait pour un labo clandestin…

⋅ Sortie le 9 octobre 2019
⋅ Science-fiction

1/5

Je viens de finir Killer T, et si tu as suivi ma lecture sur Instagram tu sais à peu près ce qui va suivre dans cette chronique. Je ne vais pas te mentir, avec la couverture et le résumé qui envoyaient tous les deux du lourd, j’avais plus que hâte de découvrir ce roman dans lequel des terroristes s’attaquent à notre ADN… que dire à part que je ne conseille cet ouvrage à personne tellement rien ne va. Petite liste des défauts de ce bouquin ci-dessous.

Je commence mollo, mais sache que le résumé de la quatrième de couverture spoile en fait les 347 premières pages du roman (sur 540). C’est à dire qu’en fait, le côté SF dont on parle dans le résumé n’est pas mentionné pendant 350 pages, c’est à dire que le moment précis où Harry découvre que Charlie bosse dans un laboratoire clandestin, c’est à la page 347. Je veux bien être sympa mais j’ai eu la légère impression qu’on se fichait de moi quand j’ai découvert ça,  parce qu’avec ce résumé qui me donnait l’idée qu’on allait lire un truc de SF, tomber sur une intrigue digne d’un mauvais roman contemporain m’a fait tomber de TRES haut. Et le pire c’est que l’idée de la modification de l’ADN n’est pas plus développée que ça même dans le reste du livre, c’est survolé, c’est pas intéressant, et l’idée est portée par des personnages tellement antipathiques qu’elle sombre complètement dans le néant.

Le deuxième gros problème, et là on s’attaque à du lourd donc sors ton thé, c’est l’hypersexualisation des personnages et le sexisme de ce roman. Un peu de contexte : au début du roman, les personnages féminins ont 13 ans et le moins qu’on puisse dire c’est que l’auteur ne tarit pas d’éloges sur leur incroyable physique : il les qualifie de sexy (13 ans hein), les présente avec des termes bien sexistes en utilisant par exemple seulement leur décolleté (c’est véridique) ou encore un peu plus loin dans l’histoire en présentant une fille fin de quatrième/début de troisième comme « immense, avec des fesses énormes en forme de bulbe » et c’est tout. On ne connaît même pas le nom de la fille aux grosses fesses avant 4 pages plus loin, autant te dire qu’imaginer un bulbe immense qui me parle fut assez étrange, et on sent très vite le deux poids deux mesures dans le traitement des personnages masculins (pas vu de « il avait un pénis complètement tordu, mais un peu chou » passer) et les féminins aux grosses fesses, sexy à souhait et « sentant quelque chose qui m’excite » selon notre cher protagoniste Harry. C’était le malaise général dans ma tête et je ne vois même pas que viennent faire ces descriptions déplacées dans un roman jeunesse.
Côté sexisme on tape fort aussi, avec des remarques de certains persos type « je veux une assistante qui veut bien coucher avec moi aussi, c’est la base », ou encore notre Harry adoré qui est en fait un chouineur du début à la fin. Ses remarques volent très haut et j’ai deux exemples que j’ai notés, qui se situent à mois d’une page de distance : on a le fameux « avec tout ce que j’ai fait pour elle, elle couche avec un autre ! » (il lui a acheté un ordi, ils ont 15 ans, bon), et puis un peu plus loin « elle m’a acheté du thé, elle pense à moi, peut-être que l’autre n’était qu’un coup d’un soir et on va finir par coucher ensemble » (je rigole même pas). On a aussi le bonheur d’avoir une scène où Charlie, la protagoniste féminine, couche avec un moche parce que bon « c’est mieux que d’être seule quand même ». Mais on est où là ?????
Je te jure que c’est un roman qui m’a mise à bout tellement rien ne va et je pense qu’à ce stade on est beaucoup à être sur les fesses (en forme de bulbe bien sûr).

Et vu que j’aime bien le principe du jamais deux sans trois, côté crédibilité c’est l’enfer aussi, laisse-moi t’expliquer un peu. L’histoire commence avec une explosion dans l’école d’Harry, qui décide donc de se précipiter dans le bâtiment détruit (sachant que tout est bouclé par la police) dans le seul et unique but de filmer des trucs un peu sanglants pour revendre cette vidéo à un journal (il a 14 ans), ce qu’il arrive à faire par je ne sais quelle magie, il va ensuite commencer à devenir famous (14 ans) et va se faire solliciter à gauche et à droite par un peu tout le monde (vers 16 ans). Déjà avec ça, j’ai soupiré fort MAIS C’EST PAS TOUT ! Puisque de l’autre côté on a Charlie, 13 ans et sexy, qui fabrique des bombes dans un mobil home, est soupçonnée sur des bases pourries d’avoir fait sauter l’école et est donc envoyée en prison, en sort deux ans plus tad (15 ans donc) et se voit proposer un job dans un laboratoire clandestin de manipulation de l’ADN sans avoir une seule connaissance sur le sujet mais t’inquiètes mon gars c’est fastoche. Voilà pour les 350 premières pages en gros, et je vais même pas m’attaquer à la suite du livre parce qu’on part dans tous les sens et on ne va nulle part entre la soeur de Charlie qui l’a fait enfermer pour on ne sait quelle raison, des morts sans crédibilité (y en a qui se fait asphyxier par un COMMANDO de gars avec un OIGNON bordel, un OIGNON), c’est stupide et le peu de science-fiction qu’on a n’est pas du tout abordé de manière approfondie ou intéressante. C’est rageant parce que l’idée de modifier son ADN pour améliorer tous nos défauts aurait pu amener une intrigue dingue mais là l’auteur est passé complètement à côté.
Ah oui et aussi, la fin ne remonte pas le niveau catastrophique du reste, pour ma plus grande surprise.

Bref, gros coup de coeur pour ce livre (c’est du sarcasme).