En ce mois d’août, le #HMSFFF s’est tourné vers le post-apo ! Un genre littéraire qui reste assez inconnu à votre chère tata Alberte. C’est donc, tête baissée qu’on a décidé de suivre les conseils des vraies et on s’est lancées Dans la forêt de Jean Hegland publié par Gallmeister. Olala qu’on a bien fait !
Avant de commencer cette lecture commune en compagnie de Coline, la blopine de Déjeuner sous la pluie, ta chère Tata ne s’est pas trop attardée sur le résumé. On connaissait vaguement le pitch et on a pas insisté, histoire de se garder la surprise ! Alors voilà qui devrait suffire en terme de résumé pour te donner envie de te plonger dans ce livre :
Le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nellie et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre.
Le reste, tu le découvriras en l’ouvrant ! Si tu n’as pas lu le livre et que tu veux rester vierge de tout préjugés, et cætera, nous te conseillons de revenir lire cette chronique une fois ta lecture terminée parce qu’ici, on va parler de notre ressenti face à cette pépitounette de littérature ! Un livre qu’on a fermé il y a à peine 1 semaine et demi mais auquel on repense déjà souvent et qui, on le pense, nous marquera très très durablement. J’annonce (coup d’pied latéral en pleine face), on part sur un gros coup de cœur des familles et on espère faire une chronique à la hauteur du bouquin !
La route au féminin
Durant la première partie de l’ouvrage, on l’a inévitablement comparé au maestro du bouquin post-apo : La route de Cormac McCarthy ! Alors on se calme tout de suite, oui, c’est très différent et Dans la forêt a été écrit avant La route mais on explique de suite le pourquoi du comment.
Parce que Dans la forêt c’est un peu une version étendue d’un passage précis de La route. Pour ceux qui ont lu le livre ou vu le film (vous devez être nombreux !), on parle ici de la période passé par le fils et son père dans la maison d’enfance de ce dernier. La maison familial, dernière réminiscence du passé, semble nous ramener dans un monde désormais bien éloigné. Ici, c’est ce qui se passe lors de la première partie du livre qui dure à peu près 150 pages, dirions-nous !
Nell’, au gré de ses lectures encyclopédiques se replonge dans ses souvenirs. Des souvenirs peuplés par son père, sa mère, ses amis, cette maison, en bref de tout ce qui faisait sa vie avant la grande catastrophe. Le procédé employé par l’autrice pour nous dévoiler un passé révolu est à la fois grossier et pourtant fichtrement efficace. Chaque mot de l’encyclopédie lu par Nell’ fait ressurgir des souvenirs qu’elle tente, en vain, d’enfouir. Les enfouir pour survivre, pour poursuivre sa vie en tant qu’orpheline désormais. On découvre donc progressivement la vie d’avant, on se familiarise avec Nell’ et Eva à travers les relations qu’elles entretenaient avec leurs parents. La cabane dans les bois en elle-même reprend vie sous nos yeux et on se transpose en même temps que Nellie dans la maison du bonheur qu’elle était auparavant. Les filles menaient jusqu’ici une vie simple, jusqu’aux drames successifs qui bouleversent tout…
L’appel de la forêt
Si on a particulièrement apprécié cet ouvrage, c’est aussi parce qu’il est une ode à la nature. Véritable roman d’apprentissage, Dans la forêt nous montre comment, le dehors peut devenir notre seule maison finalement. Si dans la première partie du roman la forêt dans son immensité est effrayante, pleine de dangers, elle devient, à terme, le véritable refuge de nos deux sœurs. Le cocon familial à une époque si douillette s’effondre, dernier symbole d’une civilisation déchue, et l’appel de la forêt résonne plus fort encore. On a aimé se plonger dans cette forêt pas toujours rassurante, on a senti l’odeur de l’humus humide et de la terre fraîchement foulée du pieds, on a entendu le son des feuilles qui craquent, on a touché du doigt la moiteur de la rosé, on a ressenti la tristesse à la mort du père. BREF on a eu de l’empathie pour ces deux filles et on a ressenti en même temps qu’elles ce qu’elles ressentaient et ça, on a kiffé.
Un roman psychologique
A la lecture de ce petit bouquin de quelques 300 pages seulement (FONCEZ donc !) , on a senti le véritable travail réalisé par l’autrice sur ses personnages. Dans la forêt c’est aussi un roman psychologique. On a pas toujours compris les réactions de certains personnages (Ellie, on te hait) et quelques scènes nous ont assurément surprises tant elles étaient inattendues (mais genre, VRAIMENT). Mais finalement l’autrice parvient à nous faire ressentir la puissance du lien qui uni ces deux sœurs pourtant diamétralement opposées. On s’est sentie face aux même dilemmes qu’elles, on a compris leurs façons propre d’envisager les choses. Là ou dans La route, Cormac McCarthy nous mettait face à un récit assez impersonnel foisonnant de « Le père », « Le fils », et de « ils », Jean Hegland n’hésite pas à nous rendre ses personnages plus proches, plus familiers, à leur créer une histoire propre. Et ce n’est pas pour autant que l’on reste insensible à ce qui nous est narré ! Bien au contraire, le propos qui est tenu nous a paru très universel et c’est aussi pour cette raison que cette histoire nous a touchée en plein cœur les cocos ! On s’est bien imaginée à leur place, sans essence, sans électricité, sans grand chose à bouffer, obligée de brûler notre bibliothèque pour survivre et ça, ça nous a bien fait stresser.
Une symbolique forte
Jean Hegland aime jouer avec l’aspect symbolique des évènements. Au-delà de la symbolique liée aux cauchemars de Nell’ face à la mort du père, on a trouvé que l’ouvrage fourmillait de détails qui ne nous ont pas semblé anodins. On s’explique pour les gens qui ont lu le livre : surlignez le texte pour lire juste en dessous !
La naissance de l’enfant d’Eva nous est annoncée après la relation sexuelle incestueuse (d’ailleurs décrites avec une telle pudeur qu’on a dû relire à deux fois parce qu’on avait un doute, BREF, on est innocente ici !) et symboliquement cette enfant n’est plus celui de l’homme criminel mais bien celui des deux sœurs. Il n’est plus l’enfant non désiré mais bien l’enfant de la Nature même. Bon OK, on va peut être un peu loin, on s’emporte mais on a vraiment eu l’impression que c’était le délire de l’autrice de nous glisser ce genre d’éléments symboliques. Des exemples du genre on en a relevé pleins mais on va éviter de passer pour des illuminés tout de suite ! Si vous êtes d’accord avec la théorie fumeuse exprimée juste au-dessus, faites nous signe en commentaires, on se sentira moins seule !
FIN DES SPOILS (on est sympas quand même hein !)
Une lectrice conquise
La lectrice conquise, c’est évidemment tata Alberte, vous l’aurez bien compris ! Pas de grande surprise nous direz-vous, on s’y attendait avec du Gallmeister. Et pourtant, c’était pas gagné ! Parce que, si vous lisez souvent ce qu’on écrit par ici, vous aurez compris qu’on tient en HORREUR les fins sans surprises. Mais ici, ce n’est pas une fin surprenante à laquelle on s’attend. Dès la moitié du livre, ou pour certains, dès le début, on comprend comment cette histoire va se terminer. Bien plus qu’un final saisissant et surprenant, c’est un récit glaçant de réalisme que l’on souhaite lire. Malgré la fin attendue, on est comme hypnotisée par l’écriture – en version traduite pour nous – et l’ambiance dans laquelle nous plonge cet ouvrage. La maison, dernière trace du passé, s’efface progressivement pour laisser place à un avenir peut être pas radieux mais un avenir plein d’espoir et de nature.
En résumé, Dans la forêt est un récit sensuel (au sens premier du terme) qui nous plonge au cœur de la nature. Un roman américain remarquable qui sait marier Nature writing et récit apocalyptique (rien qu’ça !). La catastrophe se fait progressivement bénédiction et le retour aux sources vient comme un élément de résolution évident. Puisant dans une symbolique forte et développant des personnages incarnés, Jean Hegland a su nous happer pour ne nous lâcher qu’aux derniers mots : « dans la forêt pour de bon. » Car c’est ainsi que tout cela devait se terminer.
Que tu aies lu ce livre ou non, que l’on t’ait donné envie ou non, n’hésite pas à t’exprimer dans les commentaires. Nous on aime bien échanger des petits mots avec toi ♥
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