Aujourd’hui Tata Alberte te revient avec une quatrième chronique (déjà !) du #PLIB2019 et on parle du très poétique Comment le dire à la nuit de Vincent Tassy.
Parmi les cinq grands sélectionnés du #PLIB2019, on retrouve :
– Terre de Brume, tome 1 de Cindy Van Wilder
– Rouille de Floriane Soulas
– La fille qui tressait les nuages de Céline Chevet
– Comment le dire à la nuit de Vincent Tassy
– Le Dieu-Oiseau d’Aurélie Wellenstein
Et aujourd’hui on te parle de :
Comment le dire à la nuit de Vincent Tassy
Avec Comment le dire à la nuit, Vincent Tassy n’en est pas à son coup d’essai, et ça se voit ! On te parle donc aujourd’hui de ce roman qui s’annonçait comme un coup de cœur mais qui au final a un peu fait flop de notre côté ! Mais attention, y a du bon, du très bon même !
Allez, on passe au résumé les cocos :
La dame en noir vivait seule dans son château. Elle ne pouvait pas mourir. De tout ce temps qu’elle avait, elle ne faisait rien. Et puis un jour, elle trouva sur son chemin le garçon aux cheveux blancs.
Elle l’enleva.
Elle voulait vivre une histoire. Une histoire d’amour et de nuit qui traverserait les siècles.
Oui, on sait, avec ça t’es pas bien avancé mais c’est très bien comme ça, on te promet ! C’est avec seulement ce résumé mystérieux en tête que nous nous sommes lancées dans la lecture de Comment le dire à la nuit et si on en avait su plus :
1 – Il nous aurait peut-être donné plus envie
2 – Un résumé plus détaillé gâcherait absolument TOUT parce que c’est un livre assez contemplatif, t’es pas devant un Michael Bay copainG (et c’est tant mieux d’ailleurs.)
Vincent Tassy, ce poète
Dès les premières pages, que dis-je, les premières lignes de ce livre, nous avons été subjuguées par l’écriture de Vincent Tassy. Si l’on devait retenir qu’une seule chose de ce livre, c’est la capacité de l’auteur à créer des images d’une poésie folle. Du début à la fin, la très belle plume de l’auteur nous a envoutée et on s’est délectée de chaque mot, chaque phrase. Relisant parfois même des paragraphes entiers tant ils chatoyaient de mille feux à nos oreilles de fragiles. Eh oui, nos oreilles adorent être chouchoutées mais malheureusement, il est très rare que le style d’un auteur nous chambarde mais là mon p’tit père, on a été servie grâce à Sir Tassy !
Une ambiance de ouf au beau fixe
On a beaucoup apprécié également l’ambiance très darky dark de ce roman et à la fois très kitschouille (cf. la déco Chancellor qui nous a fait prendre notre pied). L’ambiance de Comment le dire à la nuit c’est aussi un véritable mood qu’on pourrait résumer en un gif :
Si ton p’tit pêcher mignon c’est les histoires sombres qui se déroulent presque exclusivement de nuit. Les histoires à l’ambiance brumeuse un peu romantico-gothique, Comment le dire à la nuit devrait faire battre ton p’tit cœur très fort !
L’ensemble de l’ouvrage est recouvert d’une brume épaisse qui recèle de monstres et de créatures d’une beauté fascinante ! Les personnages créés par Vincent Tassy semblent être issus d’une peinture. Échoués dans une nature morte, ils le sont tout autant et ce vide qui les habitent pèse sur l’ensemble du récit. Qu’ils soient morts ou vivants, tous les personnages de Comment le dire à la nuit sont mornes, vidés de cette substance qui fait l’être humain. On s’est imaginée une femme les yeux dans le vague, assise sur un canapé crapaud verdâtre, lisant un Chancellor. Sur la table à ses côtés, un bouquet de fleurs fanées. Le décor est composé d’une tapisserie aux motifs floraux.
Tu vois le genre d’ambiance dont il est question ?
En somme en lisant cette œuvre on s’est imaginée des scènes qui seraient un savant mélange des photographies de Catherine Ledner (pour les imprimés floraux kitschouille) et des personnages très roses bonbons (le sourire en moins) à la Vittorio Regiani ! Faisons l’addition :
Suffit de remplacer le bouledogue de Catherine Ledner par la femme élégante du tableau de Reggiani et BOOM, le tour est joué tu as l’ambiance qui règne dans Comment le dire à la nuit une partie de l’histoire. Une ambiance Chancellor vous disais-je !
Mais attention
Comment le dire à la nuit c’est aussi des « tableaux littéraires » plus sombres ! Vincent Tassy jongle à merveille entre le gothique, le romantique et le kitsch et parvient à créer un univers d’une grande unité. Un univers très visuel qui nous porte du début à la fin du récit. Si tu aimes à la fois le kitsch et l’ambiance corbeaux croassant dans une plaine désolée et embrumée du fin fond de l’Angleterre du XVIIIe siècle, tu mises sur le bon cheval avec ce Vincent Tassy !
Manichéen ? Nenni nenni
Ce que l’on a également beaucoup apprécié dans Comment le dire à la nuit c’est la façon dont l’auteur désamorce tout manichéisme. Il consacre ainsi un chapitre entier au passé de ce personnage que nous considérons comme le « méchant » depuis le début de l’ouvrage. Une façon de nous rappeler qu’il n’y a ni bons, ni mauvais êtres humains. Celui qui, depuis le début était à nos yeux un monstre, devient un être humain en chair et en os avec ses faiblesses. Le monstre perd son caractère monstrueux pour attirer finalement notre sympathie, notre pitié.
Mais alors, c’est quoi le hic ?
Au début, Tata Alberte a vraiment cru au coup de cœur. Elle le sentait à l’approche et même une fois arrivée à la page 150, elle était toujours aussi convaincue ! Mais malheureusement autour de la page 200 environ, des problèmes de rythme se font ressentir. L’intrigue devient un peu répétitive et par moment, il faut le dire, on s’est un peu ennuyée (heureusement, l’ambiance a rattrapé tout ça, promis !).
Second hic : c’est un peu du chipotage mais certains personnages nous ont semblé un peu trop naïfs et ça c’est un truc avec lequel on a beaucouuuup de mal en littérature comme au cinéma ou autre ! À chaque fois, ça nous sort de l’histoire pour nous faire lever les yeux au ciel… (Pour celles et ceux qui ont déjà lu Comment le dire à la nuit, nous parlons du personnage de Parascève lorsqu’elle découvre la véritable nature d’Adriel !)
En bref, tu l’auras compris, Comment le dire à la nuit nous a laissé plutôt mitigouilles au final ! Malgré la qualité de l’univers, de l’ambiance et des personnages déployés par Vincent Tassy, nous n’avons pas été convaincues par la seconde partie du roman qui nous a semblé trainer un peu en longueur, menant inévitablement l’auteur à faire des répétitions qui viennent alourdir le récit. Comment le dire à la nuit reste malgré tout en bonne place pour ce #PLIB2019 et ce, grâce à cette ambiance terrible (dans le bon sens du terme) et cette plume qui nous aura marqué durablement on le pense. Esthétiquement, y a rien à redire !
Et toi alors tu l’as lu ce Comment le dire à la nuit ? Qu’en as tu pensé ? Que tu sois d’accord ou pas avec nous, on reste ouverte à la discussion dans les commentaires donc hésite pas à nous donner ton avis, ça nous intéresse ! 🙂