En ce dimanche après-midi, Tata Alberte te parle de SF et de fantasy. Un mélange explosif réalisé par Yoann Dubos avec Ambition. Mais alors, Yoann Dubos est-il un savant fou ou un véritable génie ?
SPOILER : On est pas sûre d’avoir tout compris mais une chose est certaine, ce livre est loin de nous avoir laissées indifférentes et a fait surgir dans nos esprits beaucoup de questionnements sur l’univers créé par Yoann Dubos et la construction de son œuvre.
Avant toute chose, on va commencer par vous poser un peu le décor les poulets parce que ça fait jamais de mal ! Ambition ça parle de quoi ?
Nous sommes en 2312 et sur la Terre règne un gouvernement de nantis. Pour cause, ce sont les vingt plus grandes puissances économiques mondiales qui gèrent tout ce p’tit monde qu’est l’Humanité. Nom de code de cette organisation gouvernementale : le Conglomérat.
C’est dans ce contexte que l’homme poursuit sa conquête de l’univers. En pleine mission spatiale, un vaisseau est mystérieusement bloqué par une chose invisible avec laquelle il entre en collision. C’est cet évènement qui va révéler à l’ensemble de l’espèce humaine une réalité invisible à leurs yeux depuis des millénaires : les Hommes ne sont pas les seules créatures présentent sur Terre. Le fantastique fait irruption dans leur quotidien. L’heure de la Résonance originelle a sonné.
Donc déjà on part sur un synopsis alléchant, vous l’avouerez mais qui, dès le départ sent le nœud au cerveau, n’est-ce pas ?
Mais on a pas lâché l’affaire, bien au contraire ! La SF avec de la géopolitique c’est notre dada. On a plongé dans Ambition la tête la première.
Ambiance et personnages au taquet
Dès qu’on a commencé ce livre d’environ 400 pages, on a été tout de suite séduites par l’ambiance instillée par l’auteur. On fait immédiatement la rencontre de Clay, un personnage féminin haut en couleurs que l’on a apprécié très sincèrement. Suite à l’échec de la mission Synope, dont Clay faisait partie (la mission dont on te parle dans le synops. On sait, c’est compliqué !), les membres de l’équipage ont été rejetés par la société terrestre qui leur reproche d’avoir fait apparaître de nouvelles créatures avec lesquelles les êtres humains ont à priori pas franchement envie de cohabiter. Clay c’est un peu une marginale. Stéréotype du personnage qu’on va adorer, en somme. Yoann Dubos nous présente progressivement la nouvelle faune qui peuple la Terre. Des créatures plus ou moins sympathiques qui participent à nous plonger dans un univers effrayant. Ambition est dotée d’une ambiance cyberpunk remarquablement bien menée et la description de la ville dans tout ce qu’elle a de plus écrasant participe à un sentiment d’oppressement constant tout au long du bouquin. Mais Ambition c’est également une œuvre très politique qui nous dépeint une ploutocratie des plus glaçante car tout à fait réaliste. Ne vit-on pas actuellement dans un monde où chefs d’entreprises et politiques copinent ?
Tu l’auras compris, le mélange entre SF, fantasy et géopolitique nous a plutôt convaincues ! Un univers original, des personnages attachants (Rory, mon amour). C’est donc jusqu’ici tout bon.
« Mais il va bien y avoir un problème Alberte, non ? »
Oui mon p’tit père, y a bien quelques petits soucis de construction mais notre avis sur ce livre reste assez indécis. On essaye de t’expliquer l’effet qu’a eut ce bouquin sur Tata Alberte de suite. Attention, prépare ton système synaptique et ouvre tes chakras, on a un peu du mal à mettre nos idées au clair aujourd’hui !
Qu’ils sont cons ces Humains
L’auteur ménage notre suspens sur une grande partie du livre pour nous donner une révélation finale assez fuckminded. Tout le long de l’ouvrage vous vous demanderez « Mais d’où viennent ces créatures ? Comment expliquer leur apparition ? » pour qu’au final l’auteur vous dise « Voilà, vous êtes bien un membre de l’espèce humaine. C’est ce qui permet à votre espèce de ne pas s’auto-anéantir, toujours avoir un truc sur votre chemin qui vous fait vous questionner. » Du coup on se retrouve un peu con à se dire « Mais attends Yoaaaaan, il doit bien y avoir une autre explication non ?? ». Et évidemment, vu que Yoann n’est pas là pour répondre à nos milles et uns questionnements, bah on a un peu l’impression de s’être faite couillonnée et on reste sur notre faim !
Un premier tome tout en douceur
C’est à la fois le défaut et la qualité de cette œuvre : le temps que prend l’action à se mettre en place. On sent clairement que l’on se trouve là face au premier tome d’une saga et l’auteur prend son temps pour poser son univers ce qui est plutôt logique et pas con du tout s’il veut qu’on comprenne sa saga, vous en conviendrez. Mais malheureusement la lenteur du récit par moment c’est ce qui lui fait défaut. Si sur les 270 premières pages Ambition est un véritable page turner, on sent une légère baisse de régime au moment où nos trois compères rencontrent Marc Vuillard pour une discussion qui nous a laissée, ma foi, perplexes. A la fin de cette discussion au cours de laquelle toutes les pensées profondes de nos personnages ne nous sont pas livrées, nous n’étions pas sûres d’avoir bien compris les intentions respectives des uns et des autres. Ce passage laisse donc un grand flou sur une partie du récit et finalement
ON A PROBABLEMENT PAS TOUT PANÉ
A la fin de l’œuvre on comprend enfin son titre et on revoit tout le récit sous un œil très différent et on se demande ce qu’il peut bien se passer ensuite. A chaque nouvelle partie on se demande ce qu’il va se passer après. C’est à la fois un sentiment agréable mais déstabilisant, l’auteur nous sort de notre zone de confort et on a parfois l’impression qu’on sait pas du tout du tout où tout ça va nous mener. La lecture de ce livre est forcément active, on ne peut pas être passif face à un tel récit ! A la recherche d’un roman simple et pas prise de tête qui va te permettre de déconnecter ton cerveau cet été ? Passe ton chemin copainG, ce n’est pas le livre qu’il te faut ! Si ce que tu recherches par contre c’est un livre qui te fait un effet
FONCE !
Je n’ai ni adoré ni détesté ce livre, je me sens profondément mitigouille. Pour tout vous dire, Tata Alberte avait jamais ressenti ça fasse à un livre. Ambition est un véritable OVNI à nos yeux. La construction de l’ouvrage rend le tout un peu labyrinthique et certaines choses restent assez floues dans nos esprits (C’est quoi un « prima » au final ? Si quelqu’un a une réponse très précise, on est preneur). Tout ce qui est à l’initial une qualité de l’ouvrage est poussé à l’extrême. Beaucoup des éléments de cet ouvrage sont à la fois qualité et défaut. Pour illustrer ça on va te prendre un exemple parce que là ça fait 50 lignes qu’on est pas claires !
Par exemple, le fait de « Garder le suspens » nous a paru être une super idée au début mais ça devient au final un élément qui complexifie sérieusement l’histoire qui nous est racontées. On peut par exemple enfin comprendre quelque chose qui débloque un autre pan de l’histoire à la page 270 alors que cette chose nous était dites à la page 60… Vous comprenez pourquoi on vous disait qu’on ne pouvait pas lire ce livre passivement. On vous aura prévenu :
C’EST DENSE !
Si à certains moments on se souvenait précisément d’éléments passés du récit nous donnant de véritables clefs pour en comprendre la suite, d’autres fois on a vraiment eu le sentiment d’être passé à côté de quelque chose ! Du coup à certains moments tu es satisfait de comprendre toutes les révélations et leurs enjeux et tu es un peu en mode
D’autre fois tu te retrouveras plutôt perdu et ça c’est moins jojo.
Il est difficile d’expliquer l’impression que nous a laissée Ambition de Yoann Dubos. Ni pleinement réussi ni complètement catastrophique, Ambition nous donne le sentiment d’être un livre qui a beaucoup beaucoup été travaillé et remanié par son auteur. Comme s’il s’était perdu par moment dans son propos à la fois intéressant mais complexe et donc, pas toujours facile à organiser. Enfin, c’est sur Livraddict que l’on a trouvé la plus belle des comparaisons qui résume tout à fait ce qu’est Ambition pour nous. Une lectrice (Lunartic, dont vous retrouverez le blog ICI) dit d’Ambition que c’est une gemme mais qui n’a pas été totalement polie. L’histoire, l’univers créés par Yoann Dubos est d’une grande originalité et semble avoir été travaillés avec grand soin mais quelques passages restent hermétiques au lecteur qui ne comprend pas toujours où l’auteur veut en venir, ce sont là ses plus grandes imperfections selon nous.
Vous l’aurez compris, Ambition est un livre qui nous a beaucoup fait nous questionner sur l’univers mis en œuvre par l’auteur mais aussi sur ce qui manque à cette histoire pour qu’elle devienne très bonne. En termes d’univers, de construction des personnages, rien à redire. Mais c’est plutôt la construction de l’intrigue en elle-même, la succession de ce qui nous est montré par l’auteur qui nous a laissée perplexes parfois. On a été à la fois très surprise par la façon dont l’auteur parvient à maintenir le suspens et déstabilisée par cette façon d’avoir l’air de ne jamais tout dire, c’est ce qui nous a laissée sur notre faim par moment. La fin de ce tome 1 renouvelle le mystère et nous fait remettre en question tout ce que nous venons de lire et très très sincèrement on se demande ici ce que réserve le tome 2 qui, on l’espère nous offrira d’autres clefs de lectures de cet univers qui ne seront peut-être plus aussi humaines ! Mais alors Yoann Dubos et Ambition ? Un savant fou et une expérience ratée ou un génie avec une idée de ouf ? Un génie tout aussi ambitieux que son œuvre dont l’expérience n’aurait pas abouti totalement selon nous captain !
Nous remercions les éditions SNAG Fiction de nous avoir fait parvenir le T.1 d’Ambition. Merci d’accorder votre confiance à Tata Alberte !
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