Grasset – août 2019 – 311 pages
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Jeanne entre en résistance le jour où elle apprend qu’un cancer s’est logé dans son sein gauche. Une petite boule. « Le cancer ne s’attrape pas, c’est lui qui vous attrape. » En sortant de la clinique, elle s’achète un carnet bleu, comme le ciel. Et elle cherche un nom à donner à son cancer. « J’ai pensé au camélia. Un bouton rouge sang. Une fleur de décembre, le mois le plus éloigné du soleil. Voilà. Mon camélia. Mon hiver. »
La toute gentille Jeanne, si douce, polie, prévenante. « La bonne fille, la bonne élève, la bonne épouse qui acceptait tout des autres, de l’indifférence au mépris. » Elle entre en guerre et se métamorphose. Et puis elle rencontre Assia, Brigitte et Melody, ses sœurs de douleurs. Au fil des chimios, une amitié indéfectible naît entre ces femmes – le club des K. Qui sont ces femmes qui chantent la vie, qui font un pied de nez au cancer ? Qui rient, fument, boivent, sans se soucier du lendemain. Qui se serrent les coudes. Leurs rires qui clament haut et fort : « Mort au cancer ! ».
On découvre une Jeanne confrontée aux différentes réactions des uns et des autres après l’annonce de son cancer : la pitié insoutenable, la lâcheté, le dégoût… Et le coup de grâce : Matt son mari invisible qui la quitte, ne supportant plus de la voir comme ça. Une colère nouvelle enfle et gronde en elle. « Je me sentais à la fois fragile et incassable, invincible et mortelle. »
L’écriture de Chalandon me happe dès les premiers mots. Mon dieu comme ce roman m’émeut et me prend aux tripes. Comme je me suis attachée à ce gang de femmes, qui font de leurs faiblesses une force – des femmes lumineuses malgré l’enfer – et qui vont embarquer Jeanne Pardon dans leurs aventures… Une joie féroce est un roman puissant et violent que j’ai dévore avec avidité, éprouvant frissons, révolte, tristesse et fougue.
Gros coup de cœur