La première (brève) saga du clone, dans les années 70, voyait le Chacal faire sortir de ses éprouvettes un clone de Peter Parker, et orchestrer un affrontement entre les deux sosies parfaits. La création artificielle semblait avoir fini sa courte carrière dans les cheminées industrielles d'une usine désaffectée, et le lecteur pouvait alors sereinement passer à autre chose. Sauf que vingt ans plus tard, ce sont les génies du marketing qui ont pris le pouvoir chez Marvel, et pour eux, tout est bon pour empocher quelques dollars de plus. La seconde saga du clone devait au départ durer six mois, mais dès les premières pages de Power and responsability, la saga d'ouverture, on comprend que les quatre titres mensuels du tisseur publiés dans la la décennie vont s'interpénétrer, et que chaque arc narratif sera à suivre sur les pages d'autres fascicules, obligeant ainsi le lecteur à tout acquérir, pour y comprendre quelque chose. Par la même occasion, les scénaristes se retrouvent obligés de fournir un long et fastidieux travail de coordination, qui après de bons débuts prometteurs, finit par partir en sucette, avec de l'inspiration last minute à tous les étages. Un des trucs narratifs les plus éculés fut mis en place alors. On balance de nouveaux personnages, dont on ignore le background, les motivations, la vraie identité (Scrier, Judas Traveler...) et on attend les réactions du lectorat, pour décider s'il vaut la peine ou pas de les exploiter en profondeur. Pour compliquer le tout, Peter Parker et le clone, baptisé Ben Reilly, se retrouvent au départ avec Kaine, une autre expérience "dégénérée", dont les bonnes intentions sont mâtinée d'un brin de folie furieuse. Ajoutez à tout ceci la mort, bien entendu. Octopus passe l'arme à gauche (depuis ça va bien mieux), mais aussi la Tante May, qui nous quitte dans un épisode d'une tristesse poignante et inoubliable, signée De Matteis. Sauf que en fait non, ce n'était pas elle... Marvel marche vraiment sur la tête, et les coups de théâtre mensuels commencent à ressembler un peu à tout et n'importe quoi. La saga du clone part en eau de boudin...En fait, il fallait rajeunir ce bon vieux Peter, et son mariage avec Mary-Jane avait fini par crée la sensation d'un personnage en état de sclérose créative. Comment faire revenir sur scène un Peter plus "jeune" et débarrassé d'années de lecture considérées comme autant de poids morts pour le héros? En le remplaçant par lui-même, pardi! Pendant ce temps le colosse se découvre des pieds d'argile. Chez Marvel la crise commence à faire sentir ses effets pervers, et dans les nineties, nous sommes loin des succès colossaux au cinéma, qui permettent une toute autre manière de considérer l'ensemble des héros de la maison des idées. Il est décidé de diviser l'ensemble des séries en groupes, ou familles, de limiter l'interaction entre celles-ci, de mettre de coté l'importance du rédacteur en chef global. Sauf que non, on revient assez vite à la formule de départ, et Dan Jurgens qui avait été appelé pour chapeauter les sorties consacrées à Spider-Man, quitte le navire car frustré de voir que le choix de faire de Reilly le véritable héros se fait au détriment de ce bon vieux Parker.Et les histoires en elles-mêmes? C'est simple, celles prévues en deux parties sortent en quatre, des tas de clones ou de versions distordues, crées par le Chacal, entrent en scène et bondissent dans tous les coins. Le climat devient sombre, violent, Mary-Jane est enceinte, s'inquiète pour le bébé, accouche, son couple s'exile à Portland, puis revient, puis on pense enfin voir la fin de la saga du clone, mais c'est alors qu'arrive Onslaught, crossover inventé de toutes pièces pour surfer sur le pouvoir de la franchise la plus bankable alors, c'est à dire les mutants....Bref, à ce point du récit, plus personne ne sait comment apporter une conclusion. Comment remettre Parker au centre des débats? Comment se débarrasser de Ben Reilly et de Kaine? Qui pointer du doigt comme vrai responsable de cet imbroglio? Allo monsieur Osborn, vous êtes libre pour servir de bouc émissaire?Bref, comme dirait Pépin. Nous gardons tout de même de bons souvenirs de certains coups de théâtre, et un pincement au coeur à l'idée que c'est aussi dans ces années là qu'en France Semic se retire du marché, pour laisser les droits Marvel à Panini. La Saga du clone, interminable, ultra dense, parfois incompréhensible dans ses choix, à déjà fait l'objet d'une publication chez l'éditeur de Modena, sous la forme de deux omnibus, introuvables à prix raisonnable. Et voici que .... énième rebondissement, l'ensemble est de retour, dans des Omnibus un peu plus légers, au format plus grand, avec trois volumes de prévus. Vous suivez encore? Bravissimi. Si vous avez manqué cette page fondamentale et psychotique des années 90, c'est en ce moment que ça se passe, en librairie!
Le premier Omnibus est sorti. Voici le lien :
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