La rentrée des classes signe aussi la rentrée de Babelio "Masse critique". Ce livre m'a été attribué, je vous en donne ma critique.
Clarisse (Sissi pour son papa) n'a plus sa maman auprès d'elle depuis 10 ans. Elle est étudiante à Sciences Po.
Elle a retrouvé une photo de groupe sur laquelle sa mère sourit et ne dégage que du bonheur. Elle avait environ 21 ans. Elle a été prise en Russie, à Saint-Pétersbourg, vers les années 1993. L'URSS s'éteignait.
Comment, d'une photo à une autre, un visage peut-il se transformer, s'éteindre et mourir à ce point ?
Comme seul souvenir de cette période Russe, il y a cette photo et une souvenance d'un Domovoï, *sorte de lutin, fait de paille et de rafia, les yeux oblongs remplis d'une candeur innocente au-dessus d'un nez en patate et d'une bouche absente, les lèvres dissimulées par une moustache et une barbe si longue que le corps entier s'en trouve masqué.
Les Russes font ça, ils laissent sur la table de la cuisine de quoi nourrir leur Domovoï, des offrandes ... Pour se garantir une vie paisible.
La jeune fille, dans le cadre de ses études, décide d'en découvrir plus en allant dans ce pays. Son papa, même s'il ne voit pas l'intérêt, organise son séjour, à Moscou, chez une amie, colocataire d'Anne en 1993, Goharik, arménienne d'Azerbaïdjan, qui l'hébergera.
Le russe pourrait bien me conduire jusqu'à Maman, à ce qu'elle fut avant que je naisse, à cette femme qui nous abandonna et que je voulais tant connaître.
Comment découvrirai-je la vérité à Moscou ?
Sa maman était à Saint-Pétersbourg.
Les chapitres du roman alternent entre l'année 1993 avec Anne Laforêt (Ania en Russie) et l'année 2015 avec Clarisse (Clarounia). On est soit à Paris soit à Moscou.
Y a-t-il un secret derrière ce bonheur ?
Julie Moulin est une passionnée de la Russie et elle partage cet attachement avec son lecteur. Quelques expressions sont glissées tout au long de notre lecture.
En 1993 Anne note le grand décalage et le retard de la Russie par rapport à la France.
La volonté de Clarisse, en faisant ce voyage "scolaire" à la base, est de retrouver l'ambiance du pays que sa maman a essayé de lui transmettre à travers le gardien des foyers, le Domovoï. Elle veut aussi savoir ce qui a rendu sa mère si heureuse comme sur la photo. Elle espère que Goharik va coopérer.
Ce voyage, comme pour sa maman 20 ans plus tôt, va obliger Clarisse à sortir de son cocon familial, à s'ouvrir, à se construire pour passer de l'adolescence à la vie d'adulte.
Je (Clarisse) suis transformée depuis que j'ai quitté Paris ; je ne sais pas si je m'ouvre l'esprit ou si je gagne en confiance, mais de toute évidence la césure m'est bénéfique.
Anne fait de belles rencontres et l'accueil de Maria Grigorevna Sourova et sa famille font plaisir à lire.
Les Russes savent jouir de l'instant présent et faire de chaque jour une fête.
L'intérêt du livre est la description de l'éveil de la Russie après des années de privations, de misère, de violence, l'encadrement du peuple et le communisme. Anne va vivre cela en 1993. 22 ans après, on peut faire la comparaison avec le passage de Clarisse dans ce même pays et la même ville. Poutine est au pouvoir.
L'écriture est dense avec peu de dialogue. Les chapitres sont courts, regroupés en trois actes. Notre lecture demande de l'attention. J'ai pu lire que quelques pages à chaque fois. Cela m'a donné une impression de lenteur, de longueur. Cependant, je voulais terminer ce livre pour savoir où l'auteure voulait nous entraîner. J'ai bien fait. Les derniers chapitres sont intéressants et donnent une fin que je n'avais pas envisagée.
L'histoire est originale et à découvrir même si MOI je suis passée un peu à côté.
* description prise dans le roman
En résumé (avis très personnel) , à vous maintenant :
+ Les descriptions de la Russie sont très intéressantes, instructives.
+ Le présent et le passé s'entremêlent mais sont bien définis au début des chapitres.
+ Références à l'histoire de la Russie, de ses conquêtes, de ses engagements.
+ Sympa le marque-page glissé dans le livre.
- Écriture pas assez fluide, la lecture n'est pas facile et n'a empêché d'apprécier à sa juste valeur le roman.
💜 6/10 Lecture sympathique grâce aux derniers chapitres
Titre : Domovoï (5 septembre 2019)
ISBN numérique : 9782362794216
Nombre de pages (papier) : 290
Prix : broché 18 € /numérique 11 € 99
Ce livre vous tente, vous pouvez le trouver ICI ou ICI (non sponsorisé)
Russie, origines, héritage, nain, secrets de famille, esprit protecteur, légende russe, mélancolie, bonheur,
Elle avait des lubies comme ça, Maman, des foucades et des idées extravagantes. C'était comme vouloir dépiauter du hareng séché en plein jardin du Luxembourg. P. 14
Le mot "Amour" était placardé en grand partout, j'avais l'impression que les déçus de l'Église de Papa s'étaient donné rendez-vous chez Amma, comme si enfin le message d'amour que toutes les religions véhiculaient allait une fois pour toutes s'incarner dans cette femme. P. 32
Il est seulement en retard de trois semaines. Il a pris son temps. Ce temps qui ne s'étire pas de la même manière en Russie qu'en France. P. 71
Faire un guide exact de Moscou et des Moscovites au début des années 1990, c'est dire aussi la soumission de tout un peuple à l'enrichissement de quelques-uns. P. 142
Pour en savoir un peu plus :
Photo de la couverture (Photo éditeur) : François-Xavier DELARUE
Comme la vie des livres n'a pas de limite, je vous rappelle les chroniques faites il y a ... un certain temps. Vous avez lu ce (ou ces) livres ? Qu'en avez-vous pensé ?