Marylin Maeso, normalienne, agrégée et professeure de philosophie, elle travaille sur l’essentialisme et sur la philosophie politique contemporaine. Paru en 2018, Les Conspirateurs du silence, son premier ouvrage, vient d’être réédité dans une collection de poche.
Je connaissais Marylin Maeso par le réseau social Twitter – ce vaste dépotoir où parfois l’on voit fleurir une fleur… Une voix digne, jamais haineuse mais toujours prompte à réagir aux propos ignobles des uns et des autres par une argumentation solide, un combat sans fin (semble-t-il) contre le racisme, l’homophobie et j’arrête là, la liste des infamies dont se nourrit l’oiseau bleu. Je ne pouvais donc pas ignorer ce petit essai.
Lorsque Marylin Maeso a ouvert son compte Twitter, elle pensait (naïvement ?) entrer dans un lieu de discussions, d’échanges riches et de confrontations d’idées mais très vite le constat s’est imposé : ici tout n’est que prétexte à polémiques, insultes et autres joyeusetés du même tonneau. D’où cet essai dont le titre est emprunté à un article de Camus où il déplorait l’impossibilité de débattre (en 1948 déjà !) ou bien de prononcer certaines vérités. Oui, c’est le paradoxe de notre époque, tout le monde parle mais personne ne dit rien. Du moins, rien de constructif, au contraire même. Nous en sommes arrivés à un point où certains mots sont devenus tabou (je vous laisse choisir votre hashtag), les prononcer du bout des lèvres nous expose à la vindicte quasi générale : certains en font leur fonds de commerce tandis que d’autres préfèrent ne pas les employer et donc s’autocensurent. Quand il devient impossible de s’entendre sur les mots, comment voulez-vous discuter ? Cet ouvrage permet à la philosophe de démonter les mécanismes de la situation en s’appuyant sur Camus, Bergson etc.
J’avoue ne pas être entièrement satisfait par cet essai – qui mérite néanmoins d’être lu. Tout d’abord parce qu’il se partage entre passages très clairs et simples à lire – surtout au début du livre - et d’autres qui m’ont paru plus complexes, n’ayant pas le niveau ou les connaissances intellectuelles suffisantes. Mais surtout, parce qu’un long chapitre est consacré à répondre à une polémique avec Houria Bouteldja (une militante politique franco-algérienne, porte-parole du Parti des Indigènes de la République et très controversée) dont j’ignorais tout.
Conclusion : le bouquin est très court, il peut être lu avec grand intérêt pour certains passages et l’auteure me semble une belle personne dont la voix mérite d’être entendue et la pugnacité à combattre les contre-vérités saluée. .