Les Secrets de Cloudesley de Hannah Richell

De l'Angleterre, on aime Londres, on aime Jane Austen, on aime le thé Earl Grey et éventuellement la reine Elisabeth... On connaît moins bien ses campagnes profondes, comme le Buckinghamshire, mais, j'insiste, si vous aimez tout cela de l'Angleterre, laissez-vous guider par Hannah Richell : c'est un voyage que vous ne regretterez pas.

On y retrouve un charme britannique qui mêle jeune(s) femme(s) naïve(s) et société pompeuse, pauvreté et richesse, amour et violence, mais de manière originale et fort plaisante.

Voici la quatrième de couverture : Les Secrets de Cloudesley de Hannah Richell 1955. On dit qu'au manoir de Cloudesley, l'ennui n'existe pas. Pourtant, ce lieu de faste et de beauté, Lillian Oberon rêve de le fuir. À vingt-six ans, la jeune femme n'arrive plus à maintenir les apparences d'une vie heureuse aux côtés du séduisant magnat et collectionneur Charles Oberon. Qu'est-elle réellement pour lui ? Une œuvre de plus à contempler ou une femme à aimer ? Mais le jour où le destin place sur son chemin un peintre passionné, une autre vie semble possible...
Soixante ans plus tard, de la splendide demeure ne reste qu'une bâtisse en ruines. De retour à Cloudesley pour veiller sur Lillian, sa grand-mère adorée, Maggie Oberon fait une promesse : sauver l'héritage familial. Mais comment affronter les créanciers ? Et, surtout, comment la jeune femme, aux prises avec ses erreurs passées, pourra-t-elle gérer seule le domaine ?
Maggie ignore qu'entre les murs décrépis de la vieille maison se cache un trésor inestimable. Et un terrible secret, qui pèse sur elle et sur Lillian...

Deux voix, deux temps, deux époques s'entrelacent finement tout au long de ce récit que j'ai vraiment eu du mal à lâcher. Mais au sein de ce concerto, une même énergie, celle de la femme passionnée et bridée qui voudrait quitter son carcan. La seule différence entre Maggie et Lillian sa grand-mère, c'est que c'est encore possible pour l'une des deux.

Cette histoire familiale est une histoire forte qui ne se contente pas de happer le lecteur, complètement avide de connaître la suite de l'intrigue, c'est un récit qui se transforme en une véritable ode à la vie et à l'amour, malgré les difficultés, malgré la violence, malgré la guerre et malgré le temps. Les deux voix fusionnent enfin et ce chant libère Maggie.

Tous ces secrets, ces non-dits, ces trahisons sont parfaitement orchestrées, les révélations sont progressives et apportent chacune leur lot de conséquences qu'on n'avait pas vues venir. Ce qui reste inexplicable est constamment justifié par Lillian (du moins le tente-t-elle), et ce qui cache une raison forcément profonde n'est dévoilé qu'à la fin. Chaque personnage porte en lui une profondeur qui rend le récit réaliste et l'ensemble captivant.

Quant au décor, il est vraiment central dans le texte et l'auteure réussit à le rendre assez précisément sans le décrire dans les détails. Ce manoir est imposant, fastueux, inquiétant et j'ai retrouvé dans le va-et-vient entre les deux époques un ressenti assez proche de celui que j'avais éprouvé en regardant Titanic de James Cameron (ces scènes où l'on passe de l'épave au fond de l'océan au paquebot flambant neuf). C'est déjà impressionnant avec les effets spéciaux, ça l'est d'autant plus quand l'imagination est la seule à travailler.

Vous l'aurez donc compris, c'est une lecture que j'ai beaucoup aimée. Une de ces lectures qu'il est agréable de faire sous un plaid au coin du feu le soir...même quand on n'a pas de cheminée... et de courtes soirées !

Priscilla