Slatkine & Cie – Août 2019 – 208 pages
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Conquise par La fin de la solitude, j’avais en revanche été déçue par Le dernier été, qui m’avait laissée un sentiment très mitigé.
Dans son nouvel opus, Benedict Wells nous livre dix récits assez différents les uns des autres, où l’étrange n’est jamais loin et la réalité souvent incertaine…
J’ai été particulièrement marquée par Henry M., le héros tragique de la première nouvelle, La Promenade. Ce père de famille qui éprouve le besoin d’une randonnée en solitaire le jour de l’anniversaire de son fils David, qui souffre de migraine chroniques. Il ne tient pas compte des conseils de sa femme et décline la proposition de sa fille de l’accompagner. Au fur et à mesure de sa randonnée, l’étrange s’invite sournoisement dans la réalité : une brusque odeur de putréfaction, un chien menaçant qui apparaît, puis disparaît, une terrasse désertée. Comme si la réalité se mettait soudainement à déraper, à le trahir.
Et puis il y a Margo, cette jeune romancière en mal d’inspiration, qui passe l’hiver à travailler sur son roman, sans succès. Une nuit, elle est réveillée par le baiser d’un inconnu aux cheveux bouclés bleus…
Et ces deux hommes qui se retrouvent enfermés à clé dans une salle sans savoir pourquoi et qui survivent grâce à des parties de ping-pong.
Et ce gardien de nuit qui passe Noël dans une bibliothèque, entouré de milliers de livres. Le lien semble hanté, mais ce ne sont que les classiques de la littérature qui se mettent à parler entre eux.
Enfin, dans la nouvelle qui donne son nom au recueil, on rencontre un réalisateur vieillissant qui décide de révéler la vérité à un journaliste venu l’interviewer. Une histoire mêlant Star Wars et un étrange ascenseur permettant de voyager dans le temps.
Le talent de conteur de Benedict Wells est proprement fabuleux et jubilatoire ; j’ai dévoré en un clin d’œil ce recueil composé de nouvelles tour à tour touchantes, effroyables, surprenantes et drôles qui nous plongent dans un monde où la réalité se laisse sournoisement envahir par le surnaturel et où l’on se retrouve ballotté entre vérité et mensonge.