Valentine Goby
Actes sud
21 août 2019
379 pages
Il a 22 ans, il est beau, il est jeune, il est amoureux, mais un jour de l’hiver 1956 il va basculer dans un trou noir.
Les mots de Valentine Goby disent le désespoir du personnage, ses doutes, ses envies de mourir et puis sa renaissance, sa force, sa ténacité, son choix de vivre. Ils sont justes, ils font mal et ils forcent notre admiration du personnage.
C’est aussi un roman historique qui va à la rencontre de la genèse du monde du handisport. L’auteure s’est beaucoup documentée et a su mêler adroitement les faits réels avec le monde imaginaire. François, personnage fictif certes mais ô combien authentique, nous donne une leçon de vie, une leçon d’espoir grâce à de longues phrases enveloppantes, qui nous cueillent au creux de notre confort pour nous emporter dans le monde de l’inconfort, de la souffrance, des corps abîmés mais sublimés par la plume de l’auteure.
On peut ne pas aimer le style de Valentine Goby, j’avoue avoir été parfois agacée par toutes ses énumérations, mais on ne peut pas rester insensible à l’histoire de François, à l’histoire de tous ces êtres meurtris dans leur corps, à la volonté de l’auteure de nous confronter à l’Histoire du handisport, à travers la natation.
J’ai été particulièrement touchée par les mots de François qui aurait tellement aimé être aimé par une femme au corps intact… cette volonté farouche de faire partie du monde dit « normal » et sa propre difficulté à aimer un corps mutilé. Ça sonne tellement vrai que l’émotion jaillit des mots sans retenue.
J’ai aussi beaucoup aimé les petites incursions de l’auteure au fil de la narration, c’est bien elle qui tire les ficelles et ses personnages ne savent pas qu’ils sont à la source de ce qui deviendra le handisport.
« Il se dit que depuis un an, depuis le jour de Bayle, de toute façon il a changé d’espèce. »
C’est un roman solaire.