Premières lignes #29 - 2019

Par Flaure @FLaureFL

Rendez-vous pour vous donner envie de découvrir ma lecture du moment

Les premières phrases ... avant de lire ma chronique dans quelques temps.

L'invite se voulait la plus neutre et la plus discrète possible.

Mais elle ne fut pas immédiatement suivie d'effet.

- Si vous saviez..., reprit Lisa au bout d'un moment. Je voudrais tant que vous me touchiez... que vos mains me parcourent le corps.

Décidément, Lisa était sans surprise.

Quelques banalités destinées à l'échauffement, du genre : " La concierge fouille encore dans ma boîte aux lettres... Le chef de service est infernal avec moi... Le contractuel n'a rien voulu savoir... ", et puis on passait aux choses sérieuses. Lisa se tournait légèrement sur le côté. Sa respiration devenait haletante, elle se mettait à gémir doucement, et je pouvais, presque géographiquement, observer la montée de la pulsion.

Ensuite, l'appel à la luxure, généralement suivi d'un long silence.

- Avec vos cheveux blonds, vos yeux bleus et votre fossette au menton, dit-elle, vous devez avoir un succès fou. Vous me faites penser à...

A Kirk Douglas peut-être ? D'un geste rapide, je ramenai une mèche de cheveux qui m'était tombée devant les yeux. Lisa ne termina pas sa phrase, elle s'enferma dans une sorte de mutisme obstiné, presque malveillant.

Cette question la mit hors d'elle.

- Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? De toute façon, vous ne me toucherez pas, espèce de sale impuissant ! Il y a des hommes qui paieraient pour me mettre la main aux fesses...

Elle s'interrompit et rectifia aussitôt :

- Pas tous... Il y en a certains, il faudrait les payer pour cela... Et encore, rien n'est moins sûr.

Un long gémissement nous conduisit alors à Henri et à cette interminable histoire de mariage.

- La suite, vous la connaissez... Pourquoi ai-je laissé Henri publier les bans de notre mariage ? Allez donc savoir ! Il est vrai que je peux encore dire non lorsque nous serons à la mairie. Dire qu'il voulait aussi se marier à l'église ! Mais ...

→ Roman noir chez un analyste.

Titre : Neutralité malveillante (3 mai 1995)

Auteur : Jean-Pierre GATTEGNO

Nombre de pages (papier) : 237

Il s'agit de présenter chaque semaine l'incipit (premières phrases) d'un roman. Il vous permet de découvrir en quelques lignes un style, un langage, un univers, une atmosphère.