Albin Michel vient d’éditer le classique peu connu en France, Les petites robes noires. Écrit par Madeleine Saint-John en 1993, les petites robes noires relate la vie des vendeuses d’un grand magasin, le Goode’s. Vendu comme un roman résolument moderne et subtile, Les petites robes noires montre la vie peu joyeuses des femmes en 1959.
LES PETITES ROBES NOIRES
PEUT-ETRE AURAIT-ELLE ÉTÉ ENCORE COUVERTE DE FARINE SI SON TED N’ÉTAIT PAS ARRIVÉ DANS SON BEL UNIFORME MILITAIRE. UNE FOIS CELUI-CI ÔTÉ, IL AVAIT MOINS D’ARGUMENTS. MAIS QUE VOULEZ-VOUS, C’EST LA VIE
Lisa est une jeune femme intelligente cherchant l’indépendance. Quoi de mieux, pour faire ses armes, que de travailler dans le temple de la consommation : le Goode’s. Robe du soir en taffetas, gants les plus précieux ou encore haute-couture française, très vite Lisa devient un poisson dans l’eau. Se mêle et s’emmêle alors les vies des vendeuses, pour le meilleur et le pire.
Un roman sur l’univers de la mode ! L’idéal pour moi où je peine à trouver des romans en lien avec ma profession. Si en plus il a une dimension féministe, c’est vraiment du pain béni. Sauf que, Les petites robes noires est l’exemple parfait de la déception amère. Enthousiaste comme j’étais, j’enfilais les pages à une vitesse folle au départ. Je n’étais pas en quête d’un style littéraire incroyable comme je cherche parfois, mais véritablement d’une critique subtile de la condition de la femme. Sur ce point, j’ai été servi, mais plutôt avec de gros sabots. J’ai découvert une représentation de la femme mal dessinée ou devrais-je dire, cliché dans ce qu’on peut faire de pire. Tant de méchanceté et de mesquineries font d’elles des personnages inintéressants et encensent l’image d’une femme potiche, bonne à cracher sur le dos de sa voisine pour espérer briller en société. Je pense, sincèrement, que j’aurais pu passer outre cette image de la femme, mais malheureusement elle n’est que la surface de l’iceberg puisque le tout est magnifiée de propos sexistes bien comme on aime… Et là, ce fut la goutte de trop.
Je peux comprendre que pour retranscrire une époque, on se doit de passer par des archétypes et certaines situations qui étaient véritablement sexistes. Pour autant, dans Les petites robes noires, c’est un constat que fait l’autrice, plus qu’un souhait de faire prendre conscience au lecteur d’une certaine misogynie en 1950. Et d’en apporter une analyse avec des personnages à contre-courant ou qui se pose des questions sur leur époque.
À mon sens, Les petites robes noires n’est pas à lire si on est trop engagé dans le militantisme féministe ou alors il faut vraiment poser son cerveau à côté de soi. Dans le même genre (la mode en moins) qui réussit très bien l’exercice de « montrer une époque tout en présentant une possibilité d’émancipation » est assurément Les demoiselles du téléphone
. Pour moi, cela ne l’aura pas fait. J’attendais beaucoup de cette lecture et de ce classique, mais ce sera une déception.
Les petites robes noires écrit par Madeleine Saint-John
Traduction de Sabine Porte
Sortie le 2 octobre 2019
Edition Albin Michel
Mon exemplaire est un service presse
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