Car dans Watchmen, un nouvel attentat sur un policier remet le feu aux poudres. L'attaque amène le commissaire de police Judd Crawford (Don Johnson) à appeler la détective Angela Abar (Regina King) pour enquêter. Angela a été blessée durant la Nuit Blanche, et a perdu son partenaire, mais elle a courageusement repris son travail au sein de la police, en utilisant une entreprise de pâtisserie comme couverture. Bonne pioche, l'actrice est d'une crédibilité totale, et le personnage est fort, complexe, intrigant, et prouve combien Lindelof est désireux de faire du neuf avec une franchise qu'on réputait inabordable.
Le showrunner découpe Watchmen en petits morceaux, qu'il parvient à cacher dans les replis des scènes. Un manifestant agite le panneau "L'avenir est prometteur", au lieu du dicton de Rorschach "La fin est proche"; le slogan "Quis custodiet ipsos custodes?" est devenu la devise de la police; la goutte de sang ne tombe pas sur un smiley, mais sur l'insigne d'un policier (pour signaler qu'ils sont le produit de la transformation des super-héros) et à son tour, le smiley n'est plus un badge mais la forme prise par les jaunes d'oeufs cassés par Angela au cours d'une démonstration à l'école; le parfum Nostalgie d'Adrian Veidt devient des pilules qui font revivre le passé; la police utilise un véhicule volant comme celui de Night Owl; un hôtel à l'arrière-plan s'appelle le Corsaire Noir. Le test de Rorschach est devenu la Capsule, une salle d’interrogatoire dans laquelle les symboles de l’Américan Way of Life sont projetés sur les murs (publicité pour le lait, alunissage, photo de cow-boy) pendant que les suspects répondent à des questions, pour voir s'ils ont des préjugés psychologiques, amenant à lutter contre l'ordre établi. N'oublions pas non plus d'aborder le seul personnage "survivant" de l'oeuvre en comic book, c 'est à dire Ozymandias, ici campé par un Jeremy Irons un poil cabotin, tout occupé à réciter le role du lord fantasque et déconnecté des règles morales et sociales du tout un chacun. Le Doctor Manhattan est régulièrement cité, mais aux dernières nouvelles, il est toujours sur Mars...
Pour résumer, Watchmen est le moyen pour Lindelof de parler d’autre chose: des super-héros au sens le plus large possible (dans la fiction, tout le monde s’est approprié une image - ou un imaginaire - en déformant le sens, ce qui en fait un accessoire esthétique, au service de chacun), de racisme, de suprématisme, du patrimoine culturel, de l’information et ses manipulations. Il semble animer du désir de proposer une revisitation complète de l'oeuvre d'Alan Moore, tant en la faisant coller d'avantage à des thématiques modernes, ou tristement anciennes, mais qui reviennent furieusement sur le devant de la scène. Difficile de savoir exactement où va Watchmen, après juste deux épisodes, mais force est de constater que nous avons envie d'aller vérifier.
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