Black Science #43

Lancée en novembre 2013, Black Science est une série qui nous a accompagné dès le lancement du site. Mais, voilà, toutes les bonnes choses ont une fin, et 6 ans après, Rick Remender, Matteo Scalera, Dinisio Moreno et Rus Wooton rangent leurs jouets avec un numéro fort réussi.

Les derniers épisodes de Black Science ne m'ont pas transcendé, j'avoue. En tout cas, la lecture m'a paru nettement moins passionnante et surprenante que les premiers épisodes. Je me rappelle de l'enthousiasme avec lequel je vous écrivais mes critiques avec des twists de fous, des changements de cap inattendus et le grand final du chapitre 4. Mais, finalement, seul ce dernier chapitre m'a vraiment déçu - même si qualitativement cela reste très bon.

Même si les précédents épisodes sont en-dessous du reste - à cause d'une répétition d'astuces scénaristiques qui ont fini par rendre anti-climatique chaque mort voire chaque destruction de Monde, ce final m'a plu en tant que tel alors que Remender abuse une dernière fois de ce jeu de ficelles qui m'avait un peu eu à l'usure. Il faut dire qu'il s'agit là d'un effet de style afin de pousser Sara à suivre Grant dans son entreprise suicidaire.

Même si j'avais compris que la résolution de l'intrigue se jouerait avec les deux époques qui s'alternent, j'ai été surpris par le final - même si pour garder l'effet de surprise Remender joue la surenchère notamment avec la scène d'introduction. En tout cas, le final de la série est à la hauteur de la série.

Oui, tout n'a pas été génial mais la prouesse de Remender d'avoir su maintenir l'attention tout le long, d'avoir écrit une histoire aussi complexe tout en étant cohérent, d'avoir su développer tous ces personnages avec des histoires sombres et audacieuses, et d'avoir écrit un récit punk mature, véritable oeuvre personnelle qui vient à s'ajouter à Fear Agent et Deadly Class de l'auteur, des titres qui retracent la vie de l'auteur à différentes époques. En effet, Remender évoque ici sa vie en tant que jeune père, ancien anarchiste mais toujours punk dans l'âme bossant pour une grande société et qui a l'impression de vendre son âme au diable en faisant ça.

C'est ce côté personnel qui a donné à Black Science tant de saveur, on sent le vécu à chaque moment malgré la surenchère de dimensions farfelues, de monstres interdimensionnels étranges et de destructions massives d'univers.

Black Science, c'est aussi une équipe artistique de folie. Matteo Scalera a été très fort tout le long à jongler entre les ambiances, à nous dessiner des univers de science-fiction pulps, de heroic-fantasy, de polars, de science-fiction moderne, des histoires oniriques ou psychédéliques. Son travail a été fabuleux, que ça soit lorsqu'il était accompagné de Dean White aux couleurs ou de son acolyte Moreno Dinisio qui a été une véritable révélation au fil des numéros. Je n'oublie pas le lettreur Rus Wooton au style si clair et arrivant à placer ses bulles de manière efficace afin de rendre la lecture aussi fluide que nécessaire. Ce dernier épisode ne déroge pas à toutes ces règles, il était aussi passionnant à lire que beau à regarder.

Black Science #43