Nous qui n’existons pas

Nous qui n’existons pas

Si ces pages devaient être lues par d’autres qui sont comme moi, d’autres qui se cherchent et n’osent pas s’avouer, j’aimerais leur dire qu’ils ne sont pas seuls.

⋅ Publié le 1er octobre 2018
⋅ Non fiction
Résumé

5/5

Ce n’est pas dans mes habitudes de lire de la non-fiction, en fait c’est un genre que je ne lis quasiment jamais, pourtant quand on m’a envoyé un article qui parlait de ce petit ouvrage, je n’ai pas hésité : les livres sur l’asexualité sont rares, autant te dire que j’ai couru. Vite.

Nous sommes ceux qui, un jour, ont dû décider de ne plus se taire.

C’est difficile, de juger un livre aussi intime et compliqué, et ça l’est encore plus quand il résonne à ce point avec toi. Tu ne le sais peut-être pas mais j’ai fait mon coming out il y a quelques mois sur les réseaux, parlant d’asexualité et d’aromantisme un peu partout pour que les gens aient conscience que ça existe, et peut-être pour éduquer un peu aussi… Et ce petit ouvrage m’a renvoyé en pleine face les dernières années de ma vie. Les doutes, les peurs, les larmes de Mélanie Fazi ont été les miens un moment ou un autre dans ma vie, et le sont parfois encore.

C’est une révolution quand, pour la première fois, quelqu’un vous donne le droit de vous assumer.

Honnêtement j’ai eu l’impression en lisant certains passages d’avoir été espionnée par l’autrice, et je me suis beaucoup retrouvée dans les interrogations soulevées par ce titre. S’accepter, s’affirmer et surtout oser en parler, je suis aussi passée par toutes ces étapes et voir que d’autres personnes ont été et sont même encore actuellement dans la même situation, c’est un soulagement immense quand on a eu l’impression d’être seule toute sa vie. Je ne m’attendais pas à grand-chose de ce témoignage mais je pense qu’il est tombé à une période importante de ma vie, et qu’il m’a fait du bien. Il fait du bien parce qu’on sent la réflexion derrière chaque mot qui tombe juste, parce qu’on sort complètement des clichés sur l’asexualité (« gneugneu mais tu ressens rien comme émotions alors ») et surtout parce que c’est un appel à s’accepter soi-même et les autres parce qu’il nous propose une autre perspective sur les orientations et tout ce qui est touché par ce mot.

Si les mots peuvent apaiser, ils peuvent également meurtrir.

Suivre Mélanie Fazi dans son cheminement et sa quête d’elle-même est une expérience à elle toute seule, puisqu’elle nous offre ses pensées les plus intimes et se livre sans aucune censure, ce que j’ai beaucoup apprécié. Ce livre n’est pas tout rose, bien au contraire, il fait même mal à certains moments. Mais il est nécessaire pour beaucoup de raisons et j’ose espérer qu’il en aidera d’autres à voir plus clair sur eux-mêmes : l’autrice ouvre beaucoup de possibilités, de questionnements, mais apporte aussi ses propres réponses et pousse son lecteur à trouver les siennes, le tout à travers une écriture juste divine.

Bref, il m’a chamboulée. Je termine cette chronique avec une citation qui parle des étiquettes parce que je la trouve absolument incroyable :

C’est rassurant, tout simplement, de ne pas être seul. De savoir qu’il y en a d’autres comme nous, qu’on est pas une bête curieuse, que ce qui nous arrive est normal, différent, mais normal. L’étiquette donne le droit d’exister. Elle fournit une réponse simple à des questions complexes. Voilà ce que je suis : regardez, ça porte un nom. Regardez, il y en a d’autres comme moi.

Un grand merci aux éditions Dystopia pour cet envoi.