La Cité du Lotus Rose de Kate McAlistair

C'est avec un plaisir non dissimulé que je me suis jetée dans la lecture du second tome des aventures de Jezebel. Vous souvenez-vous de ma chronique de La Vallée du Lotus Rose ? Cette histoire m'avait enchantée, fait voyager, c'est un roman qui m'avait passionnée, de la première à la dernière page.

En ouvrant ce deuxième opus, j'en attendais autant et s'ajoutait à cette impatience la petite angoisse de ne plus me souvenir de tout, d'être un peu perdue. Mais non ! En plus d'avoir retrouvé mes marques en quelques pages, j'ai retrouvé de l'écriture de Kate McAlistair le rythme et le dépaysement.

Voici la quatrième de couverture : Après plusieurs années, Jan retrouve enfin la trace de Jezebel à Singapour. Fuyant ses ennemis, celle-ci s'est réfugiée avec sa petite fille dans une mission religieuse. Tout à leur nouveau bonheur, les jeunes gens décident d'unir leurs destins et annoncent un grand mariage. Jezebel goûte enfin à la sérénité. Pourtant, le jour des noces, la jeune mariée est abordée par deux hommes mandatés par le baron von Rosenheim, le cruel trafiquant d'opium auquel elle fut un temps fiancée. Celui-ci veut récupérer le légendaire médaillon Sher-Cîta que Jezebel a conservé, malgré les funestes souvenirs qui s'y rattachent. Pour ce faire, il est prêt à tout. Espérant éloigner son épouse de cet homme machiavélique, Jan décide de l'emmener à New York. Après un tumultueux voyage à bord d'un cargo chinois, Jezebel découvre une ville éblouissante, à mille lieues de tout ce qu'elle a connu jusqu'ici. Ils s'installent à Long Island dans une superbe demeure au bord de l'océan, avec l'espoir de goûter une paix méritée. Mais l'Inde ne cesse de se rappeler à eux. Revenus sur cette terre fascinante, le jeune couple est à nouveau guetté par le danger... L'intrépide Jan saura-t-il libérer Jezebel de son passé ?

La Cité du Lotus Rose de Kate McAlistair

Dans ce tome, Jezebel n'est jamais seule : mère avant tout, épouse très rapidement, la jeune fille d'à peine 16 ans a laissé place à une femme forte (même si très fragilisée par son douloureux passé) qui sait ce qu'elle veut et qui a conscience de ses responsabilités.

Les personnages qui entourent l'héroïne sont très attachants encore une fois. Hushi, Jan, Mary-Leela, Mukhy Aadamee, Mme Appelrood, Omji marquent le lecteur par leur bonté, leur histoire : ils nous font sourire, rire, ils sont tous touchants. J'ai été si heureuse de retrouver Olga aussi, avec sa spontanéité, sa fraîcheur, son humour... Le Baron von Rosenheim est toujours aussi détestable, si ce n'est plus : j'ai vraiment les poils qui se dressent à chacune de ses apparitions. Mais ce qui m'a marquée ici, c'est l'apparition de personnages bien moins manichéens, des personnages comme Jangalee ou le maharaja qui sont troubles, peut-être même doubles. Cet ensemble rend le roman addictif, autant, si ce n'est plus, que son frère aîné.

Si on ne se promène plus sur les marchés indiens, j'ai beaucoup aimé la description des promenades à cheval de Jezebel, je ressentais presque le vent dans mes cheveux ; l'expédition dans la jungle est aussi effrayante que fascinante. On sent l'humidité, le danger des animaux qui rodent, le grouillement des insectes, le pas lourd des éléphants, la peur insidieuse des serpents cachés dans les buissons, les thugs dissimulés dans la luxuriance du paysage.

L'histoire est elle aussi d'une grande richesse, mêlant habilement archéologie rêvée de la Cité Rose, le colonialisme en Inde, le racisme américain, l'amour sous toutes ses formes, l'amitié. On ne s'ennuie pas une seule seconde pendant ces 587 pages. Le rythme est effréné : le dénuement et la stabilité précèdent l'amour et la richesse ; Singapour est le point de départ vers Constantinople puis New York ; la vie mondaine se conjugue à la vie de famille ; la sédentarité se confronte à la soif d'aventure et l'aventure appelle le danger, la mort, les meurtres...

Je vous défie de vous ennuyer une seule seconde aux côtés de Jezebel, Jan et Mary-Leela, dans cette fabuleuse histoire racontée avec talent par Kate McAlistair.

Priscilla