Après l’excellent « L’horizon a pour elle dénoué sa ceinture » de Rebecca Benhamou, je poursuis ma découverte de ces femmes incroyables avec « Je suis le carnet de Dora Maar ». Fruit de l’enquête de Brigitte Benkamoun, dépositaire surprise du carnet d’adresses de la photographe / peintre, ce documentaire met en lumière la vie de Dora Maar à travers les artistes, médecins et autres personnes l’ayant connu. Edité chez Stock, il a reçu le prix de la biographie Geneviève Moll cette année.
JE SUIS LE CARNET DE DORA MAAR
LES FEMMES SONT DES MACHINES A SOUFFRIR, DISAIT PICASSO A MALRAUX. DORA POUR MOI A TOUJOURS ÉTÉ LA FEMME QUI PLEURE. ELLE A TOUJOURS ÉTÉ UN PERSONNAGE KAFKAÏEN.
Aussi rocambolesque qu’incroyable, l’histoire de ce dernier carnet de cuir l’est assurément. Déniché sur Internet, Brigitte Benkamou ne s’attendait sûrement pas à la quête qui allait suivre. De fil en aiguille, elle découvre la vie de Dora Maar, photographe de génie et femme au caractère bien trempé que la vie aura malmené. Comprendre la photographe, c’est découvrir des hommes et des femmes qui ont fait l’Histoire des arts du XXe siècle. Peu de personnes peuvent se vanter d’avoir dans leur carnet des personnages illustres tels que Brassaï, Giacometti, Chagall et tant d’autres.
Parler de Dora, c’est aussi parler de Picasso. D’un amour destructeur, Dora Maar en restera prisonnière toute sa vie et pour la postérité. La souffrance, la folie et la dépression font partie intégrantes de la photographe. C’est aussi un des grands thèmes du reportage, mettre en avant la femme, comprendre sa déchéance et ne plus être que « La femme qui pleure » mais, bien plus. J’ai aimé ses moments de vies dans un café entouré de ses amis en pleine guerre, ses moments de folie, mais aussi ces rencontres incroyables qui l’ont forgé. L’autrice à réussi à ne pas se perdre dans la facilité par un postulat étonnant. Raconter Dora par son carnet.
En effet, chaque page est l’occasion de revenir sur la relation avec le nom dans le carnet. Tantôt c’est Braque qui parle, tantôt son coiffeur. L’autrice désacralise Dora pour la rendre humaine et c’est vraiment un des axes que j’ai le plus apprécié durant ma lecture. De plus, Brigitte Benkamou rend vraiment l’ensemble fluide et abordable sans tomber dans le simple ouvrage d’Histoire.
On retiendra de Dora Maar, une femme difficile, mais que la vie n’aura pas épargnée. Peut-être était-elle trop avant-garde pour son époque ? En tout cas, j’ai pris plaisir à découvrir la femme et surtout son travail !
Une enquête à découvrir rapidement afin de (re)mettre dans la lumière une photographe incroyable et plonger dans un monde artistique révolu.
Je suis le carnet de Dora Maar
336 pages
Sorti le 2 mai 2019
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