À chaque fois qu’on annonce la parution d’un recueil de nouvelles chez Terres d’Amérique, me v’la qui frétille comme un poisson sorti de l’eau. L’arrivée de Lucky Man de Jamel Brinkley ne fait exception. Impossible de passer à côté du premier recueil de nouvelles d’un nouveau venu.Les neuf nouvelles de Lucky Man sont longues, exceptionnellement longues (souvent plus de 15 à 20 pages chacune). Assez longues pour créer une immersion complète et un lien d’attachement. Ancrées à Brooklyn et dans le Bronx, ces nouvelles dressent un portrait représentatif de la condition des afro-américains d’aujourd'hui.
Les hommes, chez
Brinkley,cherchent leur place dans le monde, tentent de se plier au rôle qu’ils ont à jouer. Mais le moule dans lequel ils doivent se glisser est souvent trop étroit ou trop grand pour eux.Ils tentent de rester debout; la plupart trébuchent et certains tombent. Pourtant, la chute n’est jamais spectaculaire Elle est plutôt présentée comme un faux pas. Le passé est un boulet à traîner. Les patterns familiaux collent à la peau, comme un vieux chandail trop étroit impossible à enlever.L’identité, la masculinité et l’influence de la famille sont au cœur du recueilLe racisme et la misogynie aussi. Malgré les tragédies et les traumatismes omniprésents, une certaine forme d’espoir émerge de ces pages.Comme c’est souvent le cas dans tous recueils, j’ai trouvé quelques nouvelles moins abouties que d’autres. Reste que dans l’ensemble, ce sont de beaux portraits d’hommes qui sont présentés ici. Le regard de Brinkley est avant tout curieux et sensible. Il est proche de ses personnages et ça se sent.Mr K est encore plus enthousiasme que moi.Lucky Man, Jamel Brinkley, trad. France Camus-Pichon, «Terres d’Amérique», Albin Michel, 316 pages, 2019.★★★★★