À 6 ans, Lavinia, orpheline irlandaise, se retrouve esclave dans une plantation de Virginie : un destin bouleversant à travers une époque semée de violences et de passions… En 1791, Lavinia perd ses parents au cours de la traversée les emmenant en Amérique. Devenue la propriété du capitaine du navire, elle est envoyée sur sa plantation et placée sous la responsabilité d’une jeune métisse, Belle. Mais c’est Marna Mae, une femme généreuse et courageuse, qui prendra la fillette sous son aile. Car Belle a bien d’autres soucis : cachant le secret de ses origines, elle vit sans cesse sous la menace de la maîtresse du domaine. Ecartelée entre deux mondes, témoin des crimes incessants commis envers les esclaves, Lavinia parviendra-t-elle à trouver sa place ? Car si la fillette fait de la communauté noire sa famille, sa couleur de peau lui réserve une autre destinée.
Ce roman me fait envie depuis sa sortie aux éditions Charleston tout simplement car le sujet de l’esclavagisme est un thème que j’apprécie particulièrement de lire, qui m’intéresse, me passionne et me révolte à la fois. Généralement, lorsqu’un livre traite ce sujet, je sais que je vais adorer ma lecture. Cela n’a pas manqué avec La colline aux esclaves.
L’histoire nous plonge directement au cœur des plantations, principalement à travers le regard d’une orpheline irlandaise, Lavinia, qui va atterrir à 6 ans dans un monde totalement inconnu, recueillie par les esclaves du capitaine qui dirige la plantation et qui va notamment la confier à Belle, dont on va également suivre l’évolution de très près puisque les chapitres alternent entre les points de vue des deux personnages féminins.
Lavinia a été, dès les premières pages du roman, un personnage pour qui j’ai ressenti énormément d’affection. La petite fille que l’on rencontre au début de l’histoire est emplie d’une innocence des plus touchantes, ne comprenant pas très bien pourquoi autant de différences sont faites entre des individus qui, à ses yeux d’enfant, sont pourtant très similaires. Les réflexions de Lavinia sont empreintes d’une certaine pureté qui donne du baume au cœur puisqu’à travers elles, l’auteure nous fait comprendre à quel point il serait sage et simple de considérer tous les hommes sur un pied d’égalité, sans s’attarder sur leur couleur de peau ou leur ethnie. Toutefois, la réalité est bien plus sombre et la petite fille, qui va devenir jeune femme sous nos yeux, va vite réaliser que dans ce monde, être blanche est un privilège.
« – Mon enfant, il y a des choses dans ce monde que tu connais pas encore. Nous sommes ta famille, ça changera jamais. Même quand tu trouveras un gentil Blanc et que tu te marieras, on sera toujours ta famille. Mama sera toujours là, et Belle sera toujours ta mama.
Je cessai de pleurer.
– Et papa ? Et Ben ? demandai-je pleine d’espoir.
– Ils veilleront sur toi comme aujourd’hui, Abinia, me dit mama en me regardant dans les yeux, tu es du côté des chanceux. Un jour, c’est peut-être toi qui veilleras sur nous.
Ses mots me rassurèrent, mais, ce jour-là, je découvris une nouvelle réalité et pris conscience d’une ligne tracée en noir et blanc, bien que sa profondeur ne signifiât pas encore grand-chose pour moi. »
Belle est une jeune femme également très touchante. C’est une héroïne qui correspond en tout point à l’idée que je me fais d’une femme forte et courageuse. Belle se bat pour s’émanciper mais elle va faire face à tout un tas d’obstacles qui vont parfois altérer sa combativité sans pour autant jamais vraiment lâcher prise.
Autour de ces deux héroïnes gravitent de nombreux personnages qui constituent sans conteste l’une des forces du roman. Lavinia va être accueillie à bras ouverts par des femmes et des hommes remarquables, qui n’ont pas grand-chose mais un amour infini à donner. Il est bien difficile de ne pas s’émouvoir face à tant de bonté chez ces esclaves qui, loin de l’opulence et du luxe, semblent avoir tout compris en prônant des valeurs au-devant de laquelle la famille et la tolérance priment.
Aussi, le roman n’est pas exclusivement centré sur le quotidien des esclaves mais s’intéresse également aux tourments qui agitent les membres de la famille propriétaire de la plantation. J’ai aimé ce côté de l’histoire qui montre qu’il y a du bon et du mauvais de chaque côté de la balance. Alors que l’auteure dessine des personnages que l’on aurait, dans un premier temps, envie de détester pour le seul fait d’avoir des esclaves sous leur domination, ces derniers vont se révéler plein de facettes qui m’ont poussées à ressentir de l’empathie pour eux et à vraiment m’y attacher pour certains. Évidemment, certains personnages sont totalement abjects, mais pour la plupart, il est difficile d’avoir un avis tranché.
Au-delà des personnages, La colline aux esclaves est un roman percutant du fait de l’horreur qu’il contient. Plein de réalisme, l’histoire nous décrit le quotidien des esclaves à une époque où la torture est commune, où l’homme blanc affirme sa suprématie en usant de méthodes toutes plus écœurantes les unes que les autres. Parfois dur à lire, ce livre n’en reste pas moins extrêmement prenant. Une fois plongé dans cet univers rude, il est difficile de décrocher. Pour ma part, j’ai eu beaucoup de mal à lâcher ce roman, sans ressentir aucune longueur, tant j’étais immergée dans l’histoire.
Malgré la rudesse de l’histoire, l’auteure réussit le pari d’insérer énormément d’émotions dans son livre ce qui conduit logiquement au coup de coeur. Ce monde plein de cruauté m’a bouleversée, me faisant ressentir un cocktail d’émotions explosif : peur, colère, injustice, tristesse, joie… C’est un roman indéniablement marquant et qui ne peut laisser totalement indemne. Si je devais citer un bémol, ce serait la fin que j’ai trouvée un peu en dessous par rapport au reste de l’histoire.
Je vous le recommande évidemment si le sujet de la ségrégation raciale vous intéresse et vous touche, mais je le recommande aussi à tous ceux qui ont envie de découvrir une flopée de personnages forts et attachants, véritable force du roman.
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