1. Le Loup (Jean-Marc Rochette – Editions Casterman)
De quoi ça parle: Quand une louve et son petit font un véritable carnage en s’attaquant à son troupeau de moutons, Gaspard n’hésite pas une seule seconde. Même si c’est une bête magnifique et même s’il est strictement interdit de tuer une louve dans le parc naturel, il prend son fusil et abat l’animal d’une seule cartouche. Il laisse, par contre, la vie sauve à son louveteau. En grandissant, celui-ci va chercher à se venger de l’homme qui a tué sa mère. « Le Loup » raconte l’histoire d’un affrontement aussi beau que terrible entre un vieux montagnard qui a perdu goût à la vie et un jeune loup plutôt rusé. Une traque passionnante au coeur du majestueux Massif des Ecrins.
Pourquoi c’est bien: Parce que Rochette raconte mieux que personne la beauté de la haute montagne et l’humilité qu’il faut pour y survivre. Parce que cette BD aborde, tout en nuances, la difficile cohabitation entre l’homme et le loup. Parce que c’est un récit à la fois captivant et contemplatif. Parce que les couleurs d’Isabelle Merlet mettent magnifiquement en valeur les dessins de Jean-Marc Rochette.
A qui ça plaira: Aux amoureux de la montagne.
2. Les Indes Fourbes (Alain Ayroles – Juanjo Guarnido – Editions Delcourt)
De quoi ça parle: Et si don Pablos de Ségovie était le premier Européen à avoir trouvé le chemin de l’Eldorado, cette fameuse cité d’or dont tout le monde rêve en Amérique Latine? Après avoir débarqué à moitié mort dans le château du seigneur Alguazil, ce fameux bonimenteur se dit prêt à dévoiler tout ce qu’il sait sur l’Eldorado. A une seule condition: il tient d’abord à raconter toute sa vie à l’Alguazil, afin que celui-ci connaisse « les faits qui précédèrent son effroyable et merveilleuse odyssée ». Et c’est parti pour 160 pages d’aventures picaresques dans la foisonnante Amérique du Sud durant le Siècle d’or espagnol. Un récit haletant, plein de personnages truculents et hauts en couleurs.
Pourquoi c’est bien: Parce que l’association entre Ayroles et Guarnido, deux grands noms de la BD, fait des étincelles. Parce que les dessins sont bluffants. Parce que le scénario est surprenant, jouissif et immoral. Parce que c’est un livre généreux, au format extra-large. Parce que c’est déjà un classique du 9ème Art.
A qui ça plaira: Aux amateurs d’aventures à l’ancienne et de « twists » inattendus.
3. Jusqu’au dernier (Jérôme Félix – Paul Gastine – Editions Grand Angle)
De quoi ça parle: L’heure de la retraite a sonné pour Russell, un cow-boy à l’ancienne. Avec le chemin de fer qui se répand dans tous les Etats de l’Ouest comme une traînée de poudre, les cow-boys sont devenus inutiles. Désormais, ce sont les wagons qui se chargent de transporter les vaches. Russell décide donc de raccrocher définitivement ses éperons et d’utiliser ses économies pour se payer un lopin de terre dans le Montana. Il emmène avec lui Kirby, son second en qui il a toute confiance, et Bennett, un jeune garçon un peu simplet qu’il a pris sous son aile depuis la mort de ses parents. Mais les choses ne vont pas tout à fait se passer comme prévu…
Pourquoi c’est bien: Parce que c’est un western qui parvient encore à nous surprendre. Parce que les dessins de Paul Gastine sont extraordinaires. Parce que c’est une BD très cinématographique. Parce que c’est un récit avec une réelle épaisseur, grâce surtout à des personnages pleins d’humanité.
A qui ça plaira: Aux férus de western et de cinéma.
4. In waves (AJ Dungo – Editions Casterman)
De quoi ça parle: Le jeune auteur américain AJ Dungo, dont c’est la toute première BD, raconte l’importance du surf dans sa culture, celle des îles hawaïennes, et la manière dont ce sport a été réinventé au début du vingtième siècle par des grandes figures comme Duke Kahanamoku et Tom Blake. Mais « In waves », c’est aussi et avant tout une tragique histoire d’amour. Avec cette BD, AJ Dungo respecte la promesse faite à sa compagne Kristen, qui s’est battue pendant 10 ans contre un cancer. Alternant les séquences sépia (pour raconter l’histoire du surf) et les séquences turquoise (pour les pages consacrées à sa relation avec Kristen), l’auteur prend le temps de raconter son histoire d’amour tragique, tout en insistant sur le rapport presque mystique que sa compagne et lui entretenaient avec l’océan.
Pourquoi c’est bien: Parce que c’est un roman très graphique. Parce que c’est un livre plein de sensibilité et de pudeur, sans jamais verser dans le pathos. Parce que c’est une BD dans laquelle les images sont plus parlantes que les mots.
A qui ça plaira: Aux surfeurs romantiques.
5. Nymphéas noirs (Didier Cassegrain – Fred Duval – Michel Bussi – Editions Dupuis)
De quoi ça parle: Qui a tué Jérôme Morval, dont on vient de retrouver le corps sans vie dans la rivière? Et pourquoi a-t-il le crâne défoncé et une plaie en plein coeur, comme si son assassin avait voulu le tuer plusieurs fois? Le mystère est complet, d’autant plus que le cadre ne semble pas propice à la violence. Nous sommes à Giverny, un village connu dans le monde entier grâce aux peintures impressionnistes de Claude Monet. Ce qui est certain, c’est que Jérôme Morval avait plusieurs ennemis potentiels. Pas seulement parce qu’il collectionnait les tableaux, mais surtout parce qu’il collectionnait les conquêtes. Et si c’était son épouse qui l’avait tué par jalousie? Ou alors le mari d’une de ses maîtresses?
Pourquoi c’est bien: Parce que c’est une adaptation très réussie d’un roman de Michel Bussi. Parce que le scénariste Fred Duval est parvenu à capter l’essence de cette intrigue pourtant très complexe. Parce que le dessinateur Didier Cassegrain a réussi à merveille à utiliser le décor de Giverny. Parce que c’est une BD qui offre un réel plaisir de lecture.
A qui ça plaira: A ceux qui aiment les récits policiers à l’intrigue bien ficelée.
6. Le Patient (Timothé Le Boucher – Editions Glénat)
De quoi ça parle: Lors d’une patrouille nocturne, deux agents de police interpellent une adolescente. Les yeux perdus dans le vide, elle porte des habits tachés de sang et tient un couteau dans sa main. En se rendant au domicile de la jeune femme, les policiers découvrent avec horreur que sa famille a été sauvagement assassinée. Seul Pierre, 15 ans, a survécu au massacre. Mais impossible pour le garçon de témoigner sur ce qui s’est passé, car il a sombré dans un profond coma. Six ans plus tard, Pierre sort enfin de sa léthargie. Il souffre encore de séquelles importantes, notamment au niveau de ses jambes et de sa mémoire, mais grâce à l’aide de la psychologue Anna Kieffer, il retrouve petit à petit ses facultés. Au fil de leurs rencontres, une complicité trouble s’installe entre Pierre et Anna.
Pourquoi c’est bien: Parce que c’est un album froid mais fascinant, qui prend le temps d’installer une véritable atmosphère. Parce que les dessins sont très élégants, à mi-chemin entre BD franco-belge et manga. Parce que Timothé Le Boucher confirme qu’il est bel et bien un auteur à suivre, après l’immense succès de « Ces jours qui disparaissent », son album précédent.
A qui ça plaira: Aux amateurs de thrillers psychologiques un peu tordus.
7. Les deux vies de Pénélope (Judith Vanistendael – Editions Le Lombard)
De quoi ça parle: Pénélope est chirurgienne pour une organisation humanitaire. En dix ans, elle a effectué trente-deux missions dans des pays en guerre, notamment à Alep. Quand elle revient en Belgique entre deux missions, l’horreur de ce qu’elle a vécu en Syrie ne la lâche plus, comme une tache de sang indélébile. Et le plus dur, c’est que ses proches ne semblent pas se rendre compte de ce qu’elle vit. Ne voient-ils pas que Pénélope a de plus en plus de mal à troquer sa blouse de chirurgienne pour celle de mère et d’épouse? Ne voient-ils pas que les retours à la maison lui sont de plus en plus pesants?
Pourquoi c’est bien: Parce que c’est un livre sensible et nuancé, qui n’impose aucun point de vue à ses lecteurs. Parce que tous les mots de cette BD sonnent juste. Parce que les dessins aux crayons de couleur et à l’aquarelle sont touchants. Parce que c’est un roman graphique qui fait réfléchir, même longtemps après l’avoir refermé.
A qui ça plaira: Aux lecteurs qui aiment les récits pleins d’humanité.
8. Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin (Emilie Plateau – Editions Dargaud)
De quoi ça parle: Le 1er décembre 1955, Rosa Parks monte dans le bus à Montgomery, en Alabama, et s’assied dans la section réservée aux noirs. Lorsqu’un passager blanc lui demande de lui céder sa place, elle refuse de se lever. C’est le début d’un grand mouvement de lutte pour les droits civiques, sous la conduite du jeune pasteur Martin Luther King. Et pourtant, Rosa Parks n’a pas été la première à s’opposer aux lois ségrégationnistes en vigueur en Alabama. Quelques mois avant elle, Claudette Colvin, 15 ans, avait déjà refusé de céder sa place à une passagère blanche. « Noire » raconte l’histoire de cette héroïne oubliée de l’histoire des Etats-Unis.
Pourquoi c’est bien: Parce que c’est un album simple, mais très efficace. Parce que cette adaptation d’un livre de Tania de Montaigne contribue à sortir enfin Claudette Colvin de l’anonymat. Parce que la forme minimaliste de cette BD vise surtout à mettre en avant le fond, à savoir la dénonciation de l’absurdité de la ségrégation.
A qui ça plaira: Aux amateurs des petites histoires derrière la grande Histoire.
9. Penss et les plis du monde (Jérémie Moreau – Editions Delcourt)
De quoi ça parle: Difficile d’être un garçon différent à l’époque préhistorique… Penss est un jeune homme un peu rêveur, qui passe le plus clair de son temps à contempler la beauté de la nature et à s’interroger sur le monde qui l’entoure. Mais ce n’est pas ce que son clan attend de lui. A cette époque-là, un chasseur qui se respecte ne doit pas perdre son temps à rêvasser. S’il veut conserver sa place dans le groupe, il doit ramener régulièrement de la viande ou du poisson. Mais Penss ne se résigne pas. En continuant à observer minutieusement la nature qui l’entoure, il finit pas comprendre beaucoup de choses sur ce qu’il appelle « les plis du monde ».
Pourquoi c’est bien: Parce que c’est un livre dur mais fascinant. Parce que la manière dont Jérémie Moreau représente la nature sauvage à coups de plume et d’aquarelles est d’une virtuosité absolue. Parce que certaines planches sont véritablement sublimes. Parce que c’est un conte philosophique au message universel.
A qui ça plaira: Aux précurseurs et à ceux qui pensent différemment.
10. Speak (Emily Carroll – Laurie Halse Anderson – Editions Rue de Sèvres)
De quoi ça parle: Pourquoi Melinda se mure-t-elle dans son silence? L’année dernière encore, c’était une adolescente joyeuse et sans histoires. Mais depuis la rentrée, tout a changé: on dirait que ce n’est plus la même personne. Plus rien ne l’intéresse, la plupart des choses lui semblent insurmontables, et elle brosse régulièrement les cours. Tous ceux qui connaissent Melinda se disent que ça va bien finir par lui passer. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que la jeune fille a été victime d’un viol. Pire encore: elle continue à voir son agresseur tous les jours puisque c’est un élève de l’école. Mais Melinda est comme paralysée: elle n’arrive absolument pas à parler de cette angoisse terrible qui la ronge de l’intérieur…
Pourquoi c’est bien: Parce que c’est un récit terrible mais éclairant sur le viol. Parce que c’est une BD qui aborde ce traumatisme de manière sobre et nuancée, sans jamais verser dans la moralisation ou la dénonciation. Parce que c’est, hélas, un fait de société qui reste plus que jamais d’une actualité brûlante.
A qui ça plaira: A ceux qui peinent à mettre des mots sur les maux.
11. Lino Ventura et l’œil de verre (Arnaud Le Gouëfflec – Stéphane Oiry – Editions Glénat)
De quoi ça parle: Qui est l’homme qui se cache derrière Lino Ventura? Pour le savoir, le journaliste Merlin décide de forcer le hasard. Plutôt que de compter sur une interview traditionnelle, il multiplie les rencontres fortuites avec l’acteur pour l’amener à se confier sur son parcours. Petit à petit, celui-ci laisse tomber une partie de sa carapace. Tout en restant fidèle à sa légendaire pudeur, il dévoile au journaliste quelques-uns des moments qui ont fait de lui cet homme profondément humain: son enfance à Parme, son arrivée en France, ses combats de catch, ses débuts dans le cinéma à 34 ans, sa rencontre avec Jean Gabin, ses amitiés indéfectibles, son engagement en faveur des enfants handicapés.
Pourquoi c’est bien: Parce que c’est une biographie originale et décalée. Parce que cette BD offre une immersion fascinante dans la tête de Lino Ventura, dont le jeu reposait avant tout sur les regards et les silences et qui était d’une intégrité et d’une droiture véritablement hors du commun. Parce que l’approche des auteurs s’apparente à celle d’un peintre impressionniste ou même pointilliste: c’est grâce à des petites touches qu’ils parviennent à forger un portrait global convaincant.
A qui ça plaira: Aux cinéphiles et aux passionnés de destins hors normes.
12. Mécanique céleste (Merwan – Editions Dargaud)
De quoi ça parle: L’histoire se passe en 2068 dans une forêt de Fontainebleau méconnaissable, au milieu d’un monde post-apocalyptique gagné par les eaux. Alors que la puissante république militaire de Fortuna exige 25% de la petite cité agricole de Pan en échange de sa protection, les habitants de Pan créent la surprise en décidant de faire appel à l’arbitrage par Mécanique céleste pour arbitrer leur destin. Autrement dit, ils choisissent de jouer l’avenir de leur cité lors d’une sorte de… balle au prisonnier! Un pari complètement fou, qui va permettre à la jeune Aster de mettre en évidence ses réflexes et ses capacités athlétiques hors du commun.
Pourquoi c’est bien: Parce que « Mécanique céleste » est un récit de science-fiction à la fois ludique et parfaitement cohérent, dans la même lignée que la série « Lastman ». Parce que c’est une BD au rythme soutenu, dans laquelle on ne s’ennuie pas une seule seconde. Parce que les personnages sont particulièrement convaincants. Parce que les dessins de Merwan sont spectaculaires à souhait.
A qui ça plaira: Aux fanas des récits d’anticipation originaux.