C’est avec Raconte-moi la fin que j’ai découvert Valeria Luiselli. Dans cet essai marquant, elle partageait son expérience de traductrice bénévole auprès de jeunes migrants sud-américainsArchives des enfants perdus est, dans une certaine mesure, le pendant fictif de cet essai.
La femme prend la parole dans la première partie, le garçon dans la deuxième. (Cette partie est la plus captivante, même si, par moment, la voix du garçon sonne faux.) À cela s’ajoutent des passages à la troisième personne, tiré d
’un roman, Élégies pour les enfants perdus, qui contient des allusions aux œuvres de Rilke, de Juan Rulfo, de Joseph Conrad et de quelques autres. Ça commence à faire beaucoup pour un seul roman…J’ai autant apprécié ce roman que je ne l’ai pas aimé. Pour le sujet embrassé et l’angle d’approche, c’est une réussite. Pour l’intime qui s’entremêle au social aussi. Là où le bât blesse, c’est la froideur qui nimbe ce roman. Cette froideur notamment créée par l’absence de prénoms. Il en ressort une distance, un détachement qui sied mal à cette expérience de lecture. Je suis restée sur le bord de la route, plutôt que de prendre part à ce road trip. Quelques coïncidences tirées par les cheveux et trop de références sont aussi venues plomber mon appréciation. Un côté brouillon ou expérimental, c’est selon, m’a tenu loin des émotions. Ce choix narratif se défend, mais je le trouve plus à-propos dans un essai. Enfin, j’ai trop senti le travail d’écriture pour me laisser porter sur la vague de l’intrigue, comme si les mots ne coulaient pas de source.Au final, le roman de
Valeria Luiselli est d’une actualité dérangeante et est fort bien documenté. Pour le reste, mon esprit à apprécié, mais mon coeur est resté de glace.Comme plusieurs, Fanny a davantage apprécié que moi.Archives des enfants perdus, Valeria Luiselli, trad. Nicolas Richard, de l’Olivier, 480 pages, 2019.★★★★★