Jour de courage. Brigitte GIRAUD - 2019

Par Vivrelivre @blandinelanza

Jour de courage

Brigitte GIRAUD

Editions Flammarion, 21 août 2019

160 pages

Thèmes : lycée, Homosexualité, Histoire, Nazisme

Un vendredi matin, dans une classe de Terminale de la banlieue lyonnaise.

À la suite d'un cours d'Histoire sur le nazisme, et notamment les autodafés, Livio, 17 ans, jeune homme discret, a demandé à faire un exposé.

Là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes.

En partant de ce sujet, il présente à sa classe Magnus Hirschfeld.

Médecin allemand, juif, homosexuel du début XXe siècle, il créa en 1919 un institut de sexologie à Berlin (pour étudier la sexualité humaine sur des bases scientifiques - détruit en 1933 lors des autodafés), et lutta pour les droits des homosexuels comme pour l'égalité hommes-femmes.

A lui, il rattache plusieurs digressions plus ou moins bienvenues.

C'est pour cela qu'on ne vous répètera jamais assez de ne livrer sur les réseaux sociaux aucune de vos appartenances, ni intime, ni politique, enjoignit Livio dans une parenthèse presque autoritaire, qui déclencha une légère rébellion parmi les rangs, à cause du ton proféré qui s'apparentait davantage à une leçon de morale qu'à un conseil d'ami.

Sous l'œil circonspect de sa professeure qui oscille entre intérêt et inquiétude, l'œil interrogatif et peiné de son amie Camille avec qui il passe tout son temps mais à qui il n'a rien dit de cet exposé ni de ses recherches, et l'œil à la fois curieux/poli/gêné de ses camarades, Livio lie le combat et l'histoire de Magnus à la sienne propre.

Car parfois, parler d'un autre pour parler de soi semble être une bonne solution, la seule solution...

Dans sa narration qui nous retranscrit l'exposé de Livio et les comportements des uns et des autres, Brigitte Giraud intercale différents moments. L'enfance de Livio, de sa famille, ses racines italiennes, le couple silencieux de ses parents, leur parentalité invisible, son amitié fusionnelle avec Camille, sa souffrance, son secret de sa découverte à sa révélation entre les mots... mais aussi des conséquences de cet exposé. Car Livio est parti, a disparu deux jours après.

Avec une écriture pleine de douceur et de métaphores, Brigitte Giraud, par l'intermédiaire de Livio, nous donne une leçon d'histoire (j'ai appris beaucoup de choses et j'aime ça !) en appuyant visuellement sur certains termes, notions ou moments, car écrits plus gros.

Et elle aborde des questions importantes, notamment à cet âge charnière : la liberté d'expression, l'intégration familiale et sociale, le lien entre passé et présent, les malaises sociétaux qui demeurent, évoluent mais sans changer de manière intrinsèque, l'homosexualité, l'homophobie banalisée...

Il se rendit compte en le disant que l'homosexualité était la seule minorité qui ne trouve pas forcément de réconfort auprès des siens. C'est la seule communauté qui se construit la plupart du temps hors de la famille. Et parfois contre. (...)
Tout le monde, ou presque, hochait la tête face à cette idée d'exil, tout le monde mesurait la violence d'être mis dehors, d'être chassé ou de devoir se chasser soi-même.

Pour conclure, j'ai aimé découvrir l'écriture de Brigitte Giraud avec ce roman, avec ce sujet et sous cette forme.

Monument aux écrivains et penseurs allemands, à Berlin, en mémoire des autodafés de mai 1933.

Ce participe au " Challenge 1% Rentrée Littéraire 2019 " de Sophie Hérisson (13).

Belles lectures et découvertes,

Blandine