Todd McFarlane marque l'événement en signant le scénario du trois centième numéro de Spawn. Afin de marquer le coup, il invite Scott Snyder a écrire une histoire qu'il dessine mais aussi des grands dessinateurs qui ont marqué la série, Greg Capullo et Jason Shawn Alexander, et d'autres très connus, Jerome Opeña et J. Scott Campbell.
Cela fait un moment déjà que ce numéro 300 est sorti et nous avons déjà évoqué le grand succès commercial de cet issue - qui s'avère être le deuxième comic book single le plus vendu cette année. Chose assez étonnante dans le sens où la série Spawn n'attire plus les foules depuis des années. Je ne vais pas parler au nom des autres mais cela est dû à une intrigue qui pendant longtemps a trop stagné et, finalement, alors que les comics ont su évoluer dans une direction différente, le titre de McFarlane est toujours les deux pieds encrés dans les années 90.
Finalement, ce succès n'est pas si étonnant dans le sens que pas mal du lectorat mise sur la spéculation du titre et qu'il y a eu une tonne de variant covers. Mais, aussi, les années 90 reviennent à la mode dans les comics d'une manière ou d'une autre - mais souvent de manière inspirée comme le prouve si bien Donny Cates chez Marvel. Et, je pense que pas mal de gens qui ont acheté le titre ont espéré retrouver l'énergie qui avait tant séduit le lectorat à la sortie des premiers numéros.
Sans aller jusque-là, j'ai été interpellé par ce numéro parce qu'une partie est dessinée par Greg Capullo - que j'avais adoré sur Angela et Spawn - et que je pense toujours que la série de Todd McFarlane a un gros potentiel qu'il a souvent gâché. Ma dernière lecture du titre me l'a prouvé d'ailleurs, même après des dizaines et des dizaines de numéros non-lus, j'avais tout compris et j'avais même l'impression de ne jamais avoir lâché la lecture (ce qui n'est pas bon signe). Eh bien, là, c'est pareil sauf que c'est presque excusable dans le sens qu'il s'agit d'un numéro anniversaire et que c'est presque excusable.
Sauf que l'histoire principale ressemble au numéro 100, qui ressemble au numéro 150, qui ressemble au numéro 200 qui ressemble au numéro 250. Même technique avec même résultat : Spawn change de costume ou d'identité (en sachant qu'il finit toujours par retrouver celui ou celle d'origine). Ici, McFarlane opte pour le costume et, carrément, le physique de son personnage qui devient tout simplement ri-di-cu-le. C'est le look le moins inspiré que je connaisse avec un aspect humain retrouvé, une tenue déchirée, une cape en lambeaux, un crâne pour cacher les parties intimes (on devenir un string derrière tout de même), et ses symboles de son ancien costume qui devient des marques faites à partir de cendres. Quant au face à face contre Violator promis, il n'a aucun enjeu dramatique, aucune substance, aucune tension, il n'a même pas la place d'exister tellement la transformation de Spawn prend toute la place. En plus de ça, les dessins de Capullo sont décevants notamment à cause de l'encrage de McFarlane qui aplatit le tout et la colorisation datée n'aide pas à apprécier ces planches.
Mais, je vous rassure, le reste est tout aussi risible : Scott Snyder écrit une courte histoire magnifiquement dessinée par Todd McFarlane sur Redeemer réinterprétant la mythologie du personnage créé par Grant Morrison. Bah, personne n'est pas Grant Morrison qui veut, et encore moins Snyder qui rajoute une couche pour dire qu'il a créé quelque chose mais il s'agit d'un ersatz de ce que Morrison avait créé. Cela ne sert à rien à part à revoir le dessinateur canadien à l'oeuvre.
Mais le pire reste l'histoire illustrée par J. Scott Campbell qui montre qu'il n'est plus capable de dessiner des intérieurs (on s'en doutait déjà en regardant sa planche sur Marvel Comics #1000). Mais, ses dessins ne sont pas le pire : l'histoire nous montre un nouveau personnage féminin qui s'avère avoir une connexion avec Spawn. À la fin, nous découvrons qu'elle n'est autre que She-Spawn et son look est tout simplement atroce. McFarlane semble vouloir surfer sur la vague féministe mais se trompe complètement en utilisant un artiste qui a l'habitude d'hypersexualisé les femmes qu'il dessine, de faire une version sexy et féminin de son personnage comme on le faisait dans les années 70 (époque où les féministes se battaient pour montrer leur corps et affirmer leur sexualité). En 2019, cela ressemble plutôt à une oeuvre destinée aux incels qu'au lectorat de comics.
L'histoire de Jason Shawn Alexander est la plus intéressante du lot. McFarlane y pose des textes qui ont fait le charme de la série. Il s'agit peut-être là de l'histoire qui met le plus en avant la mythologie créée par l'auteur depuis le lancement de la série.
Quant à celle illustrée par Jerome Opeña est risible dans le sens où McFarlane fait appel à l'un des artistes les plus talentueux de sa génération pour dessiner des cailloux et de la neige. L'histoire est un teaser d'on ne sait pas trop quoi.