Chris Claremont et Bill Sienkiewicz se retrouvent pour nous proposer une aventure inédite des New Mutants version années 80. New Mutants: War Children est un one-shot que les fans de l'époque se doivent de lire... Les autres aussi (mais ça sera plus compliqué).
Le duo Claremont et Sienkiewicz est l'auteur des grands chapitres de New Mutants, une série de teen heroes assez sombre, dans laquelle le scénariste abordait des thèmes matures comme la mort, l'abandon, le suicide ou, encore, la corruption. Avec le dessinateur, il a concocté des sagas mémorables comme celle sur Legion ou celle sur le Demon Bear. Ceci explique pourquoi un tel one-shot attire l'attention.
J'avoue que les derniers travaux de Claremont ne m'ont pas séduit. Sa dernière série régulière avait beaucoup de bonnes choses mais elle était trop ancrée dans un passé qui commence à ne plus faire sens. Et, justement, si je me suis laissé tenter par War Children, c'est justement parce que Claremont nous propose une histoire qui se déroule durant l'époque où il était seul maître à bord, une époque qu'il connait très bien et qu'il maîtrise.
Du coup, autant dire que Claremont va passer par ses poncifs, les thèmes qui ont animé la série New Mutants pendant des années : la corruption de l'âme de Warlock, celle de Magik, et comment ses deux personnages peuvent faire du mal à leurs ami*e*s malgré eux. Si les thématiques sont répétées, il ne fait pas de redite à proprement parlé. Il profite même de ce numéro afin de montrer ce dont il parlait dans la série régulière sans jamais le montrer vraiment.
Pour moi, le soucis est qu'il est difficile de placer War Children dans la timeline de la série. J'imagine que cela se passe avant le combat contre Magus ( New Mutants vol. 1 #50) puisque Warlock n'est pas dans le contrôle de son pouvoir et que les Limbes ne sont pas affectées par le Transmode Virus. Je dirais même que ce que nous lisons là pourrais être une introduction à cet arc mémorable.
Je ne pense pas que ce one-shot sera aussi marquant - la résolution étant tout de même facile avec un happy ending un peu niais - mais cela fait plaisir de voir Claremont écrire comme cela et que cela ait du sens. Malheureusement pour le lectorat plus jeune - ou celui qui découvre les comics maintenant, l'histoire repose énormément sur les intrigues passées et les personnages de l'époque, il est alors compliqué pour celui-ci de rentrer dans le récit même si les dessins de Sienkiewicz donnent envie de se plonger dedans à corps perdu.
L'artiste offre des planches incroyables autant dans la forme avec des compositions audacieuses. Vu que l'histoire tourne beaucoup autour de Warlock et de Magik, il a aussi de la matière afin de créer des figures impressionnantes et monstrueuses, certaines planches sont de pures merveilles grâce à ça - notamment celle sur laquelle Cypher et Rahne s'approchent de Warlock. La colorisation de Chris Sotomayor - bien que numérique - rend les dessins encore plus impressionnants et profonds.