L’alchimie de la pierre de Ekaterina Sedia

L’alchimie de la pierre de Ekaterina Sedia

Un roman engagé et sombre entre le steampunk et la science-fiction sur fond de féminisme.

C'est un livre complexe qui recèle plusieurs intrigues, plusieurs enjeux. Il y a la première que le lecteur découvre, celle des gargouilles. Au début du roman, les gargouilles, gardiennes de pierre antiques et mystérieuses, viennent trouver Mattie, jeune androïde émancipée pour lui demander un remède. Un remède les empêchant de se statufier peu à peu, sort inéluctable qui attend toutes les gargouilles. La seconde intrigue, peut-être la plus importante à mes yeux, est celle de Mattie elle-même. La jeune androïde, bien qu'émancipée, bien que tenant un commerce par elle-même, n'est pas maîtresse de son destin. Son ancien maître et créateur, Loharri, garde pour lui la clé dont l'automate a besoin pour survivre. Si Mattie n'est pas régulièrement remontée elle cesse d'exister, elle se fige et " meurt ".

D'autres enjeux se dessinent pourtant rapidement, en plus de devoir trouver une solution pour récupérer sa clé, et empêcher les gargouilles de se figer pour toujours, Mattie cherche à percer les origines de sa création, les intentions réelles d'une cliente inattendue, à trouver sa place dans la vie, et évidement elle cherche comment empêcher la ville de sombrer... Beaucoup de choses à faire en peu de temps.

L'univers du roman est plutôt bien travaillé, la rivalité entre les alchimistes et les mécaniciens, le racisme montant à l'encontre des ethnies étrangères qui viennent en ville, les personnages de la ville comme le fumeur d'âme. Autant de particularités qui donnent une teinte unique à ce livre. On met cependant à mon goût un peu de temps pour rentrer dans l'intrigue principale, le premier tiers du livre est à la fois superficiel, et à la fois nécessaire au reste du livre. Il ne faut pas se décourager et continuer de lire le livre. J'ai eu pour ma part un peu de mal à entrer vraiment dans le livre, j'ai dû m'accrocher pour le lire. Comme pour démarrer Millenium 1, le style est un peu difficile au début, mais ça vaut le coup.

Nous suivons Mattie, espérons qu'elle trouvera un remède pour les gargouilles, sans se poser de question sur elles. Au fil des pages, nous en apprenons beaucoup sur les personnages et cela change la vision que nous avons d'eux. Le roman prend le parti d'un monde où rien n'est blanc ou noir, les gens suivent leurs propres intérêts, essayent de survivre, ou de gagner de l'influence. Chacun a ses propres motivations. Ce n'est pas un livre tendre, c'est brutal, c'est dur, c'est " réaliste " et il faut le savoir avant de le lire.

On y questionne la place de la femme, de l'étranger, la peur de l'autre, la facilité à manipuler les gens, l'obéissance aveugle, l'exclusion, la discrimination... beaucoup de choses à travers des personnages très intéressants. C'est un roman engagé qui fait réfléchir le lecteur par lui-même plutôt que de lui imposer sa propre vérité. Fan d'univers complexes et de steampunk, n'hésitez pas.

L’alchimie de la pierre de Ekaterina Sedia