Un couple irréprochable - Alafair Burke


Un couple irréprochable - Alafair BurkeUn couple irréprochable, Alafair Burke
Editeur : Presses de la citéNombre de pages : 428Résumé : Angela, trente ans, vit une vie confortable et routinière avec son fils surdoué de treize ans et Alex, son mari, professeur d'économie en pleine ascension professionnelle. Mais leur bonheur de façade explose lorsque Alex est soupçonné d'être un prédateur sexuel, et que l'une des deux jeunes femmes qui l'accusent disparaît. Tandis que la presse de tout le pays se repaît du scandale, Angela est partagée entre la honte, le désir de défendre son mari, et le besoin de préserver un sombre secret.
Un grand merci aux éditions Presses de la cité pour l’envoi de ce volume et à la plateforme Babelio pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« On prend les décisions qu’il faut au moment où il le faut, et ensuite on va de l’avant. C’est une question d’instinct. De survie. »

- Mon avis sur le livre -
Jusqu’à présent, les propositions de thrillers de Babelio avaient toujours été couronnées de succès chez moi, si bien que j’ai désormais tendance à accepter les yeux fermés dès que je reçois un mail de leur part. Preuve en est que j’ai à peine survolé le résumé d’Un couple irréprochable lorsqu’on me l’a proposé dans le cadre d’une opération privilégiée : j’ai vu le logo de l’éditeur, j’ai vu « thriller psychologique » dans la présentation, et j’ai immédiatement cliqué sur « Je veux recevoir ce livre » … Malheureusement, cette fois-ci, ça n’a pas aussi bien marché que les fois précédentes. Il faut dire qu’on se rapproche bien plus du thriller domestique que du thriller psychologique, et ce n’est assurément pas mon sous-genre préféré. Et puis, les thématiques abordées – ce roman surfe allégrement sur la vague du mouvement #metoo et #balancetonporc – ne font définitivement pas parti de ce que je recherche dans les thrillers (je l’avoue, je préfère les meurtres … heureusement, Alafair Burke a pensé à moi au milieu de roman). Bref, autant vous dire que ça ne l’a pas fait chez moi, alors qu’objectivement, c’est un bon thriller … 
En apparence, Angela a absolument tout pour être heureuse : un mari aimant et brillant, dont la notoriété leur assure une situation plus que confortable, un grand garçon de treize ans qui semble avoir décidé de ne pas faire sa crise d’adolescent … Oui, tous les ingrédients du bonheur semblent être réunis. Mais cette quiétude se brise en mille morceaux lorsque Jason est accusé d’agressions sexuelles par deux femmes. Aussitôt, la pression médiatique et judiciaire fait voler en éclat l’équilibre qui régnait dans leur petite famille recomposée. Incapable de croire en la culpabilité de son mari, effrayée à l’idée que son propre passé puisse ressurgir et être exposé par les médias, Angela agit sans réfléchir et défend farouchement Jason. Quitte à mentir. Quitte à le couvrir. Et cela y compris lorsqu’une de deux jeunes femmes disparait …
Autant le dire tout de suite, je suis vraiment perplexe face à ce livre : objectivement parlant, il est plutôt bon, voire très bon … mais rien à faire, ça n’a pas marché avec moi, je suis restée complétement hermétique à ce thriller domestico-psychologique. Déjà à la fin du prologue, j’avais envie de baffer Angela, nunuche à souhait, soi-disant torturée par son traumatisant passé, mais qui a en réalité tout d’une sorte de girouette sans consistante. Je n’ai clairement pas réussi à m’attacher à elle, et tous ses atermoiements concernant la terrible épreuve qu’elle surmontait à cause de la mise en examen de son Saint Mari m’ont plus agacée que touchée. Et comme c’est notre narratrice, autant vous dire que ces quatre-cent pages furent bien longues … Et cela d’autant plus que l’intrigue sonne comme une énième histoire d’adultère qui tourne mal, avec quelques considérations économiques pour « pimenter » un peu l’affaire, et qu’on se demande bien si et quand cette histoire banale à souhait va enfin se transformer en véritable thriller digne de ce nom ! 
Heureusement pour moi, cela arrive. Petit à petit, au fur et à mesure qu’on en apprend plus sur le passé d’Angela, on se dit que quelque chose ne tourne pas rond dans cette histoire, dans cette famille. Tandis que l’enquête piétine lamentablement, à cause de l’action civile surmédiatisée, tandis que les preuves et contre-preuves s’accumulent et que tout le monde semble prendre conscience que l’affaire est plus complexe qu’elle n’en a l’air au premier abord, le lecteur pressent confusément que quelque chose cloche, sans jamais parvenir à mettre le doigt dessus, jusqu’à ce que cela lui soit explicitement révélé. A ce moment-là, il ne peut que dire « oh mais oui », car tous les indices étaient bels et bien présents, mais on était tellement concentré ailleurs que l’on a rien vu. C’est brillant, je dois le reconnaitre, même si ça me semble finalement assez classique comme retournement de situation. On comprend mieux la réticence d’Angela à parler de son passé, sa crainte de voir sa séquestration éclater au grand jour. Tous les éléments de ce puzzle s’emboitent enfin …
Et pourtant, il manque quelque chose. On a l’impression que toute cette histoire n’était qu’un prétexte pour nous dévoiler ce qui s’est réellement passé dans le passé d’Angela, et tout cela fait finalement assez artificiel, du coup. Tout ça pour ça. C’est un peu ce que j’ai pensé suite à la Grande Révélation Finale. Le lecteur sait. Mais c’est tout. L’histoire s’arrête là. Et c’est assez frustrant, car on a l’impression que l’autrice n’a pas osé, ou souhaité, aller au bout de cette histoire. Comme si son seul but était de nous mener par le bout du nez pour nous conduire vers ce retournement de situation aussi inattendu que prévisible, sans rien de plus. Et c’est vraiment dommage, car ce thriller ne m’a du coup rien faire ressentir : ni compassion pour les personnages, ni curiosité pour le dénouement de l’intrigue, ni même surprise lors du dévoilement. Ce fut tellement long, tellement lent, que je n’ai pas réussi à m’y plonger. Quand bien même je reconnais qu’il était captivant et bien mené.
En bref, vous l’aurez bien compris, bien que ce ne soit pas un mauvais roman, ce ne fut clairement pas une lecture passionnante. Il y avait de bonnes idées, mais l’autrice n’a clairement pas su les exploiter : elle voulait une protagoniste au passé compliqué, elle a fait une protagoniste au passé compliqué, en essayant vaguement de tisser une intrigue autour, mais sans grand succès, car l’intérêt pour cette histoire « artificielle » retombe rapidement. La narration est assez classique, elle aussi : cela se lit vite et bien, pas de fioritures inutiles, pas de circonvolutions littéraires, l’autrice va droit au but, pour une fois. Car voilà, c’est finalement ce que je reproche à ce roman : beaucoup de bruit pour au final pas grand-chose. Je suis donc assez attristée, car c’est la première fois que Presses de la Cité me déçoit, eux qui m’avait habituée à bien mieux ! Et je suis d’autant plus embêtée que j’ai le sentiment d’être passé à côté de ce livre, qui, objectivement, semble pourtant plutôt bon …