Grand témoin de la tragédie, Gilles ne sourit plus, ne dort plus avec sa sœur et s’intéresse de manière malsaine à la mort. Celle qui a décidé de vouer son existence à la protection de son petit frère décide qu’elle fera tout pour pouvoir revoir ses dents de lait étinceler entre ses lèvres. Même si elle doit pour cela inventer elle-même une machine à remonter le temps.
La vraie vie est le premier roman d’Adeline Dieudonné. Il s’agit d’un récit initiatique. Il est de ces ouvrages qui emportent, qui se lisent d’une traite, qui marquent, qui est qualifié de « roman coup de poing ». Le style de l’auteur frappe en effet en plein cœur avec des mots impeccables pour décrire des scènes dures ou des rêves qui donnent des ailes. Le réel, le toxique, le glauque, le sinistre, le loufoque, le drôle, le dérangeant, le bienveillant s’entrelacent à la perfection et sont extrêmement bien dosés, tous à leur place au bon moment. Le lecteur a souvent mal au ventre et a presque constamment un poignard dans le cœur. Mais qu’il est captivé par cette histoire de perte d’innocence, d’évolution et de libération qui se déroule sur plusieurs étés ! Au final, le sentiment d’avoir fait un bout de chemin avec la narratrice est vraiment là. Il n’est pas si facile de la quitter. Elle laisse derrière elle une empreinte profonde et à chacun la force d’accéder à sa propre réalité.
Présentation de l’éditeur :
Chez eux, il y a quatre chambres. Celle du frère, la sienne, celle des parents. Et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. Un prédateur en puissance. La mère est transparente, amibe craintive, soumise à ses humeurs. Avec son frère, Gilles, elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre. Ils jouent dans les carcasses des voitures de la casse en attendant la petite musique qui annoncera l’arrivée du marchand de glaces. Mais un jour, un violent accident vient faire bégayer le présent. Et rien ne sera plus jamais comme avant.